Un pan de l’histoire de Sainte-Adèle part en fumée
Par nathalie-deraspe
Mercredi, l’Auberge Sainte-Adèle a complètement été ravagée par les flammes. Malgré un nombre impressionnant de pompiers dépêchés sur les lieux, personne n’a pu sauver un centimètre carré de l’édifice centenaire.
Déjà en 1881, le journal du coin vantait les mérites de la bonne table de l’hôtel et de son écurie. À l’époque de l’hôtel Laliberté, c’était le lieu de rassemblement de tous les travailleurs. «C’était pareil comme la revue Broue», confie le patron du restaurant Le Spago, Louis Desjardins. Son père Serge, mécanicien, se retrouvait là comme tout le monde, à jaser des derniers potins. Il y en avait toujours un qui finissait par s’endormir sur un coin de table, a-t-il confié. « Ça arrêtait prendre un bière et ça rentrait en retard pour le souper», renchérit Louis Desjardins.
Quand la fumée s’est mise à envahir l’étage, il ne restait que deux concierges et un client sur place. Un appel à la caserne a été logé à 2h32 mercredi. Compte tenu de l’âge avancé de la bâtisse, le directeur du service d’incendie, Yves Dupras, a sonné l’alerte générale. Moins de 15 minutes plus tard, 31 pompiers étaient sur les lieux. Dispersés sur les étages, chaque équipe devait tenter de déceler le noyau d’incendie. Le sous-sol était cloisonné et très encombré, ce qui a passablement compliqué le travail des sapeurs. L’équipe située au rez-de-chaussée a brisé les fenêtres pour évacuer un maximum de fumée et fait un trou dans le plancher pour produite un effet de cheminée dans le but de localiser l’incendie. «On est tombé sur une dalle de béton, laisse tomber Yves Dupras. Quand on a voulu recommencer, le plancher s’est effondré. Les pompiers au sous-sol arrivaient sur les flammes, mais il sont dû rebrousser chemin.» Pendant ce temps, d’autres hommes étaient dispersés sur les étages afin de s’assurer qu’il n’y ait pas de chambreurs. L’effondrement d’un mur et du plafond les a convaincu que le feu courait déjà depuis un moment dans les structures. Dès lors, les pompiers savaient que l’édifice était irrécupérable.
«On a placé une équipe sur le toit du Spago pour repousser l’incendie sur le bâtiment et protéger les commerces avoisinants. On a fini le travail avec une pelle mécanique, pour éviter la propagation des flammes», d’expliquer le directeur du service d’incendie.
Un formidable travail d’équipe
Au total, 53 pompiers ont pris part à l’opération. Les services de Saint-Sauveur, Morin-Heights, Ste-Marguerite et Val-Morin ont été appelés en renfort. Des équipes d’Hydro-Québec et de Gaz Métropolitain étaient également sur place pour sécuriser le secteur. Les policiers ont dû ériger des périmètres de sécurité et faire dévier la circulation de la route 117 longtemps après que le feu eut été maîtrisé. Les services de travaux publics ont fait le nécessaire pour fournir un maximum de pression d’eau aux sapeurs.
«C’est un très beau travail d’équipe, souligne Yves Dupras. Tous les éléments étaient combinés pour nous casser la tête. On était en plein centre-ville, il y avait des lignes haute tension, et cinq commerces annexés directement à la bâtisse.»
Louis Desjardins et Tom Fermanian, respectivement du Spago et du Cinéma Pine, ont été avisés de l’ampleur de la situation. Les deux amis ont passé la nuit à surveiller le travail des pompiers. «Heureusement, il a plu une bonne partie de la nuit, confie Tom Fermanian. S’il avait fallu qu’il vente comme hier (jeudi), tout le centre-ville y aurait passé.»
«L’hôtel a une soixantaine de pieds de haut, poursuit Louis Desjardins. Le feu surplombait mon resto, c’était impressionnant à voir.» Autour de 5h15, la devanture s’est effondrée comme un portefeuille qui se replie sur lui-même. «J’ai couru à l’intérieur du cinéma pour mettre du polythène. Je ne voulais pas qu’on soit envahis par la fumée», explique Tom Fermanian.
Joseph Dydzak était propriétaire de l’hôtel depuis près de 25 ans. Celui-ci consulte la ville afin de connaître les besoins actuels de la communauté. Il entend reconstruire un nouvel édifice, mais n’a pas précisé pour le moment de quel type de construction il s’agira. Une enquête est en cours afin de déterminer les causes exactes de l’incendie.