Desjardins et des mets: L’Eau à la bouche fête ses 30 ans
Par yves-guezou
Anne Desjardins a un nom prédestiné. Cet ex-géographe est passée de l’étude de la surface de la Terre à tout ce que celle-ci peut offrir de bon à nos papilles gustatives. Et ce choix a été maintes fois applaudi depuis
30 ans par la communauté culinaire d’ici comme ailleurs.
Prononcez le mot «gastronomie» et la voilà lancée. En matière de cuisine, Anne Desjardins est intarissable. Et la chef n’est pas seulement gourmande de bons plats. Elle a un appétit insatiable pour la vie et ça se voit. En entrevue, elle fouette le petit côté précieuse ridicule (sic) de la cuisine moléculaire, écume le passé peu enviable des premiers chefs français (ils étaient de simples employés) et passe à la moulinette toutes les tendances des 100 dernières années.
Reconnue mondialement pour ses talents
culinaires et son amour du terroir, Anne
Desjardins n’a jamais dérogé à ses convictions.
Considérée comme une avant-gardiste, cette autodidacte ne faisait que reproduire le meilleur de ce que sa grand-mère lui avait toujours enseigné: l’authenticité. «En 1980, servir du brocoli était révolutionnaire. Tout était basilic. Dans les années ’90, la coriandre et les fruits exotiques ont fait leur apparition. À l’époque, je me serais fait assassiner si j’avais servi une purée de pommes de terre. Mais aujourd’hui, les gens aiment retrouver les saveurs d’antan et les viandes braisées», confie-t-elle.
À la défense des fromages
Reconnue pour son attachement aux produits du terroir (la chef a même présidé un rapport qui en prône l’usage), Anne Desjardins s’est vue confier le mandat de la campagne de promotion des fromages de chez nous. Une belle fleur pour celle qui s’est toujours fait un devoir d’en présenter un plateau à ses convives. Une assiette qui depuis belle lurette, ne renferme que des produits québécois. Souvent même laurentiens. «Je suis tellement fière! Même des gens de Vancouver font venir leurs fromages
de chez Yannick Achim (un fromager de Saint-
Jérôme). Pour 6 millions d’habitants, on a une
variété tout à fait
incroyable. Et les gens vont apprendre de la crise. Les médias en ont parlé beaucoup, mais d’un autre côté, c’aurait été irresponsable de la part du MAPAQ de ne rien faire. Le problème, c’est que les gens
veulent des fromages au lait cru, mais ils ne veulent pas de bactéries. En bout de ligne, est-ce que c’est vraiment réaliste?»
En épluchant le menu de L’eau à la bouche, on constate que le contenu des plats proposés sont à 80% québécois. En été, le pourcentage grimpe à 95 %. «Il se fait de la bonne huile de canola, mais je préfère encore l’huile d’olive, dit-elle en guise d’excuse. Mais ce n’est pas
demain qu’on va faire pousser des olives…»
Un retour en arrière lui permet d’être optimiste. «Dans les années ’80, Henriette passait vendre ses petites courgettes mais la minceur de l’offre était décourageante. Aujourd’hui, même matante Thérèse fait cuire son foie gras!»
Désormais, L’Eau à la bouche offre une cuisine à quatre mains. Emmanuel a rejoint sa mère aux fourneaux il y a une dizaine d’années,
au grand bonheur de celle-ci: «Il est tombé
dedans quand il était petit», lance-t-elle.
L’Eau à la bouche
3003, boul. Ste-Adèle
Sainte-Adèle
Tél.: 450-229-2991
www.leaualabouche.com