Fereshteh Forough, invitée de l’UQO
Le 19 avril dernier, l’Université du Québec en Outaouais (UQO) a invité la professeure et militante Fereshteh Forough, qui lutte pour un meilleur avenir des filles et des femmes grâce aux technologies et aux métiers d’informatique, à l’occasion d’un webinaire.
L’accès à l’éducation a toujours été un enjeu de taille aux yeux de Fereshteh Forough. Jeune, elle se compte extrêmement privilégiée de terminer son école secondaire en Iran. Lorsqu’elle poursuit des études supérieures en sciences informatiques, elle se retrouve dans un milieu majoritairement masculin. N’ayant pas d’internet ou d’ordinateur à la maison, elle reste à l’école tard le soir pour utiliser les ressources disponibles.
Malgré tout, à l’époque, elle témoigne de la négligence de son école envers les étudiantes qui résulte en un manque de support académique pour elles ainsi que pour les gens issus de milieux plus défavorisés. Fereshteh Forough sentait bien que l’école ne voulait pas d’elle, une femme, ce qui aurait pu la décourager à poursuivre son parcours.
Son militantisme et ses prises de parole ne plaisent d’ailleurs pas à ses collègues masculins. Elle reçoit des courriels lui reprochant son comportement et reçoit même des menaces. Après l’obtention de sa maîtrise, elle devient professeure où, encore une fois, elle se retrouve en position minoritaire.
Première école de codage
Afin de redonner à sa communauté et de pallier plusieurs obstacles dont elle a été témoin durant son parcours, elle fonde en 2015 Code to Inspire, la première école de codage pour les filles à Herat, en Afghanistan. L’idée est de soutenir les femmes dans le milieu des sciences de l’informatique, de leur offrir un environnement sécuritaire pour apprendre et de promouvoir une école accessible financièrement, peu importe le milieu d’origine.
L’école de codage et les projets qui en découlent ont permis de développer des jeux qui offrent une meilleure représentation. Pendant le webinaire, Fereshteh Forough donne l’exemple de jeunes femmes qui en avaient assez de toujours voir des hommes en tant que superhéros. On met alors de l’avant des femmes afghanes dans de nouveaux jeux qui, à leur sortie, reçoivent d’excellents commentaires et suscitent de nombreux téléchargements.
« Depuis août, tout a changé »
C’est avec beaucoup d’émotion que Fereshteh Forough se remémore le retour des Talibans en Afghanistan. Elle se rappelle, comme si c’était hier, le matin de l’invasion, où elle voyait à la télévision les Talibans marcher dans la ville où elle avait l’habitude d’enseigner. Cela fait maintenant plus de 200 jours que les filles n’ont plus accès à l’éducation.
En juillet 2021, l’école de codage avait été rénovée pour accueillir des centaines de nouvelles étudiantes. « Et ce n’est pas arrivé. On voit à quel point les rêves et les espoirs des jeunes filles en Afghanistan peuvent leur être enlevés très facilement. Nous perdons tout ce pourquoi nous nous sommes battues si fort », déplore la professeure.
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Code to Inspire, en chiffres
- 350 étudiantes servies à ce jour;
- 250 étudiants ont été diplômés des cours de conception d’applications mobiles, de développement web et de conception graphique;
- 60 à 70 % des diplômés ont trouvé un emploi dans la communauté après l’obtention de leur diplôme et 10 % ont créé leur propre entreprise;
- Plus de 40 projets rémunérés à distance assurés pour les étudiants;
- Plus de 50 applications et jeux éducatifs et de divertissement à impact social réalisés.