Soyons comfort food

Par yves-guezou

Philosophie gastronomique

Novembre mois triste s’il en est, où seuls les écureuils s’agitent dans les bois et les vaccins s’inoculent dans les bras. Maintenant que les feuilles sont bien rangées et que les souffleuses piaffent dans les cabanons, que faire d’ici les fêtes? Sortons les chaudrons, les pots Mason et lançons-nous dans le comfort food.

Les filles m’arrêtent souvent dans la rue, m’arrachant mes vêtements pendant que je signe des autographes sur leur poitr… Non ça c’est mon rêve de la nuit dernière… Les gens me demandent souvent disais-je: «Mais Yves, pourquoi une chronique gastronomique?» Oui, pourquoi visiter tant de succulents restaurants, pourquoi les nombreuses dégustations, salons gastronomiques et foires aux vins? Mais parce qu’il faut quelqu’un pour le faire, tout bêtement. C’est le sacrifice à concéder pour une information savoureuse et de qualité. Mais, j’ai donné un titre à cet article et il faudrait bien que je m’y tienne alors parlons comfort food. Je garde le terme anglais à dessein, la traduction aliment réconfortant ou cuisine roborative y perd un peu en chaleur et en poésie. Le comfort food vient susciter notre mémoire des saveurs et des arômes. Le confort et la sécurité de notre enfance, quand grand-mère s’affairait à ses chaudrons et que, de la cuisine chaude et odorante, s’agençaient des promesses de bouchées réconfortantes, de beurre dégoulinant et de ventre plein.

Nourriture et sensations…

C’est ça le comfort food: la nourriture bien sûr mais surtout la sensation qui s’y rattache, les souvenirs, le bien-être et la convivialité. Les miens de souvenirs, des odeurs de marrons grillés sur le poêle à charbon en automne, la saveur et la texture du sorbet à la framboise de ma grand-mère, le son particulier du tourne-broche qui grillait le poulet du dimanche midi. Aujourd’hui c’est à mon tour de créer mes propres moments, mes propres arômes et saveurs pour mon entourage, de faire vivre **mon** «comfi-food». À partir de ce postulat, la seule frontière c’est l’imagination. Nous avons la chance de faire le tour du monde des saveurs dans les épiceries, donc, je peux trouver et offrir le réconfort autour d’un Tajine marocain, d’une raclette ou d’une fondue suisse, d’une Feijoada brésilienne ou d’un Chili mexicain. Je suis d’ailleurs assez fier de ma recette de Chili, le plus long dans la recette étant de percer tous les haricots aux deux extrémités afin d’éviter une surproduction de méthane et autres gaz délétères. Et les bons plats d’ici n’ont rien à envier aux mijotés exotiques, si l’on veut bien laisser un peu de côté le pâté chinois ou la sempiternelle sauge spag.

L’important consiste à rendre le moment chaleureux, qu’il s’agisse de se faire une journée popote entre amis et se répartir la préparation pour congeler et conserver ou se concerter pour mitonner une recette en commun et la partager le soir même: faut que ça fasse du bien au corps et à l’âme! Parlant de se faire du bien et pour rester dans le comfi, une activité ou, devrais-je dire deux liées, commence à se faire une belle réputation dans le milieu des célibataires: le Food-dating. Il s’agit simplement de faire connaissance avec d’autres âmes esseulées, le temps d’une soirée consacrée à préparer une bonne bouffe. Une dizaine ou une douzaine de participants, sous le chaperonnage d’un maître de cérémonie et éventuellement d’un chef cuisiner et hop, on fait connaissance avec sa voisine de comptoir en pleurant de conserve sur les oignons. Mariez les plaisirs, il en restera bien quelque chose.

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