Val-David: boues potentiellement cancérigènes
Par nathalie-deraspe
La sablière Bouchard aménagée avec des métaux lourds!
Les boues transportées depuis plusieurs semaines à la sablière Bouchard de Val-David seraient potentiellement cancérigènes. C’est du moins ce qu’affirme un ingénieur chimiste qui vient d’émettre un avis à ce sujet.
Les séances du conseil de ville de Val-David commencent à singer la période de questions à l’Assemblée nationale. Mardi, le directeur général de la municipalité, André Desjardins, a dû avouer qu’il connaissait le jugement interdisant la sablière Bouchard d’importer de nouveaux matériaux pour réaménager ses sites. Récemment pressée de questions sur le va-et-vient des camions sur la Montée Gagnon, la porte-parole de la ville, Suzanne Gohier, s’était retranchée derrière une décision du ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP) pour expliquer l’inaction de la ville. «La gestion de l’environnement est tellement complexe que je me demande s’il n’y aurait pas lieu de confier ça à un organisme indépendant», a lancé le maire Pierre Lapointe il y a deux semaines. Le 2 avril, la municipalité émettait un communiqué indiquant qu’elle procéderait à une prise d’échantillons du contenu des camions à des fins d’analyse «pour rassurer ses citoyens».
«Moi j’ai 50 acres de terre à aménager, a expliqué le père des Jardins du précambrien à l’assemblée du conseil de mardi dernier. Quand j’achète un voyage de terre, je le paie. Combien M. Bouchard paie-t-il pour chaque voyage?» a questionné René Derouin. La question est demeurée sans réponse.
Site industriel
Selon l’ingénieur chimiste Michel E. Fortin, les boues secondaires peuvent contenir du plomb, du cadmium, du manganèse et autres métaux lourds, des résidus «extrêmement nocifs pour l’environnement, les nappes phréatiques, les eaux de ruissellement». Cela occasionnerait des odeurs en été sur un rayon « de plusieurs kilomètres». De plus, la possibilité de furannes et de dioxines (selon le procédé de blanchiment) suppose que ces boues soient cancérigènes. «Je parie qu’il y en a, mais c’est difficile à admettre…par la compagnie et le gouvernement.» > suite page 14
L’entreprise chargée du réaménagement du site (GSI environnement) appartient à EnGlobe Corp., un holding coté à la Bourse de Toronto et dont le président du conseil d’administration est nul autre que l’ancien premier ministre de la province, Mike Harris.
Croisé sur les lieux, le technicien de GSI n’a pas osé contredire les propos de Michel E. Fortin. Pire. Celui-ci a confessé que dans le cas de sites industriels comme la sablière Bouchard, le gouvernement tolère des taux plus élevés de métaux lourds que s’il s’agissait du réaménagement d’une terre agricole.
Par ailleurs, la municipalité a affirmé que le MDDEP a émis un certificat d’autorisation le 25 mars dernier pour le remplissage de la phase I de la sablière. Les résidents de la Montée Gagnon se demandent pourquoi les camions circulaient déjà vers le site en janvier. «Le 25 mars, je revenais du cinéma à 10 heures le soir, quand j’ai croisé un mastodonte qui revenait de la carrière à pleine vitesse. Ils font du transport clandestin», dénonce René Derouin. Nous attendons toujours des réponses du bureau régional du ministère de l’Environnement, interpellé dans le dossier il y a deux semaines.