Une protection inégale
Sécurité incendie dans les résidences pour aînés des Laurentides
Le terrible drame survenu à l’Isle-Verte le 23 janvier dernier n’aura laissé personne indifférent. Outre la sympathie qu’il continue de susciter à la grandeur du Québec, il soulève une foule de questions sur la sécurité incendie dans les résidences pour aînés. Accès s’est penché spécialement sur le cas des Laurentides.
L’enquête des derniers jours aura permis d’identifier plusieurs facteurs aggravants dans l’incendie de l’Isle-Verte: absence de gicleurs dans une partie du bâtiment, nombre d’employés sur place, long temps de réponse des pompiers, équipement du Service de sécurité incendie de la municipalité mal adapté à l’ampleur du brasier…
Services de sécurité incendie
Qu’en est-il de la situation dans nos résidences privées pour aînés? La sécurité incendie y est-elle adéquate? Sans vouloir effrayer la population, Paul Cadieux, cofondateur du groupe Les Résidences du Manoir, détenant cinq résidences pour aînés autonomes et semi-autonomes et deux résidences pour aînés non autonomes, croit que, de manière générale, il y a place à amélioration en matière de normes de protection.
Ses résidences se trouvant dans quatre municipalités des MRC des Pays-d’en-Haut et des Laurentides, l’homme d’affaires est notamment en mesure de comparer leurs Services de sécurité incendie. «C’est très différent de l’un à l’autre, très inégal sur le plan des Services de sécurité incendie», soutient-il en concédant qu’en général, les pompiers sont tout de même de mieux en mieux formés depuis trois-quatre ans.
Kevin Plante, technicien en prévention incendie à Saint-Sauveur, confirme ces propos. Il explique que la taille des municipalités joue un rôle dans ces différences. Ainsi, les petites municipalités n’ont pas les moyens, par exemple, de se procurer un camion à échelle, au coût d’environ 1 M$. Elles ne peuvent non plus se permettre d’engager des pompiers permanents, faisant donc majoritairement appel à des pompiers à temps partiel.
Conséquence? Le temps de réponse aux alertes devient plus long, les pompiers de garde partant de leur domicile pour se rendre au lieu de l’incendie. Selon Michael Saint-Louis, inspecteur en sécurité incendie de Sainte-Adèle, «le temps de réponse est ce qui fait le plus mal au Québec parce que les pompiers y sont majoritairement à temps partiel».
Gicleurs et prévention
Que faire pour pallier à cette situation? Paul Cadieux est catégorique: chaque résidence devrait être équipée en totalité de gicleurs, comme c’est le cas pour toutes les siennes. «Dans une évacuation, on a besoin de temps pour que les pompiers arrivent; c’est ce que donnent les gicleurs, qui contiennent
l’incendie», fait-il valoir. Or, sur les 15
résidences pour aînés autonomes et semi-autonomes de Saint-Sauveur à Sainte-Agathe-des-Monts, seulement sept possèdent des gicleurs.
<p>Un grave problème? Sans diminuer l’apport inestimable des gicleurs, Kevin Plante et Michael Saint-Louis soulignent tous deux qu’ils doivent toutefois faire partie d’un ensemble de mesures. Le premier rappelle que, lors d’un incendie, 90% des décès sont dûs à la fumée. Le second souligne que les gicleurs se déclenchent sous l’effet de la chaleur et que, par conséquent, le feu est bien avancé quand ils entrent en fonction.
Les pompiers insistent en premier lieu sur la prévention. «C’est impossible d’avoir un risque nul d’incendie parce qu’il y a trop de variables, mais on tend vers le plus de prévention possible», affirme Kevin Plante. Le Service de sécurité incendie de Saint-
Sauveur travaille donc en étroite collaboration avec les propriétaires de résidences pour développer des plans de sécurité efficaces, ce que confirme Paul Cadieux.
Mêmes efforts à Sainte-Adèle, où l’objectif de 2014 en prévention sera de tendre vers des systèmes d’alerte incendie plus performants. Michael Saint-Louis souligne toutefois que, dans ce domaine, les propriétaires de résidences ont à assumer leur part de responsabilité. «Les propriétaires ont la responsabilité de s’occuper de la sécurité de leurs occupants. C’est la clé», résume-t-il.