Accès : Osé depuis ses débuts
En fouillant dans les archives du journal, on voit bien qu’Accès ose depuis ses tout débuts. Indépendant dès sa création, il ose dans la forme et le style, offrant des commentaires mordants sur l’actualité et des chroniques écrites dans une langue familière et imagée. Il ose dans les sujets, réalisant des entrevues de fond avec des artistes québécois et couvrant l’actualité locale et ses enjeux de front. Mais en faisant des recherches, on réalise qu’Accès n’est pas seulement un journal qui ose. Souvent aussi, c’est un journal osé.
Sans tabou
Dans sa chronique, en 1998, la GaillardE nous offre des Réflexions sur dix condoms. C’est un guide critique des marques et formats disponibles, écrit avec humour et irrévérence. « Bon, on le saura : faut porter le condom pour s’amuser sans s’inquiéter ! OK on a compris. Mais […] saviez-vous qu’on peut magasiner son artillerie de combat comme on magazine une tondeuse ? »
Dans une autre chronique, elle répond Au lecteur qui me croyait un homme avec un certain sarcasme et en déconstruisant les stéréotypes de genre. « Si boire au goulot, sacrer comme un charretier, aimer la musique « hard » et puis « trasher », c’est être un mec, ben, des fois, j’en suis un, ouais. […] Les femmes, selon moi, ne sont pas androgynes ou définies par un autre de ces concepts à la con : nous possédons un immense pouvoir… d’adaptation ! »
Accès a même déjà eu une chronique astrologique ! Celle de Marylène, Quand les astres s’en mêlent, avait un vocabulaire très imagé, disons, avec des allusions qui n’ont pas très bien vieillies. Dans …Et que la Vierge se défoule, on lit : « Elle pourrait se mettre en colère… Et si son fragile système nerveux craque, surgira soudain son petit côté hypocondriaque ! Alors vous pourrez la rassurer… tout en lui faisant votre cour. […] Soyez extrêmement patient. Le style Bélier risque de la rebuter ! […] Et, qui sait, elle n’attend peut-être pour évoluer, que de se faire… tendrement dépuceler ! »
Trouver l’amour
Pendant plusieurs années, Accès a même eu un Concours des célibataires. Les candidats envoyaient une photo et répondaient à un court questionnaire qui, honnêtement, n’en révèle pas tellement plus sur leur personnalité qu’un profil Tinder. Les lecteurs devaient ensuite former des couples et couraient ainsi la chance de remporter un prix.
Aussi, il y a eu la chronique Sex & The City, écrite par Bridget Nord en « quête laurentienne de l’homme parfait ». Celle intitulée Chienne de vie ne se gêne pas pour faire tous les jeux de mots auxquels vous vous attendez. « J’ai longtemps fait ménage à trois ! Miam ! […] En couple depuis trop longtemps avec ma Rottweiler, Crapule de son adorable nom, je constate que l’absence de testostérone devient prenante dans la maison… […] J’ai pensé passer une petite annonce… « Deux très jolies filles, l’une moins chienne que l’autre, cherchent mâle au tempérament semi-dominant pour divertissement, marche en plein air et chaleur nocturne. » »
Le sexe vend
Osé, vous dites ? Pas autant que les publicités, en tout cas ! À l’époque, il y en avait de bars de danseuses nues et autres cabarets érotiques. Dans nos recherches, nous avons découvert celle du Bar Sexy l’Oasis et son concours Miss Molson Export, ou encore celle du Cabaret Séduction, qui met en vedette « La reine du porno au Québec : Strawberry Delight ».
Mais pas besoin d’avoir un commerce aussi explicite pour oser, quitte à choquer les lecteurs. La publicité la plus révélatrice est probablement celle de Swatch, où une jeune femme nue n’a, pour protéger sa pudeur, que des montres stratégiquement placées.
Vous trouvez ça de mauvais goût ? C’est pire : pour sa campagne publicitaire avec Swatch, notre éditrice-propriétaire Josée Pilotte a même remporté le premier prix au Gala des Grands Prix des hebdos du Québec. « Cette campagne […] s’est démarquée par l’audace de ses concepts et sa qualité graphique. “Je considère M. Baron comme un client exigeant qui souhaite toujours dépasser toutes limites […]”, a déclaré Mme Pilotte. »
Autres temps, autres moeurs ?