Une héronnière de 12 nids menacée par le futur site d’IGA
Par nathalie-deraspe
Le dossier d’Accès sur la coupe à blanc à Val-Morin publié il y a deux semaines a suscité un vif intérêt de la part de nos lecteurs. Une fois de plus, ceux-ci crient à l’indignation. Un projet mûrit dans les cartons depuis plus de deux ans est à sur le point de voir le jour. Les résidents du secteur obtiennent des détails au compte-goutte.
L’intervenante Marie-Ève Prévost est devenue la coqueluche de son quartier. C’est en prenant des informations sur le terrain adjacent à sa résidence que la jeune femme a appris l’existence d’un projet de quelque 20 M$ à être construit à quelques mètres de sa cour arrière. Le site prévoit entre autre la reconstruction au sud du IGA du boulevard des Hauteurs et l’aménagement de plusieurs commerces adjacents, dont un Tim Horton’s. Un stationnement de près de 400 places est prévu au projet. La route transversale devant mener à l’autoroute passera éventuellement quelque part au sud de là. Ce projet de lien routier, étudié depuis deux ans, a fait l’objet d’une présentation de la part du ministère des Transports du Québec le mois dernier.
Mme Prévost a rapidement alerté le voisinage et tenté d’amasser un maximum d’appuis pour s’opposer au futur développement commercial, en vain. «On a été avisés à la dernière minute», s’indigne-t-elle. Plusieurs voisins du projet ont cherché à comprendre l’avis public publié dans les journaux. «La directrice générale de la Ville nous a dit: c’est tellement compliqué que moi-même je m’y perd», relate Carole Dion, une des membres du groupuscule. Les citoyens étaient invités à une rencontre d’information le 23 février, mais ils en ont été informés que le 1er mars, lors de la parution du journal communautaire Le Sentier, ajoute-t-elle.
Le Comité consultatif en urbanisme (CCU) a reçu les plans du projet le soir-même de son dépôt. Un point a été ajouté à cet effet quelques minutes avant le début de l’audience, dans l’item «varia». Aucun des documents à être évalués ne faisait mention de la fragilité du site. «Je n’aurais permis de dézoner ce secteur-là en sachant qu’il y avait une héronnière et que c’était un milieu humide», a déclaré André Marcoux, membre du CCU.
«On ne veut pas que ça fasse comme à Val-Morin, s’inquiète Marie Perrault, voisine du projet. Il n’est pas question de voir les pépines avant que le ministère de l’Environnement vienne sur place.»
Réunion houleuse
En début de semaine, près de 130 résidents ont assisté à la réunion du conseil de Saint-Hippolyte. Malgré les contestations, le projet a été accepté par une majorité de conseillers. Le futur candidat à la mairie Bruno Laroche et son collègue des Travaux publics, Roland Sylvain s’y sont opposés. Ce dernier accompagnait le maire Gilles Rousseau lors d’une visite sur le terrain. La vue du site l’aurait convaincu de voter contre le changement de zonage. «Le ministère de l’Environnement ne laissera pas personne aller jouer là-dedans», a fait valoir le maire de Saint-Hippolyte en
Sobeys et au sérieux du projet. «Je pense que c’est possible de placer le commerce un peu plus au sud sans déranger la héronnière. Et quand on dynamite à 15 pieds, les dommages sont limités. De toute façon, on a un seul endroit pour développer et c’est le boulevard des Hauteurs.»
Anne-Hélène Lavoie, de Sobeys, affirme pour sa part que le projet n’en est qu’à ses premiers balbutiements. Il n’empêche que la semaine dernière, les citoyens du secteur ont eu droit à la présentation d’une maquette offrant les plans de la bâtisse. Un édifice trois fois plus grand que celui actuel.
Un territoire à protéger
La loi visant la protection des oiseaux migrateurs est extrêmement contraignante pour tous les travaux entrepris en terres publiques. Quiconque ne respecte pas une norme ou condition d’intervention dans un habitat faunique prévue au règlement, ou contrevient à une décision rendue à la suite d’une demande d’autorisation d’activités dans un habitat est passible d’une amende pouvant s’élever jusqu’à 40 000$. Les sites où se trouvent au moins cinq nids utilisés par le Grand héron, sont systématiquement protégés. Celui dont il est question en contiendrait pas moins de 12. «En terre publique, les règlements ne sont pas négociables, indique Pierre Bilodeau, du ministère des Ressources naturelles et de la faune. On a réussi à rediriger les feux d’artifice de Lachine pour protéger les oiseaux de l’Île aux hérons. On avait remarqué que les jeunes se jetaient en bas du nid quand les feux éclataient.» Le biologiste précise que dans le cas d’un développement commercial en terres privées, les négociations sont souvent plus ardues. «D’autres facteurs peuvent venir modifier notre décision finale, mais on tente de faire observer les mêmes règles qu’en terre publique.» Le MRNF sera appelé à émettre un avis pour s’assurer de protéger la qualité faunique de l’habitat. À elle seule, l’héronnière est protégée par la loi. Le fait que le site accueille également la grenouille des marais, dont le statut est considéré préoccupant, devrait jouer en défaveur des promoteurs. La question entourant toute forme de dynamitage sera également étudiée.
