Violence
Par Mimi Legault
C’était un vendredi soir pas loin de 16h30. En sortant de ma classe, et en passant devant le gym, j’entends une voix d’adulte qui criait à tue-tête pendant que les enfants de la garderie visionnaient un film. Elle enguirlandait une jeune gardienne qui était au bord des larmes. J’ai cru comprendre qu’elle se plaignait que les enfants regardaient un film de violence. Ce qui n’était pas du tout le cas.
C’était clair qu’elle ne faisait pas partie de la ligue du Sacré-Cœur. C’était à mon avis un mélange de molosse et de piranha. Je me présente à elle pour que madame hyène lâche sa proie. La maman pas contente se retourne vers moi et continue de lancer des invectives. Une menute, madame, que je lui dis! Je lui explique que nous suivons scrupuleusement la liste des vidéos que nous fournit la commission scolaire. Elle n’entend pas ou quoi? Elle poursuit son monologue haineux lorsqu’un jeune garçon se lève et dit à la dame en furie : arrête, maman. Paf! Le coup est parti. Sec et franc. Une claque derrière la tête accompagnée d’un ta gueule aussi franc. Ça, c’est de la violence!
D’ailleurs, chaque parent ou personne en autorité qui frappe un enfant est une personne violente. Maintenant que c’est dit, parlons-nous dans les yeux. En ce moment, sur Netflix, se déroule une série nommée Squid Game (en français Le jeu du calmar). C’est une sorte de tournoi sadique où 456 hommes et femmes endettés par-dessus la tête tentent de s’éliminer entre eux pour remporter un lot de 38 millions de dollars. Oui oui, vous avez bien lu. Pas de violence avec des armes ou des couteaux, mais avec des jeux d’enfants. Quand même… si cette série est fort bien écrite, il reste qu’il y a un fond de violence.
Sauf. Sauf que nos propres enfants qui ont regardé cette série se sont mis eux aussi à jouer au calmar. Voilà le hic. J’ai lu quelques commentaires de certains parents qui se désolaient de réaliser que leur enfant avait visionné cette émission, mais chez un ami. Rien de pire que le fruit défendu pour vouloir croquer dans la pomme. Jeune, il suffisait que l’un de mes parents me refuse une chose pour que je la désire deux fois plus.
Une fois devenue moi-même maman, j’ai compris que le plus important entre son enfant et soi était la com-mu-ni-ca-tion. S’il y a une qualité de vie que l’on a perdue, c’est bien ça. Ne vous désolez pas que votre enfant regarde une série violente, ne criez pas au feu s’il décide de fumer un joint. N’élevez point la voix si sa chambre est en désordre. Assoyez-vous avec lui et échangez. Lorsque fiston à 15-16 ans a décidé un jour qu’il était devenu un homme en buvant de la bière, je l’avais invité à prendre une belle blonde (et même 2, 3 et 4) bien froide avec son meilleur ami. J’avais même fourni les chips et les pinottes! Cela a duré deux vendredis soir. Tous les deux avaient été malades. Mais malades. Chers petits hommes… Après était venue une bonne discussion positive.
Ce n’est qu’un exemple et plusieurs seront en désaccord avec ma façon de faire, mais il reste que cela avait fonctionné. Alors même chose pour le calmar. Parlez-en ensemble, demandez-lui ce qu’il a aimé ou pas. Lorsqu’un ado s’aperçoit de la con-fiance qu’on lui fait, de tigre il risque de devenir un p’tit minou qui ronronne. Parents, lâchez vos écrans pour un moment. Au souper, chacun devrait fermer son cell. Et pour le ménage de sa chambre… achetez-vous un GPS… Plus sérieusement, donnez-vous des règles mutuelles. Tu fais ton lit, tu jettes ton linge sale dans le panier prévu à cet effet, le reste ne me regarde pas. Ce coin-là t’appartient.
Ce ne sont que des conseils gratuits. Pour terminer, une histoire : un jeune garçon va voir un Sage et lui dit qu’il ressentait beaucoup de colère en lui. Le Sage lui répond : il y a deux loups en toi. Un est bon, doux, pacifique. L’autre est mauvais et violent. Les deux passent leur temps à se bagarrer. Mais Monsieur, lequel doit gagner? Et le vieil homme de répondre : celui que tu nourris…