Ça prend un village pour se nourrir

Par Marie-Catherine Goudreau

Vendredi matin 9 h, c’est un peu frisquet, mais le soleil brille en cette journée de fin juin. J’arrive au terrain tout près du lac Saint-Joseph où, depuis le mois de juin, une serre communautaire a été érigée. Quelques personnes sont déjà présentes et mettent la main à la terre. Salades, tomates, concombres, poivrons, herbes fraîches… On m’accueille très fièrement à cet endroit qui, après tant d’années de travail, prend enfin vie.

Cette serre est bien spéciale et est un véritable lieu de rassemblement pour la communauté. Elle est l’un des éléments essentiels de la concrétisation d’une ferme maraîchère à échelle humaine, un des projets-phares du Plan de développement de la communauté nourricière, adopté par la Municipalité de Saint-Adolphe-d’Howard l’année dernière.

Line Légaré est l’une des instigatrices du projet de communauté nourricière, dont elle parle avec passion. « Quand je suis venue sur le terrain pour la première fois, je me suis dit : maintenant, il y aura un endroit à Saint-Adolphe où l’on pourra venir se déposer », dit-elle. « On est très chanceux et privilégiés d’avoir un projet comme celui-ci. »

Un long processus

C’est durant la pandémie que l’idée de devenir une communauté nourricière a germé dans la tête de quelques citoyens de la Municipalité de Saint-Adolphe-d’Howard. Alors qu’on dépendait de l’extérieur pour se nourrir, les citoyens se sont regroupés pour trouver des solutions et se rapprocher de l’autonomie alimentaire. C’est ainsi que la Coop Jardin Nourri-Cîmes a vu le jour. Leur objectif : « produire des fruits et des légumes biologiques sur son territoire et développer les aménagements nourriciers pour aller vers l’autonomie alimentaire. » Puis, grâce à l’appui de la Municipalité, de la MRC et des gouvernements provincial et fédéral par des subventions entre autres, le projet se concrétise depuis quelques années.

Dans le Plan de développement de la communauté nourricière adopté par le conseil municipal en mars 2023, la vision est établie comme suit : « En 2030, nous, la communauté de Saint- Adolphe-d’Howard, assurons la sécurité alimentaire de toute notre population, à l’année, en valorisant de façon durable notre environnement montagneux. » C’est la Coop Jardin Nourri-Cîmes qui a eu le mandat de développer la communauté nourricière.

La coopérative est composée de membres « utilisateurs », des personnes ou sociétés qui utilisent les services offerts par la coopérative; des membres « travailleurs », des personnes physiques salariées; ainsi que des membres « de soutien », qui ont un intérêt économique, social ou culturel dans l’atteinte de l’objectif de la coopérative. Les tarifs pour être membre vont de 100 $ à 500 $ et un seul paiement suffit pour être membre à vie.

Une communauté impliquée

Andrew Haberl est impliqué avec la coop depuis ce printemps. C’est lors d’une sortie à la Pizzeria Lupi qu’il a rencontré une des membres qui lui a expliqué que la coop cherchait un responsable de production pour la serre. Étant ingénieur à la retraite, le projet lui a parlé et il a sauté à pieds joints dans celui-ci.

Quand il est arrivé sur le terrain la première fois, il y avait seulement la structure en métal de la serre. « Organiser la pose de la toile, c’était tout un évènement ! Il y avait 12 bénévoles, 6 personnes de chaque côté. On a vraiment travaillé ensemble pour faire le travail », explique Andrew. Selon lui, la serre est vraiment le fruit d’un travail d’équipe et de collaboration avec les bénévoles.

Andrew avait un petit jardin chez lui, mais n’avait pas vraiment de connaissances sur l’agriculture à petite échelle avant de s’impliquer dans la serre. Grâce à toute la communauté qui gravite autour de la coop, lorsqu’il a des questions ou des problèmes à la serre, il fait appel à des experts, comme Albert Mondor, qui a publié neuf livres sur l’horticulture et qui vit à Saint-Adolphe. Par exemple, au mois de juin, un insecte a ravagé les plans de concombres. Ne sachant pas quoi faire, Andrew a appelé Albert qui lui a expliqué comment s’en débarrasser, de manière biologique.

Chaque jour, c’est entre 5 et 12 bénévoles qui viennent aider dans la serre. « La mobilisation est totale à Saint-Adolphe ! », se réjouit Line Légaré.

D’autres projets

Pour la suite, la coopérative est en train de réfléchir sur l’avenue à prendre. Leur souhait est d’offrir des fruits et légumes à toute la communauté de la manière la plus abordable possible, mais la coop doit aussi être rentable et viable financièrement. C’est l’un des défis qu’ils rencontrent actuellement comme il y a beaucoup de dépenses liées à la construction de la serre. On souhaite aussi installer un bâtiment sur le même terrain, comportant une chambre froide, une bibliothèque de semences et un bureau.

La coop a aussi comme objectif de fonder une épicerie coopérative/magasin général au coeur du village pour vendre des produits locaux. Puis, il y a plusieurs autres initiatives rattachées à la communauté nourricière. Par exemple, le circuit nourricier permet aux habitants de se promener dans le village et de récolter des légumes qu’on retrouve dans les « Smart Pots » un peu partout chez les commerçants participants.

La communauté nourricière inclut autant les aînés, avec le club local de la FADOQ, Les 4 saisons d’Adolphe, que les enfants avec l’école primaire Au-coeur-de-la-Nature et le CPE du village. On veut aussi offrir des ateliers liés à l’alimentation et des activités culinaires ou de jardinage aux jeunes de la communauté. Puis, la coop veut aussi développer un sentier éducatif comestible pour mieux connaitre les aliments comestibles dans la forêt.

2 commentaires

  1. Bon matin,
    Qu’il fait bon de vous lire avec un tel projet. Toutes mes félicitations et je crois vraiment que tout va se dérouler comme vous le souhaiter, vos visions pour l’avenir, l’heure a sonnée, il est temps de se prendre en main, d’être auto suffisant, et de faire partie d’une belle communité, ensemble partageons notre savoir, notre temps, notre soutien, nous sommes tous frères et sœurs. J’irai vous voir cet été,

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