Considérant que de 80% à 98% des terres humides se trouvant à l’intérieur ou à proximité de bon nombre d’agglomérations urbaines au pays ont été perdues, (Politique fédérale sur la conservation des terres humides, 1991), il semble y avoir péril en la demeure. Lors de la dernière campagne électorale, les Conseils régionaux de Laval et de Montréal exhortaient le Gouvernement du Québec à décréter un moratoire sur toute construction en milieu humide située en zone urbaine et périurbaine. Ce sursis permettrait aux municipalités de réaliser un inventaire exhaustif des milieux humides situés sur leur territoire, en fonction de leur taille, de leur biodiversité et de leur rôle dans l’écosystème aquatique de leur région, laissent-ils valoir.
«Les amendes en cas de destruction de milieux humides devraient se chiffrer à coups de millions, lance ***Guy Garand,**** directeur général du CRE de Laval. Mais la plus grosse amende à Laval a été de deux fois 18 500$ pour un projet de 250 M$. Pourtant, les élus ont tous les pouvoirs juridiques pour agir.»
Samedi dernier, Marie-Ève Prévost s’est vue offrir 300 000$ pour sa résidence.
–
entrevue téléphonique. Il affirme faire confiance à la compagnie Sobeys et au sérieux du projet. «Je pense que c’est possible de placer le commerce un peu plus au sud sans déranger la héronnière. Et quand on dynamite à 15 pieds, les dommages sont limités. De toute façon, on a un seul endroit pour développer et c’est le boulevard des Hauteurs.»
Anne-Hélène Lavoie, de Sobeys, affirme pour sa part que le projet n’en est qu’à ses premiers balbutiements. Il n’empêche que la semaine dernière, les citoyens du secteur ont eu droit à la présentation d’une maquette offrant les plans de la bâtisse. Un édifice trois fois plus grand que celui actuel.
Un territoire à protéger
La loi visant la protection des oiseaux migrateurs est extrêmement contraignante pour tous les travaux entrepris en terres publiques. Quiconque ne respecte pas une norme ou condition d’intervention dans un habitat faunique prévue au règlement, ou contrevient à une décision rendue à la suite d’une demande d’autorisation d’activités dans un habitat est passible d’une amende pouvant s’élever jusqu’à 40 000$. Les sites où se trouvent au moins cinq nids utilisés par le Grand héron, sont systématiquement protégés. Celui dont il est question en contiendrait pas moins de 12. «En terre publique, les règlements ne sont pas négociables, indique Pierre Bilodeau, du ministère des Ressources naturelles et de la faune. On a réussi à rediriger les feux d’artifice de Lachine pour protéger les oiseaux de l’Île aux hérons. On avait remarqué que les jeunes se jetaient en bas du nid quand les feux éclataient.» Le biologiste précise que dans le cas d’un développement commercial en terres privées, les négociations sont souvent plus ardues. «D’autres facteurs peuvent venir modifier notre décision finale, mais on tente de faire observer les mêmes règles qu’en terre publique.» Le MRNF sera appelé à émettre un avis pour s’assurer de protéger la qualité faunique de l’habitat. À elle seule, l’héronnière est protégée par la loi. Le fait que le site accueille également la grenouille des marais, dont le statut est considéré préoccupant, devrait jouer en défaveur des promoteurs. La question entourant toute forme de dynamitage sera également étudiée.
Considérant que de 80% à 98% des terres humides se trouvant à l’intérieur ou à proximité de bon nombre d’agglomérations urbaines au pays ont été perdues, (Politique fédérale sur la conservation des terres humides, 1991), il semble y avoir péril en la demeure. Lors de la dernière campagne électorale, les Conseils régionaux de Laval et de Montréal exhortaient le Gouvernement du Québec à décréter un moratoire sur toute construction en milieu humide située en zone urbaine et périurbaine. Ce sursis permettrait aux municipalités de réaliser un inventaire exhaustif des milieux humides situés sur leur territoire, en fonction de leur taille, de leur biodiversité et de leur rôle dans l’écosystème aquatique de leur région, laissent-ils valoir.
«Les amendes en cas de destruction de milieux humides devraient se chiffrer à coups de millions, lance Guy Garand, directeur général du CRE de Laval. Mais la plus grosse amende à Laval a été de deux fois 18 500$ pour un projet de 250 M$. Pourtant, les élus ont tous les pouvoirs juridiques pour agir.»
Samedi dernier, Marie-Ève Prévost s’est vue offrir 300 000$ pour sa résidence.