Y a-t-il eu malversations?
Par benerice-jette
La Farandole à Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson
En 2010, Louise Gagnon, fondatrice et directrice générale de la Farandole, ainsi que Lise Tremblay, présidente, se sont versées 5000$ chacune, sommes puisées à même les fonds restants de l’organisme. En 2012, elles récidivent avec des versements de 6000$ et 7000$ cette fois. Une pratique questionnée par l’ancien trésorier, ce qui lui vaudra des représailles. -Par Bénérice Jetté
La Farandole des arts visuels, organisée depuis 2004, a pour but la promotion des arts. L’organisme sans but lucratif (OSBL) reçoit entre
80 000$ et 100 000$ en subventions par édition, une équipe de bénévoles et un conseil administratif (C.A.) y sont impliqués.
Clément Marcotte, aujourd’hui comptable à la retraite, est un bénévole assidu à la Farandole. En octobre 2011, il accepte de devenir trésorier-comptable pour l’organisme, car Sophie
Lacasse ne peut plus le faire, s’estimant en conflit d’intérêt, suite à son élection comme conseillère à la Ville. La secrétaire de la Farandole, Huguette Bourgeois Babineau ayant des problèmes de santé, M. Marcotte accepte de prendre sa place.
Des faits troublants
En 2010, Louise Gagnon et Lise Tremblay, se sont donc versées 5000$ chacune, puisant dans les fonds restants de la Farandole. M. Marcotte apprend, dans le transfert des données, qu’une entente a été signée pour le versement de ces sommes en 2010, et aussi pour d’autres en 2012. Intrigué, il demande à voir le procès verbal de 2010 certifiant par écrit l’entente permettant ces versements. «Il n’y a pas eu de procès verbal me répond Mme Tremblay. Cette rencontre était informelle chez Sophie Lacasse. Fais-en un procès verbal pour cette rencontre toi, m’a-t-elle lancé, raconte M. Marcotte. Mais j’ai refusé de les couvrir», ajoute-t-il.
Suite à cela, la présidente envoie un courriel à M. Marcotte expliquant qu’après la dissolution de l’équipe après chaque Farandole, elle et Mme Gagnon s’arrangent ensemble, prétextant que la Farandole est une entreprise privée et qu’elles n’ont pas de compte à rendre. «C’est faux, s’indigne Clément Marcotte. La Farandole est un OSBL – une corporation avec charte – servant à promouvoir les arts et organisée par des bénévoles. De plus chaque organisme recevant une subvention de la Ville doit y déposer un bilan annuel.» Il se souvient que Mme Tremblay reconnaissait avoir puisé avec sa collègue dans les fonds restants de l’OSBL, répartissant 50% en frais de représentation et 50% en frais de déplacement, pour fins d’impôts.
Or, M. Marcotte découvre dans les dossiers de dépenses que ces frais avaient déjà été pris, avant le versement desdites sommes.
«Je me suis dit qu’on ne gère pas les fonds publics de cette façon. Que cette prise d’argent aurait été légitime si la décision avait été prise en bonne et due forme, en présence des cinq membres du C.A.(Louise Gagnon, Lise Tremblay, Jim Shram, Karine Laramée et Sophie Lacasse), avec justifications vérifiables et procès verbal, permettant le suivi et l’archivage de la démarche», déclare M. Marcotte.
Conflits d’intérêt
Clément Marcotte rappelle que Sophie Lacasse disait se sentir en conflit d’intérêt. Étant conseillère, elle ne pouvait plus siéger sur le CA de la Farandole, un OSBL subventionné en partie par la Ville. «Comment a-t-elle pu entériner ladite décision?, se questionne-t-il. De plus, mesdames Gagnon et Tremblay étaient également en conflit d’intérêt. Souhaitant obtenir des sommes, elles auraient dû laisser les autres membres du C.A. décider.» M. Marcotte précise qu’en corporation, les décisions du C.A. doivent être prises en quorum (minimum de trois membres), ce qui était alors impossible, puisqu’en soustrayant mesdames Lacasse, Gagnon et Tremblay de l’équation, il ne restait que deux membres, annulant tout quorum.
Malversations?
La situation se reproduit en 2012. Louise
Gagnon et Lise Tremblay se signent l’une pour l’autre, des chèques, respectivement de 7000$ et 6000$, sommes prises à même les sommes restantes de la Farandole 2012. Les copies des chèques au dossier révèlent la procédure à Clément Marcotte. «J’ai été sidéré devant la preuve de ce manque flagrant d’éthique», s’indigne-t-il.
En octobre 2012, lors d’une rencontre fortuite à l’hôtel de ville, M. Marcotte croise la mairesse Linda Fortier dans le couloir, et lui parle de la remise du dossier comptable de la Farandole. Il lui fait part de la situation nébuleuse. «Qu’allez-vous faire avec ça?», lui demande la mairesse, à quoi M. Marcotte lui rétorque:«Non, vous, qu’allez-vous faire avec ça?». Question à laquelle il n’a jamais eu de réponse.
Quelle a été l’implication de la Ville dans ce dossier? A-t-elle étouffé ces malversations? La Farandole ayant reçu 10 000$ en subvention par la Ville, l’organisme lui a-t-elle déposé son bilan financier en 2012? Des tentatives d’obtenir des réponses à ces questions auprès de la directrice générale et greffière de la municipalité, Francine Labelle, sont demeurées infructueuses.
Des réponses peu convaincantes
«C’est personnel. On a fait ce qu’on avait à faire, et je n’ai pas de commentaire à ajouter», a simplement répondu Lise Tremblay.
Mme Gagnon a, pour sa part, voulu démentir l’histoire: «Ce n’est qu’une grossière rumeur. Parfois d’une simple virgule, les gens font une grosse affaire. Toutes nos décisions ont été passées au C.A. et les dépenses ont été acceptées en bonne et due forme par les membres. La Farandole est un organisme privé dont le gros de l’argent vient des commanditaires. Quand on termine une Farandole, on ferme tout. Mis à part le noyau central, pour chaque édition se forme une nouvelle équipe.»
Sophie Lacasse, conseillère municipale, ainsi que la mairesse Linda Fortier, n’ont pas retourné nos appels.
Finalement suite à ces événements, en fin octobre 2012, Clément Marcotte a dû démissionner de son poste de trésorier-comptable de la Farandole, à trois jours de la remise du dossier pour fins d’impôts. «Indigné devant cette situation et forcé de donner ma démission, je me suis retiré mais je tenais à dénoncer cette procédure des plus inacceptables», a-t-il conclu.