Le beau et le laid

Par Valérie Maynard

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Ma belle belle-maman est décédée en septembre, le corps ravagé par un cancer des os. Avant, elle a eu un cancer du sein. Vous dire notre peine. Depuis quelques mois, autour de moi, les diagnostics de cancer se multiplient. Un ami, une voisine, un collègue. Ainsi va la vie, diront certains. Je suis plutôt de celles qui croient dur comme fer que demain ira mieux. Même si, parfois, demain tarde à arriver.

Il y a de ces passages obligés dans la vie qui nous donnent froid dans le dos… qui nous font douter, pleurer, crier de rage ou d’impuissance. La maladie, la perte d’un être cher, une séparation, un deuil… Mais foi d’humain, l’espoir s’accroche et ne disparaît jamais totalement. Vous savez, cet espoir qui nous permet de voir le « beau » quand tout semble « laid ».
Comme Guido, ce mari fou amoureux et père dévoué, personnage central du film La vita è bella, de Roberto Beligni, déporté avec son fils dans un camp de la mort durant la Deuxième Guerre mondiale. Autour d’eux, tout est haine, cruauté et mort. Pourtant, le père fera tout pour éviter l’horreur à son fils. Porté par son amour pour lui, pour la vie et par l’espoir, probablement, que tout est toujours possible. Même quand tout est noir. Belle leçon de vie.
Dans les pages de cette édition, vous trouverez des histoires inspirantes. Celle de Claudie (page 5), décédée accidentellement à l’âge de 13 ans, mais pourtant à l’origine d’une formidable chaîne de vie. Une vie s’est éteinte, cinq se sont rallumées. C’est le souffle qui a permis à ses parents de poursuivre leur chemin. Par le don d’organes de leur fille, ils ont trouvé un sens à un événement qui n’en aura jamais.
Il y a aussi l’histoire de Sylvie Duplantie (page 17) qui a choisi de donner un sens à sa vie en accompagnant des gens dans leur mort, en les écoutant, les aidant et les touchant. En ouvrant son cœur aux autres.
Porteur d’espoir que le geste posé par Marie-Odile et Marie, 16 ans, en donnant leurs cheveux à la Société canadienne du cancer (page 23). Leurs cheveux se mêleront à ceux de milliers d’autres et serviront à la fabrication de perruques pour les femmes qui ont perdu les leurs.
Un jour, Nicole Tremblay (page 22) a décidé d’aider son prochain de la plus jolie façon qui soit: en tricotant des prothèses mammaires, destinées aux survivantes du cancer du sein.
Autant d’histoires qui ont ce pouvoir de nous réconforter, de nous réchauffer le cœur et de nous démontrer, fois après fois, que le « beau » est là même quand tout nous donne l’impression d’être « laid ».
Tout le monde, tous autant que nous sommes, a une histoire à raconter. Une histoire qui s’écrit au fil des gestes que nous choisissons de poser, des décisions que nous prenons, des regards qui se croisent et des mains qui se trouvent. Dans mon histoire, le rire de ma belle-mère est omniprésent. Je choisis de porter en moi tout cet amour qu’elle avait pour la vie et le plaisir, pour sa famille, ses enfants et ses petits-enfants. C’est ma façon de la garder vivante.
Je vous souhaite une histoire à la hauteur de vos rêves. Et une vita bella!

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