(Photo : Nordy - Sébastien Fleurant)
Le pavillon Montfort pourrait être rénové en centre communautaire, ou démoli, évalue la Municipalité de Wentworth-Nord.

Wentworth-Nord : Le pavillon Montfort démoli ?

Par Simon Cordeau (initiative de journalisme local)

La Municipalité de Wentworth-Nord négocie avec la MRC des Pays-d’en-Haut pour acheter le pavillon Montfort. « Ce n’est pas conclu encore. Il y a plusieurs aspects à regarder. On est en train de faire le tour de la question. La MRC collabore bien », rapporte la mairesse de Wentworth-Nord, Danielle Desjardins. « Wentworth-Nord met toujours quelques nouvelles conditions. Présentement ils veulent s’assurer, si on vendait, que la MRC ne s’oppose pas à la démolition partielle ou totale du bâtiment », explique le préfet de la MRC, André Genest.

« Ce bâtiment-là est vraiment vétuste. La MRC ne s’en est jamais occupé depuis qu’elle est propriétaire. Ce n’est pas une fierté », critique Mme Desjardins. C’est pourquoi la Municipalité évalue différentes options pour le pavillon Montfort. « Soit on le rénove tel quel, soit on le rénove et on l’agrandit, soit on reconstruit quelque chose au complet », détaille la mairesse. Rappelons que, à la fin des années 1990, la MRC avait acquis le pavillon pour la somme symbolique de 1 $, de la fabrique de la paroisse Notre-Dame-des-Monts.

État du bâtiment

« Ça serait assez particulier que la MRC s’oppose à la démolition, alors qu’elle ne l’a pas entretenu et qu’il est devenu désuet », croit la mairesse. Le revêtement extérieur est « complètement arraché », il y aurait des infiltrations d’eau, l’eau n’y est pas potable, les blocs de béton sur lesquels il est construit s’effritent, les fenêtres sont à changer, etc., énumère-t-elle. « Je pense que la seule chose qui reste de bonne, c’est le toit. »

M. Genest croit cependant que le bâtiment a toujours du potentiel. « On vient de faire la vérification avec la Mutuelle des municipalités du Québec (MMQ). Idéalement, il faudrait refaire le revêtement extérieur, qui contient de l’amiante. Mais en autant que tu ne le coupes pas, c’est correct. Il y a aussi le système de chauffage à refaire. Mais autrement, le bâtiment est quand même fonctionnel », croit-il.

Cela dit, le préfet insiste qu’il n’a pas à s’immiscer dans les affaires de Wentworth-Nord. « Si la Municipalité veut faire un nouveau bâtiment et qu’ils ont les moyens, tant mieux pour eux. »

« On va regarder les options et prendre la meilleure décision, indique la mairesse. Il faut qu’on mandate une personne pour évaluer la faisabilité. La démolition est une option. » Les divers problèmes du bâtiment rendent sa gestion difficile et coûteuse. « Je ne veux pas mettre mes citoyens dans l’embarras, ni les endetter avec un éléphant blanc », souligne Mme Desjardins.

En parallèle, Wentworth-Nord étudie donc d’autres options. « On a un plan B pour acheter autre chose, et un plan C pour construire ailleurs. Mais le site du pavillon Montfort est très intéressant. »

Un centre communautaire

L’intention est d’avoir un centre communautaire multifonctionnel, au pavillon Montfort ou ailleurs. « Il faut un lieu pour accueillir les gens en cas de sinistre. Un endroit pour se réchauffer l’hiver, se rafraîchir l’été et prendre des douches », explique la mairesse. Elle souhaiterait aussi en faire un véritable point de rassemblement pour la communauté. « On peut en faire un lieu prestigieux, de fierté, pour accueillir les autres citoyens de la MRC. Il y a quelque chose de beau à faire. »

D’ailleurs, la Municipalité et la MRC semblent n’être toujours pas parvenus à s’entendre sur la gestion du pavillon Montfort cet été. « Actuellement, ce n’est pas vraiment ouvert. Les gens ne peuvent pas organiser d’activités. […] Les gens demandent d’y accéder, pour tenir des rencontres d’association de lac par exemple, comme ça se faisait avant. Et la MRC leur dit non », dénonce la mairesse.

Toutefois, le préfet a une version différente de la situation. « Je vois qu’ils font le lavage des bateaux en libre-service. Il y a un constable qui surveille. Nous, on maintient les services pour le sanitaire et il y a quelqu’un qui fait le ménage. Les prises de pression continuent à se faire. Et en haut, dans le jubé, il y a encore l’exposition d’art. Il y a juste la grande salle : on ne gère pas cet espace-là. »

Fin des messes

Après 12 ans à Sainte-Adèle, le curé André Daoust quittera bientôt son poste.

