Les meilleurs chansonniers passaient à La Pendule
Par France Poirier
Aujourd’hui propriétaire du Mikes à Saint-Jérôme, Normand Vezeau a vécu les belles années de La Pendule à Saint-Jérôme. De 1979 à 1990, il en était le propriétaire.
« Ça roulait beaucoup. On l’a acheté en 1979. À ce moment, il y avait 25 employés et lorsqu’on a vendu, on en avait une centaine. Les gens venaient de partout », explique M. Vezeau. La Pendule était située en avant de l’hôpital où l’on retrouve aujourd’hui la Casa grecque.
Il y avait toute une ambiance pour ceux qui ont connu l’endroit. « On recevait les meilleurs chansonniers du Québec à La Pendule. On a même eu Plume Latraverse. On avait créé un réseau avec Les Deux Pierrots à Montréal; la Brasserie Le Gosier à Trois-Rivières et la Brasserie Les Raftsmen à Hull. Les chansonniers faisaient le tour. On avait trois étages. Le sous-sol abritait la discothèque Tic Tac et en haut il y avait La Pendule sur deux étages avec une mezzanine tout le tour. Je peux dire que ça brassait », raconte M. Vezeau.
Les gens venaient manger, profiter du spectacle et danser. « Certains soirs, il y avait tellement de monde au 2e étage que le plancher bougeait. Il était solide. C’était toujours plein. C’était un endroit reconnu et les gens de Montréal, Laval, toute la rive nord venaient. On en recevait d’un peu partout. C’était l’époque où les chansonniers étaient très populaires. En se regroupant avec d’autres bars au Québec, ça nous permettait de recevoir les meilleurs sur notre scène », se souvient M. Vezeau.
Course de lits
Pour les gens du coin, qui ne se souvient pas des courses de lits organisées par La Pendule. « On faisait des courses de lits dans les rues autour de la brasserie. On prenait un lit en métal, on y mettait 4 roues et les gars poussaient le lit, avec un autre qui était couché dedans », raconte-t-il en riant.
La Ville participait, mais aujourd’hui on ne pourrait plus faire ça. « On vendait de la bière dans les rues et les waiters se promenaient avec des cabarets à l’extérieur. C’était une autre époque. Chaque année, il y avait le festival du homard, un tournoi de golf. On commanditait des ligues de balle et de hockey. On était présent dans la communauté », se remémore M. Vezeau.
On organisait des soirées thématiques. Par exemple, avec Alary Sport, on décorait La Pendule avec des équipements de sports.
La Pendule a été vendue en 1990 et en 1993 l’établissement est passé au feu. Entre-temps, M. Vezeau a fait autre chose, mais la fibre entrepreneuriale a pris le dessus et en 2007, il a ouvert le Mikes, dont il est toujours propriétaire. Il y a un bar et le vendredi soir après le souper, c’est plein.
La façon de sortir a bien changé
Auparavant, si on voulait rencontrer l’âme soeur, il fallait sortir de chez nous et aller dans les bars, par exemple. Si tu voulais communiquer avec ton ami, tu te déplaçais. Automatiquement c’était des réunions pour jaser, pour se rencontrer. Aujourd’hui, les gens jasent par textos et ne se voient plus. C’est la façon de communiquer. Avec les réseaux sociaux, ça change la donne.
« Maintenant, les vendredis soirs, les gens qui viennent chez nous ont plus de 60 ans et ils viennent pour rencontrer du monde et jaser. On a une clientèle plus âgée parce qu’au départ c’est un restaurant avec un bar », ajoute M. Vezeau.
On parle d’alcool au volant et il me confie que les gens sont plus conscients. « C’est rare de voir quelqu’un qui est saoul. Si ça arrive, on l’invite à prendre un taxi. S’ils s’obstinent, je lui dis que les clients le regardent et s’il part, la police va surement être avertie. Les jeunes boivent moins en général que dans notre temps. Ils peuvent passer une soirée sur un verre, alors qu’avant c’était une bière aux dix minutes dans certains cas. Maintenant, il y en a qui consomment du chimique, explique M. Vezeau.
Malgré tout, les gens ont besoin de voir du monde et de sortir. « Je pense à l’après-pandémie. Quand ça rouvert, les gens rentraient à pleine porte, tellement ils avaient hâte de voir du monde », explique M. Vezeau.