Une liste de logements disponibles dans les Laurentides
Le comité Un toit pour tous de la MRC des Pays-d’en-Haut publie chaque semaine une liste de logements disponibles dans les Laurentides. Celle-ci est disponible sur la page Facebook de l’organisme. « Ça fait longtemps qu’elle existe. Je l’ai reprise sous mon aile depuis octobre et je ratisse plus large dans les annonces. Si je vois des logements à Saint-Jérôme ou à Mont-Tremblant avec un prix pas pire, je les mets », explique Louis-Philippe Dupuy, agent d’intervention en logement.
Le taux d’inoccupation des logements locatifs est à son plus bas dans la région. « On vient de passer de 0,4 à 0,3 %, selon l’APEL [Association de promotion et d’éducation en logement]. Ç’a encore baissé », déplore M. Dupuy. Il reste bien quelques logements disponibles, mais ceux-ci sont chers, précise Élise Gauthier, qui est aussi sur le comité Un toit pour tous. « Les gens qui ont un revenu substantiel, ils peuvent toujours se trouver un appartement. Mais ceux qui ont des revenus modestes, pas nécessairement sur l’aide sociale, mais qui ont une famille et qui travaillent à l’épicerie ou au salon de coiffure, ils ne sont pas en mesure se payer ça », dénonce-t-elle.
Peu de disponibles
Dans la liste du 26 février, on comptait 122 logements disponibles. Ceux-ci s’étendaient de Brownsburg à Sainte-Sophie, et de Saint-Jérôme à Mont-Tremblant. « Je plafonne les loyers à 1 600 $ dans mes recherches. Il y en a d’autres », précise M. Dupuy. Les prix des loyers varient beaucoup d’une annonce à l’autre, et même d’une ville à l’autre. Un 4 1/2 peut coûter entre 1 100 $ et 1 525 $ à Sainte-Adèle, entre 1 289 $ et 1 350 $ à Saint-Jérôme, ou entre 1 500 $ et 1 600 $ à Saint-Sauveur. Toutefois, dans cette dernière ville, certains 3 1/2 sont affichés au même prix.
« À Saint-Sauveur, notamment, c’est super cher. Il y a une rareté. Donc évidemment, c’est la loi de l’offre et la demande », souligne M. Dupuy. Il rappelle que les gens sur l’aide sociale sans contrainte à l’emploi ne disposent que de 750 $ par mois. « Il n’y a plus de place dans les HLM [habitations à loyer modique]. Dans les OSBL [organisations sans but lucratif], on me dit que c’est plein. Il reste les PSL [programme de supplément au loyer], mais encore là, il faut convaincre les propriétaires et le logement doit respecter plusieurs critères. Ce n’est pas évident. »
Beaucoup de chambres ou de colocations se trouvent également dans la liste. Mais certains arrangements peuvent être désavantageux pour une personne déjà en situation précaire, avertit Mme Gauthier. « On offre la possibilité de louer une chambre dans une maison. Mais parfois, le propriétaire ne veut pas émettre de reçu, parce qu’il ne veut pas déclarer ce revenu. » Si le locataire est sur l’aide sociale, cela peut le priver d’un supplément pouvant aller jusqu’à 170 $ par mois, puisqu’il lui faut une adresse formelle pour l’obtenir, explique Mme Gauthier.
Et lorsque le loyer accapare une trop grande part de nos revenus, la première chose qu’on coupe, c’est la nourriture, rappelle Mme Gauthier. « Ce n’est pas pour rien que la demande dans les banques alimentaires a beaucoup augmenté dans les dernières années. »
Manoir des Pays-d’en-Haut
Pour M. Dupuy, tout cela démontre l’importance de garder les maisons de chambre existantes dans les Laurentides. À Saint-Jérôme, le 33 rue Duvernay a été démoli par la Ville. À Sainte-Adèle, les 21 résidents du Manoir des Pays-d’en-Haut ont reçu un avis d’éviction du propriétaire. Ils devront quitté les lieux d’ici le 20 mars. « On travaille encore à prolonger ça. On aura plus d’information bientôt », indique M. Dupuy.
« C’est important : c’est un milieu de vie. On parle souvent des problématiques [liées à la santé mentale et au voisinage]. Mais outre ça, il y a de belles complicités, de beaux échanges et des amitiés qui se créent. C’est un milieu d’entraide », rappelle Mme Gauthier. Ces résidents reçoivent aussi des services communautaires et la visite d’intervenants, souligne-t-elle.
« Sinon, on se ramasse avec des gens en situation d’itinérance. Il n’y a aucune possibilité de les reloger. On voit la liste : il suffit de comparer les prix et les revenus que ces gens-là ont. Mais tout le monde a droit à un logement décent », plaide Mme Gauthier.