Le pavillon Montfort est aussi l’ancienne église du village. Il s’y donne encore des messes, mais plus pour longtemps. « On va cesser les célébrations à la fin juillet », indique le curé de Sainte-Adèle, André Daoust.

La diminution du nombre de fidèles et le manque de relève chez les prêtres ont motivé cette décision. « Je suis curé de huit lieux de culte. Le dimanche, je peux en faire seulement deux. J’ai la chance d’avoir l’aide de deux prêtres retraités, qui président chacun deux messes. […] On fait six lieux de culte sur huit. » Mais se rendre dans les communautés éloignées comme Montfort signifie beaucoup de transport, admet le curé.

« Je quitte la paroisse bientôt », laisse tomber celui qui est curé de Sainte-Adèle depuis 12 ans. À 76 ans, il se dit « fatigué ». « Je vais diminuer à trois ou quatre jours par semaine et devenir vicaire dans une paroisse. » Son travail est difficile « par les temps qui courent », confie-t-il. « On n’a plus les moyens financiers. On a vendu quatre églises depuis que je suis curé ici : celles au Lac-des-Seize-Îles, à Morin-Heights, à Val-Morin et Saint-Joseph-de-Mont-Rolland », raconte-t-il.

Les bancs vendus, le retable déplacé

La fabrique a d’ailleurs commencé à vendre les bancs. « C’est 150 $ le banc, pour ceux qui les veulent. La priorité est donnée aux paroissiens. Il en reste encore une dizaine à vendre », indique le curé Daoust. Il précise toutefois que les bancs resteront à la chapelle jusqu’à la fin des messes.

Le retable (partie arrière de l’autel) sera déplacé à Saint-Sauveur. « Dans le droit canonique, il est supposé aller dans un autre lieu de culte. […] Les gens de Morin-Heights ou de Montfort vont aller à Saint-Sauveur et vont retrouver le retable », assure le curé. Par ailleurs, Montfort et Laurel tomberont sous la responsabilité de Saint-Sauveur, comme paroisse, à partir du 1er août, avec une fusion prévue en 2024.

Le préfet Genest qualifie la situation de « malheureuse ». « J’ai toujours voulu conserver les bancs et l’autel. Ce sont les seuls vestiges de l’orphelinat de Montfort. Mais on est en train de vider tout ce qui reste de son histoire », regrette-t-il. La mairesse Desjardins est également déçue. « Je pense que ça fait partie du patrimoine. Mais le pavillon ne nous appartient pas. On ne peut les empêcher. »

2 commentaires

  1. Démolir le Pavillon est selon moi de la pure folie et tient plus du manque de respect envers l’histoire et le patrimoine que de problèmes réels.

    On ne démolit pas parce que le revêtement extérieur est dangereux si on le coupe, alors qu’il est si facile d’y remédier en le gardant tout simplement mouillé pendant l’opération, d’autant plus qu’il n’a pratiquement besoin que d’une bonne couche de peinture. Et si on regarde les coûts de chauffage élevés, l’espace intérieur est presque entièrement dégagé et les cloisons intérieures existantes sont pour la plupart faciles à enlever et il serait facile de le réisoler de l’intérieur. Quant aux fenêtres, oui elles sont vieilles mais elle ne sont pas une tare, mais plutôt un atout précieux et donnent à la galerie d’art tout son attrait. Quant aux fenêtres de côté rien ne nous empêche de les agrandir. Pour l’eau potable et le chauffage, ces installations se remplacent et il faudrait de toutes façon en installer des neuves, où est le problème? Quant à la structure, bien qu’elle soit faite de blocs sur une dalle de béton et que c’est moins bien vu ce nos jours, elle est parfaitement stable et ne présente aucun défaut significatif. Pourquoi la démolir?

    Non, on ne démolit pas un bâtiment patrimonial pour des raisons aussi frivoles. Je suis d’accord avec Monsieur Genest, qui, avec ces décennies de service comme conseiller de Wentworth-Nord puis de maire, est selon moi bien mieux placé à se prononcer que notre mairesse actuelle, sauf le respect que je lui dois, qui, en avançant cette opinion, montre selon moi un manque de sagesse flagrant, surtout dans un contexte où l’on protège des bâtiments beaucoup moins bien construits et en plus mauvais état sous prétexte qu’ils datent d’avant 1940.

    Un peu de bon sens, que diable!

  2. Bonjour

    Je suis résidente permanente de Wentworth-Nord.

    Il me semble que ce serait l’occasion idéal d’intégrer à cet endroit un commerce de proximité en plus d’un centre communautaire.

    Nous sommes de plus en plus de résidents permanents et nous devons nous rendre à Morin-Heights! De plus, il a plusieurs personnes âgées à qui des services de proximité profiteraient.

    En cas de sinistre, si le pavillon accueille des sinistrés, avoir des denrées prend tout son sens.

    Les gens qui partent de cet endroit pour courir, aller à vélo ou faire du ski pourraient aussi s’y approvisionner

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