Artères commerciales : Les Laurentides bien occupées
Le taux d’inoccupation commercial est de 3,8 % à travers le Québec. Dans les Laurentides, ce taux est de 1,4 %, soit l’un des plus bas dans la province. Cela traduit la bonne vitalité économique de la région.
C’est ce qui ressort d’une étude annuelle de Côté Mercier, service de données, sur l’inoccupation commerciale. L’étude recense 8 563 places d’affaires sur 63 artères commerciales sur le territoire de 12 régions administratives à travers le Québec. Les données ont été récoltées durant l’été 2024. Christian-Pierre Côté, conseiller en recherche et analyse de données immobilières, et chef de projet de cette étude, nous explique ses résultats.
Un taux « particulièrement bas »
Pour les Laurentides, c’est la rue Principale de Saint-Sauveur, du chemin du Lac-Millette à la route 364, qui a été étudiée. « On sélectionne des artères de proximité qui nous apparaissent représentatives pour un certain marché », explique M. Côté. La situation pourrait être différente à Saint-Jérôme ou à Sainte-Adèle, nuance-t-il. Cependant, les taux d’inoccupation commerciale sont globalement en baisse à travers le Québec, selon l’étude.
À Saint-Sauveur, le taux d’inoccupation de 1,4 % est « particulièrement bas », indique M. Côté. « Ça traduit une bonne vitalité économique du secteur quand les locaux sont pleins. Les commerçants s’y intéressent et font des bonnes affaires. Les commerces ne ferment pas. Et quand des locaux sont vacants, les commerçants y vont. »
Effets pervers ?
Ce faible taux peut créer une pression à la hausse sur les loyers, mais cela n’est pas un problème, selon M. Côté. « Ce n’est pas comme dans le résidentiel, où les gens sont limités dans leur capacité de payer. Quand la demande est forte pour un endroit, le commerçant peut transférer la facture au consommateur. Si tu vends des skis, et que beaucoup de gens en achètent, tu vas être capable de payer un loyer plus cher. Et c’est bénéfique pour les propriétaires. S’ils font de l’argent, ils vont peut-être construire plus », illustre-t-il.
Il peut tout de même y avoir des effets pervers. « Si je vends des skis et que je veux agrandir, je ne peux pas, parce que le local voisin est occupé. Si je veux m’établir ici, je ne peux pas non plus. Je pourrais me construire, mais dans le commerce de détail, ce n’est pas toujours avantageux. Ça limite donc la possibilité de diversifier le tissu commercial », explique M. Côté.
C’est là que les promoteurs entrent en jeu, ajoute-t-il, puisque le secteur devient attrayant pour de nouvelles constructions. Ainsi, un taux d’inoccupation autour de 3-4 % offrirait un « équilibre intéressant », soutient-il.
À surveiller
Selon M. Côté, il faudra surveiller l’impact des taux d’intérêt dans les prochaines années. Ceux-ci sont présentement en baisse, mais « les baisses de taux se traduisent 12 à 18 mois plus tard dans l’économie », nuance-t-il. Ainsi, les baissent amorcées depuis juin dernier n’auront un impact concret qu’entre juin et décembre 2025, le temps qu’elles percolent jusqu’aux habitudes des consommateurs.
« Là, ce qu’on va ressentir dans les prochains mois, c’est comment les dernières hausses ont un impact », ajoute l’expert. Celui-ci craint qu’on pourrait voir un plus grand nombre de faillites bientôt. « Il faudra voir si les dommages faits à l’économie vont se traduire par des fermetures de commerces. »
La rue Principale de Saint-Sauveur en chiffres
Catégorisation des commerces
- Vente au détail : 45,6 %
- Bureau et service professionnel : 20,6 %
- Restauration : 24,3 %
- Automobile : 1,5 %
- Autres : 8,1 %
Données sociodémographiques
- Âge médian du principal soutien :
- 63 ans pour la rue Principale
- 43,2 ans pour le Québec
- Revenu net médian :
- 51 110 $ pour la rue Principale
- 63 200 $ pour le Québec
- Ménages en 2021 : 1 290
- Population en 2021 : 2 440
- Densité de la population par km2 : 881