25 ans d’Accès : 5 sujets (toujours) chauds
Il y a des sujets qui restent chauds même après 25 ans à les couvrir. En voici cinq qui sont encore d’actualité aujourd’hui.
La Rolland à Sainte-Adèle
Fermée depuis 1990, l’usine de papier Rolland à Sainte-Adèle est toujours abandonnée 33 ans plus tard. Pendant que des entrepreneurs tentent de leur trouver une nouvelle vocation, ses bâtiments patrimoniaux continuent de se dégrader.
Pourtant, ce ne sont pas les projets qui manquent ! Déjà le 4 septembre 1998, on rapporte que la corporation industrielle Mont-Rolland souhaite acheter le terrain et y accueillir des entreprises manufacturières. « Ultimement, il est question de construire de nouveaux bâtiments lorsque les actuels seront largement occupés », espère-t-on.
Le 10 mars 2000, on annonce en grande pompe que « Sainte-Adèle se branche de façon magistrale sur l’inforoute », alors qu’on souhaite attirer à la Rolland des entreprises technologiques et en faire une « Vallée québécoise du multimédia ». On souhaite même « faire de Sainte-Adèle la capitale du télétravail ». « Nous avons toutes les infrastructures, les services, les attractions touristiques, les loisirs, le paysage, la qualité de vie pour attirer les jeunes loups du télétravail », indique Pierre Grignon, alors maire de Sainte-Adèle.
« Pour ceux et celles qui doutent encore du succès du Parc d’affaires de la Rolland et de son impact sur l’économie adéloise ou régionale, sachez que vous passez complètement à côté des réalités de ce nouveau siècle », avertit même Stéphane Desjardins dans son éditorial.
Lorsque je me suis moi-même intéressé à la Rolland, pour une série d’articles en 2021, le Groupe Maalouf projetait d’y faire un projet récréotouristique sur 84 hectares. Puis en février 2022, la Rolland changeait à nouveau de propriétaires, rapportait mon collègue Luc Robert. Les hommes d’affaires Danny Dreige et Guy Degrâce disent y poursuivent les rénovations, et envisagent d’y installer un musée et d’y construire des chalets. Mais peu de détails sont connus depuis.
La Rolland finira-t-elle par renaître de ses cendres ?
Sauver notre patrimoine bâti
En épluchant nos archives, je constate avec tristesse que la sauvegarde de notre patrimoine bâti a toujours été difficile. Et lorsqu’un de ces lieux auxquels tient la communauté est menacé, il finit plus souvent démoli que revitalisé.
En 2004, Accès couvre avec attention la possible perte de la ferme Molson, à Saint-Sauveur. Puis dans sa chronique 27 août, Frédérique David écrit : « Malgré toutes les tentatives les plus désespérées, malgré la mobilisation de plusieurs, malgré les arguments de taille d’organismes comme la Société d’Histoire des Pays-d’en-haut et le Conseil de la Culture des Laurentides, la ferme Molson sera livrée aux pics des démolisseurs. »
Depuis, nous continuons de perdre ponctuellement des joyaux de notre patrimoine bâti. Il serait trop long d’en faire la liste ici. Un seul exemple : à Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, le Domaine-de-l’Estérel a été démoli « accidentellement » en mai 2022, malgré les efforts répétés de la communauté pour le conserver. Frédérique David, dans sa chronique Notre patrimoine en poussière, écrit encore : « Qu’importe le style architectural, qu’importe l’histoire de ces pierres, force est de constater que le Québec est champion quand vient le temps de raser des vestiges du passé pour bâtir des édifices sans âme avec des murs en gypse et des revêtements en Canexel. »
La croix de Sainte-Adèle
La saga judiciaire autour de la croix, qui oppose la Ville de Sainte-Adèle et le propriétaire Marc Lupien, est presque légendaire. Dès 2004, la Société de protection foncière de Sainte-Adèle interpelle le gouvernement du Québec, rapporte Accès dans son édition 20 août. Pour empêcher M. Lupien de construire sa résidence en haut du sommet Bleu et protéger la croix qui s’y trouve, elle veut que le terrain soit reconnu comme site du patrimoine. Mais ses efforts sont en vain.
Deux ans plus tard, le dossier est déjà embourbé dans de multiples procédures et contre-procédures juridiques, rapporte Éric-Olivier Dallard dans l’édition du 8 décembre 2006. « La municipalité de Sainte-Adèle s’enlise dans une saga juridique avec l’un de ses résidents, Marc Lupien, propriétaire du terrain sur lequel s’élève la croix qui domine Sainte-Adèle », écrit-il. « C’est un cirque ! », commente Jean-Paul Cardinal, alors maire de Sainte-Adèle. « La situation est totalement burlesque », s’entend M. Lupien.
Depuis, certains points de discorde entre la Ville et M. Lupien ont été réglés en cour. Mais il reste toujours une poursuite de 13 M$ du Groupe Lupien contre 21 membres passés de l’administration et du conseil municipaux de Sainte-Adèle. En juillet 2023, aucune résolution finale du conflit ne semblait encore en vue.
Le Centre sportif des Pays-d’en-Haut
Le 10 septembre 2004, Accès rapporte que « quatre villes disent non à l’aréna ». Sainte-Anne-des-Lacs, Sainte-Marguerite-Estérel, Wentworth-Nord et Lac-des-Seize-Îles refusent de participer à un projet d’aréna régional. « Étant donné la distance à parcourir et la proximité de l’aréna de Lachute, le conseil ne voyait pas la pertinence de cotiser à ce projet », explique André Genest, alors maire de Wentworth-Nord.
Cependant, on est tout de même optimiste face au projet. « La construction de l’aréna, qui devait ouvrir d’ici la fin du mois, pourrait débuter avant la fin de l’automne », prédit l’article.
Il faudra toutefois attendre août 2022 avant que le Centre sportif des Pays-d’en-Haut voit enfin le jour. « J’ai failli pleurer. C’était très émouvant, après tant d’années à avoir travaillé sur ce dossier. En même temps, c’est beaucoup de fierté », confie André Genest, maintenant préfet de la MRC des Pays-d’en-Haut. Le projet était attendu depuis les années 1970, ajoute-t-il.
Le Centre des arts de Saint-Sauveur
Dans l’édition du 30 mars 2007, dans une brève, « la SADC des Laurentides annonce sa participation financière à l’étude que réalise le Festival des Arts de Saint-Sauveur concernant la construction d’un centre des arts à Saint-Sauveur ». On parle d’un investissement de 40 000 $ pour déterminer la faisabilité d’un tel centre dans les Pays-d’en-Haut.
« Un centre des arts répondrait aux besoins du Festival et lui permettrait d’allonger sa période d’activité, en plus de pouvoir être utilisé à l’année par la collectivité afin de développer son volet culturel », poursuit l’article. « Un dossier à suivre… »
En effet, 16 ans plus tard, ce projet de Centre des arts est toujours sur les planches à dessin, et certains élus et citoyens doutent encore de sa pertinence. Verra-t-on un jour cette salle de spectacle prendre forme ?