Architecture écologique : Pour une maison saine et respectueuse
Par Aurélie Moulun
Julia Lianis est architecte et propriétaire de l’entreprise Biophile qui se spécialise dans l’architecture écologique. Depuis quelques années, elle travaille dans les Laurentides à créer des lieux d’habitation sains et écologiques, en harmonie avec les valeurs de sa clientèle.
Comment l’architecture peut-elle être écologique ?
De façon générale, Mme Lianis croit qu’une habitation est écologique lorsqu’elle est construite dans le respect de son environnement. « Il y a plusieurs définitions de la notion d’écologie, donc ça dépend du point de vue. D’après moi, on peut être écologique au niveau de la dimension de la maison. On peut aussi être écologique dans le choix des matériaux que l’on utilise pour la construction. Il y a tellement de paramètres à considérer », ajoute-t-elle.
« Je dirais que dès que l’on fait les choses différemment, on obtient une maison plus écologique. Mais, je pense que ce qu’il faut retenir, c’est qu’il faut écouter ses valeurs lors de la construction. » Ainsi, elle explique que la clé d’une architecture écologique réside surtout dans le temps passé à réfléchir sa maison.
Considérer le terrain et la lumière
D’après Mme Lianis, il y a notamment deux éléments clés à prendre en compte pour réfléchir sa maison de manière écologique. D’abord, l’architecte recommande de trouver le terrain avant de commencer à dessiner l’habitation. « C’est le terrain qui dicte tout », dit-elle.
« Il faut considérer la topographie du terrain. L’idéal serait donc de trouver un terrain où il serait facile d’y déposer la maison. La maison doit épouser la topographie ce qui génère moins de contraintes. Par exemple, une parcelle déjà urbanisée peut être une bonne solution », soutient Mme Lianis.
Elle considère également qu’il faut respecter, le plus possible, la morphologie du terrain. « Par exemple, s’il y a une pente sur le terrain, on peut l’utiliser pour créer un design de demi-étage à la maison », propose-t-elle. « J’essaie toujours de respecter les courbes du terrain. » Elle croit donc nécessaire d’adapter l’architecture à la topographie du terrain et non modifier le terrain pour qu’il soit adapté à la maison que l’on a en tête.
Autrement, Julia Lianis indique que de prendre en compte l’orientation solaire fait partie du processus de réflexion de l’architecture écologique. Dans ses projets, elle s’assure d’ailleurs de mettre de grandes fenêtres du côté sud de la maison. Cela permet de laisser les rayons du soleil pénétrer la maison l’hiver et donc de générer de la chaleur. C’est ce qu’on appelle le design solaire passif.
Le design solaire passif
Ce concept se trouve au cœur de la pratique de Julia Lianis. « Le design solaire passif permet de tirer profit de la trajectoire du soleil selon les saisons en planifiant judicieusement l’orientation de la maison », indique-t-elle sur son site web.
« L’hiver, le soleil est plus bas dans le ciel, tandis que l’été, il est plus haut. Les rayons du soleil entrent donc plus directement dans la maison en hiver, réduisant ainsi les besoins de chauffage. »
L’architecte propose d’ailleurs d’utiliser les arbres comme blocage aux rayons du soleil l’été. L’hiver, les arbres étant dégarnis, cela permet de laisser entrer un maximum de rayons.
Source : biophile.ca
« Amener la végétation l’intérieur »
Conserver un lien avec la nature fait partie des façons qu’a Julia Lianis de rendre une demeure plus écologique. Depuis deux ans, l’architecte a d’ailleurs approfondi ce concept pour l’inclure davantage dans sa pratique.
« Le but c’est d’amener la végétation à l’intérieur, donc de garder ce contact avec la nature tout au long de l’année. Ça fait partie de nos valeurs dans les Laurentides, la proximité avec la nature », explique-t-elle.
Elle procède notamment à « l’intégration de serre adjacente à la maison ou à l’aménagement de bacs de plantation du côté sud de la maison où on peut faire pousser, par exemple, des fines herbes », souligne-t-elle.
« Depuis la pandémie, on parle beaucoup plus d’autonomie alimentaire. Le but peut aussi être d’aménager la maison pour permettre la production de nourriture afin de développer une indépendance alimentaire et énergétique », ajoute l’architecte.
La conservation du lien avec la nature peut aussi se traduire par la présence de matériaux tel que le bois, l’ardoise ou la pierre même. « Ça rappel l’extérieur! La grande mode c’était aussi d’avoir le plus de vue possible, donc d’avoir des super grandes fenêtres pour avoir l’impression de vivre dehors. »
La construction : un domaine encore rigide
Bien qu’elle soit spécialisée dans l’architecture écologique, Julia Lianis concède que le concept n’est pas encore très développé au Québec.
« C’est très marginal en ce moment. » Le domaine de la construction est encore plutôt frileux quant aux changements de ses pratiques, explique-t-elle. « On vit dans un système capitaliste, donc les entreprises répondent à un besoin de produire et de simplifier les choses », déplore l’architecte.
Pour elle, considérer son empreinte lors de la construction d’une maison est primordial. « Le domaine de la construction a un impact énorme sur l’environnement. Alors, tous les efforts que l’on peut faire ont un impact majeur », indique-t-elle.