Carol et la fête à gogo
Carol Guirestante a apporté un grand album photo rempli de souvenirs. Des gens qui soulignent un anniversaire, des couples en amoureux, des gangs d’amis : chaque photo est identifiée, souvent avec une pointe d’humour. Les clichés rappellent l’ambiance festive et familiale du Carol à Gogo, sur la rue Principale de Saint-Sauveur.
Sur l’une des photos, on reconnaît un jeune Stéphane Rousseau. À l’époque, raconte Carol, des célébrités venaient faire leur tour ou prenaient le micro pour chanter à l’improviste. Claude Meunier, Nanette Workman, Éric Lapointe, France Castel et Marjo, entre autres, ont tous fait des prestations chez elle. Stephan McNicoll, qui se produit souvent au Pub Saint-Sau, a fait ses débuts au Carol à Gogo, indique-t-elle. L’auteur-compositeur-interprète Antoine Gratton a même composé une chanson en l’honneur d’une des serveuses, Carol à Gogo.
« C’était avant l’arrivée des médias sociaux. Les vedettes pouvaient passer incognito. » Cela créait aussi une proximité et une intimité avec les artistes, ajoute-t-elle. « Les gens se mélangeaient. Il n’y avait pas de snobisme. »
« À mon goût »
De plus, plusieurs artistes enregistraient au Studio d’André Perry, à Morin-Heights. Et certains venaient ensuite prendre un verre au Bourbon. Carol se souvient d’avoir croisé Annie Lennox et des membres du groupe The Police, par exemple. « Un soir, j’ai servi Keith Richards. Il n’y avait pas un chat ! Il était accompagné de son « bodyguard » et portait sa chemise noire et son foulard en soie blanc », raconte-t-elle.
Dans les années 1990, Carol a aussi travaillé à Montréal, au Ched Café sur Saint-Laurent. Puis, elle décide de revenir dans la région. « C’était plate dans le Nord. Le Bourbon avait changé. Il y avait juste le Maestro. […] Je voulais travailler dans une place où j’aurais aimé sortir, quelque chose à mon goût à moi. C’est là que j’ai ouvert le Carol à Gogo [au début de l’an 2000]. »
Petit mais chaleureux
Sur la rue Principal, le Carol à Gogo était « petit comme ma main », avec seulement 50 places sur deux étages, et une terrasse l’été. Les clients s’entassaient lors de spectacles. Et on devait faire preuve de patience, parce qu’il y avait… une seule toilette.
Mais « c’était le meilleur spot », avec son ambiance conviviale et chaleureuse. « Tout le monde se rassemblait là et se connaissait. Il y a des amis qui se sont connus là et qui sont encore proches aujourd’hui », souligne Carol avec une pointe de fierté. « On n’avait pas Facebook pour rencontrer des gens. »
Pour elle, il était capital de bien recevoir les clients, de discuter avec eux et qu’ils se sentent les bienvenus. « Si tu vas là toute seule, tu as besoin que quelqu’un vienne te parler ! », illustre-t-elle. « Je m’occupais des clients tout le temps. Ma vie, c’était ça : tous les jours, jour et nuit. »
Se renouveler
En 2012, le Carol à Gogo déménage où il se trouve actuellement, sur l’avenue de la Gare. Les musiciens ont fait place à un DJ. « Avec l’arrivée des réseaux sociaux, j’ai vu le changement venir. Après le déménagement, c’est une nouvelle gang qui venait et ce n’était plus la même « vibe ». C’est plus devenu un club », confie Carol.
Puis en 2019, elle a vendu le Carol à Gogo à deux de ses employés. « Je ne pouvais plus rien amener et j’étais fatiguée. J’étais là tous les soirs ! Donc je suis fière qu’ils l’aient repris. C’est ça que je voulais. »
1 commentaire
Omg que de souvenirs incroyables!
J’y étais trois fois semaines et chaque s fois il y avait cette magie. La bouffe, la musique, les amis et notre Carole Nationale!!! Je n’ai jamais retrouvé cette atmosphère ailleurs et pour cette raison le « p’tit Carole » restera à jamais tatoué sur mon cœur 💓