Éco-anxiété : Les changements climatiques angoissent

Par Ève Ménard - Initiative de journalisme local

L’éco-anxiété est un terme de plus en plus utilisé pour décrire le sentiment d’anxiété ou de préoccupation ressenti face à la crise environnementale. Christina Popescu est doctorante en psychologie sociale à l’UQAM et a choisi de concentrer ses recherches sur le sujet.

Cette dernière se considère elle-même comme étant éco-anxieuse. Or, il ne s’agissait pas d’un trouble bien connu lorsque Christina Popescu a débuté son doctorat il y a 4 ans. « Puisque je le ressentais, mais qu’il n’y avait pas encore de mot pour le décrire, j’ai décidé de travailler là-dessus », explique-t-elle.

Une ampleur croissante

Aujourd’hui, on en parle davantage. De plus en plus de personnes en souffrent aussi. « Il arrive que des psychologues m’écrivent pour me demander des conseils ou pour savoir s’il y a des formations par rapport à l’éco-anxiété. Ils reçoivent de plus en plus de clients qui manifestent des symptômes et ils ne savent pas nécessairement comment gérer ça. » Les personnes les plus touchées ont de 18 à 35 ans ou sont des personnes plus âgées qui ont des enfants ou des petits-enfants. C’est ce qu’a révélé un sondage mené auprès de plus de 2000 Québécois et Québécoises dans le cadre d’une enquête réalisée en collaboration entre Unpointcinq et l’Université Laval.

Christina Popescu confirme qu’il n’y a pas de diagnostic clinique pour l’éco-anxiété qui n’est pas répertoriée dans les troubles anxieux du DSM-5, dernière version du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. Par contre, la doctorante précise que l’Association américaine de psychiatrie reconnait son existence.

Impuissance et frustration

Christina Popescu est doctorante en psychologie sociale à l’UQAM.

Différents symptômes, dont certains s’apparentent au trouble d’anxiété généralisée, peuvent se manifester chez les personnes éco-anxieuses : insomnie, tristesse, crises de panique et dépression. On note aussi de la frustration, de la colère et un sentiment d’impuissance devant l’ampleur de la crise environnementale. Enfin, on recense une grande inquiétude face à l’avenir ou encore une perte de motivation pour les activités quotidiennes. « Les personnes sont démotivées et découragées. Elle se demandent à quoi bon continuer si, de toute manière, il n’y aura rien d’ici quelques années », précise la doctorante. On peut aussi penser au désir de ne plus avoir d’enfants en raison de la crise climatique, phénomène observé chez des jeunes adultes et même chez des enfants.

Transformer la paralysie en action

Une meilleure connaissance de l’éco-anxiété est d’autant plus importante que ces manifestations peuvent mener à l’inaction lorsqu’elles ne sont pas bien canalisées. Au contraire, lorsque prise en charge, l’éco-anxiété peut mener de manière positive au changement. « Pour entrer dans un mode de résilience, il faut justement vivre une situation difficile », affirme Christina Popescu. « Il peut s’agir d’éco-anxiété ou de cette peur qu’on ressent pour notre avenir et celui de nos enfants. Nous pouvons ainsi devenir proactifs pour changer les choses. Mais pour se faire, il faut d’abord reconnaître nos émotions et les accepter. »

Le grand remède réside-t-il dans la prise d’initiatives? La doctorante affirme que l’action individuelle est favorable, mais demeure insuffisante. En effet, il est important de souligner que l’inaction des gouvernements et le manque de mobilisation à plus grande échelle sont des vecteurs importants de l’impuissance ressentie. L’action doit donc se déployer aussi, et surtout, de manière collective et étatique.

Les femmes et l’environnement

L’étude citée plus haut a aussi déterminé que les femmes sont plus sensibles à l’enjeu de la lutte contre les changements climatiques et aussi plus impliquées. Elles sont plus nombreuses que les hommes à croire qu’il est urgent d’agir (80 % contre 68 %) et un plus grand nombre d’entre elles agissent déjà et veulent en faire davantage (76 % contre 65 %). (Source : Baromètre de l’action climatique) 
À cet effet, nous aborderons la semaine prochaine le rapport des femmes à la crise environnementale et, plus précisément, l’écoféminisme!

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