Une conseillère pédagogique de la région multiplie les missions en Haïti
Par nathalie-deraspe
Ayiti nan kè a (Haïti dans le coeur)
Carrefour et ses habitants ont charmé Hélène Sylvain dès sa première incursion dans la Perle des Antilles. En 2004, l’enseignante était loin de se douter que son implication allait nourrir à ce point ses passions. Accès l’a rencontrée à la veille de son 11e voyage.
Nathalie Deraspe
Alors enseignante à l’école alternative La Fourmilière, Hélène
Sylvain s’est rendue une première fois au Collège Eddy Pascal pour accompagner le directeur dans son projet éducatif et donner un coup de main aux professeurs, tout en s’assurant de respecter les vues de l’établissement, précise-t-elle.
À l’époque, Eddy Pascal était déjà au courant de la réforme éducative qui se vivait au Québec, explique Hélène Sylvain. Il voulait lui aussi faire participer ses élèves de manière à ce qu’ils soient au centre du programme d’apprentissage. «On avait le même livre de chevet :Quand revient septembre, de Jacqueline Caron.» Eddy Pascal appréciait également les écrits de l’enseignante Rosée Morrissette. Hélène a proposé de les mettre en contact avec les deux auteures, ce qui lui a permis d’approfondir d’autant sa réflexion.
Des amitiés naissent
L’intelligence et la vivacité d’esprit d’Eddy Pascal ont vite fait de charmer à son tour Rosée Morrissette, qui elle aussi s’implique à fond auprès du Collège Eddy Pascal. Cette dernière était sur place lors du séisme et a saisi les premières images de l’hécatombe, alors qu’une partie du collège s’était retrouvée sous les ruines. Quelque 40 000 sacs réutilisables ont été mis en vente auprès des établissements scolaires de sa région. Près de la moitié auraient été écoulée.
Entre deux séjours là-bas, Hélène Sylvain a publié un recueil de poèmes inspirés de ses nombreuses visites en Haïti. Des écrits qu’elle gardait jalousement pour elle, mais qu’elle a décidé de partager au lendemain du tremblement de terre. Le livre est toujours disponible.
En accord avec le Comité Haïti Laurentides, les activités de levées de fonds se sont poursuivies dans plusieurs écoles des Laurentides. Les résultats obtenus démontrent clairement que les élèves et leurs supporteurs sont aussi fébriles qu’à la première heure, alors qu’il s’agissait de bâtir une école digne de ce nom.
Néanmoins, il faut désormais amasser une somme colossale, puisque les normes de construction exigent que le futur bâtiment puissent résister aux secousses sismiques. Coût total de l’opération : 516 000$. Un peu plus de 200 000$ auraient été récolté jusqu’à présent.
Mais au-delà de l’argent, il y a les gens. Les enfants ont repris l’école et en sont bien heureux, même si ceux-ci sont entassés sous des toits de fortune faits de bâches et qu’ils foulent la terre battue. Néanmoins, Hélène Sylvain a constaté que les jeunes avaient vieilli d’au moins deux ans.
À l’origine, l’enseignante apportait des crayons de couleurs et autre matériel scolaire. Mais voilà. Les enfants ont grandi et leurs rêves avec eux. Tout comme les adolescents qui vivent sous nos frontières, les jeunes Haïtiens aimeraient se balader avec des montres digitales, des calculatrices scientifiques, des appareils photo numériques, des Ipod et, pourquoi pas, des portables. Ce faisant, Hélène Sylvain a décidé de lancer un appel à la générosité des gens d’ici. Tout ceux et celles qui seraient prêts à se défaire de tels équipement et qui, idéalement, seraient enclins à défrayer une partie des frais de transport autrement assumés par elle peuvent lui écrire un mot en ce sens (helsylvain@sympatico.ca).
Malgré sa générosité, Hélène Sylvain refuse de parler de don de soi. «On parle de mon propre besoin. Le besoin de me sentir utile. Ici aussi je suis très impliquée. Mais j’avais besoin de travailler avec des gens d’autres cultures. Et je n’étais pas encore conseillère pédagogique que Eddy me donnait des mandats en ce sens-là. Par la confiance qu’il m’a témoignée, il m’a fait comprendre que j’étais en mesure d’aspirer à ce poste.» Le départ est prévu pour le 22 juin.