Ramener les jeunes dans la communauté
Alors que sévit une pénurie de main-d’œuvre, certains jeunes de la région se sont éloignés du marché du travail et des études. « Mon objectif est de les y ramener », explique Anne-Catherine Paulin, conseillère jeunesse au Carrefour jeunesse-emploi (CJE) des Pays-d’en-Haut.
Avant de réintégrer ces jeunes dans un emploi ou une formation, il faut « enlever les obstacles pour s’y rendre », explique Anne-Catherine. Cela peut prendre des mois d’accompagnement et de démarches. « Quand il y a des grands obstacles, ça peut prendre un bon deux ans. Ça dépend d’où ils partent. C’est une démarche très soutenue et personnalisée. Le but ultime, c’est qu’ils soient capables d’être autonomes. Et ça se fait tranquillement », continue la conseillère jeunesse.
« Un cas type, c’est quelqu’un qui veut se réinscrire à l’école, mais qui n’a pas son certificat de naissance », illustre Mireille Simard, agente communication et développement au CJE.
« C’est impressionnant, toute la paperasse du gouvernement qu’il faut remplir, même pour nous! Alors pour les jeunes qui ont des problèmes d’anxiété, on n’en parle même pas. »
Donner des outils
« Parfois, ils n’ont juste pas les outils : ils ne savent plus où donner de la tête », explique Mireille. Ainsi Anne-Catherine peut les accompagner dans des démarches aussi simples qu’ouvrir un compte de banque, trouver un logement, faire une demande de chômage ou d’aide sociale, ou récupérer des pièces d’identité. « Ce sont des outils que nous, normalement, on a eu de nos parents. Mais parfois, ces jeunes n’ont pas eu cette chance-là », poursuit Anne-Catherine.
Avec certains jeunes, le cheminement peut être plus long avant de les réintégrer activement à la société. « On va faire des activités ciblées à ses intérêts, pour allumer une petite lumière. […] Créer un sentiment d’appartenance, ça passe souvent par les études et le travail. Mais avant, on va créer des liens avec d’autres jeunes et des organismes. On va développer les habiletés sociales, pour que le jeune se sente mieux et communique mieux avec les autres », détaille la conseillère jeunesse.
Briser l’isolement
Comment ces jeunes se sont-ils isolés de la communauté? « Il y a tellement de raisons. Des fois, ce sont des jeunes qui n’ont jamais mis un pied dans le marché du travail, ou qui ont lâché l’école très jeune. Des fois, ils ont des problématiques de toxicomanie, de santé mentale ou d’itinérance. En général, ce sont des gens qui ont des parcours atypiques et difficiles », raconte Anne-Catherine.
Dans certains cas, ce sont simplement des jeunes qui n’ont trouvé leur place nulle part dans les cases parfois rigides de la société. D’autres ont déjà bénéficié d’aide, mais ont été victimes d’une rupture de services. C’est pourquoi construire un lien de confiance avec eux peut être long, difficile et délicat. « C’est une relation à bâtir », précise Mireille.
Elle souligne cependant que tous les jeunes de 15 à 35 ans sont bienvenus. « On les prend peu importe leur situation, peu importe où ils sont rendus dans leur vie. On n’est pas là pour les juger : on est là pour les aider. »
Contribuer
L’objectif est aussi de reconnecter ces jeunes à la société. « Ils reviennent pour enrichir et nourrir la communauté, tant du point de vue économique que social », souligne Mireille. Elle insiste sur l’importance de la mixité sociale. « Au Cuisine Don par exemple, il y a des jeunes en difficulté qui participent, mais aussi des jeunes comme toi et moi. Ces activités permettent de vraies connexions entre eux, et ça vient renforcer le tissu social. »
C’est pourquoi Anne-Catherine fait souvent des activités d’implication sociale avec les jeunes. « On fait beaucoup de bénévolat. C’est moins engageant qu’une job, et ça aide leur estime. Ils redonnent eux autres aussi, avec les limites qu’ils ont. L’année passée, on avait une escouade bénévole pour aider les personnes âgées à déblayer leur entrée, par exemple. On participe aussi à la Guignolée, à des collectes de sang, etc. »