Sur les 1 600 hectares du Massif des escarpements de Piedmont, Prévost et Saint-Hippolyte, 800 hectares sont déjà protégés grâce au CRPF. Photo : Archives de Nordy

CRPF : Protéger la richesse de nos falaises

Par Simon Cordeau (initiative de journalisme local)

Depuis sa formation en 2003, le Comité régional pour la protection des falaises (CRPF) a protégé beaucoup de terrains à Prévost, Saint-Hippolyte et Piedmont. « Au total, il y a un peu plus de 800 hectares de protégés sur les 1 600 hectares visés », explique le président de l’organisme, Gilbert Tousignant.

Cela inclut le territoire protégé par la Réserve naturelle Alfred-Kelly et les municipalités, mais aussi presque 200 hectares directement par le CRPF. L’organisme est présentement en négociations avec divers propriétaires et espère y ajouter entre 50 et 100 hectares d’ici un an et demi, se réjouit M. Tousignant. « Des fois, ce sont des petits morceaux. On en acquiert un certain nombre. Après quelques années, on fait les démarches auprès du ministère de l’Environnement du Québec, pour leur donner le statut de réserve naturelle. »

Ces terrains sont protégés à perpétuité, souligne Samuel Richard, coordonnateur du CRPF. « Si jamais, pour diverses raisons, l’organisme se dissout et n’existe plus, les terrains doivent être transférés à un autre organisme de conservation. »

Un milieu riche

Le territoire protégé par le CRPF compte une riche biodiversité, dont cette rainette versicolore. Photo : Ericka Thieriot

La raison d’être du CRPF, c’est de protéger « le Massif des escarpements de Piedmont, Prévost et Saint-Hippolyte » du développement autour et d’y conserver un îlot de milieux naturels. Ce territoire a des caractéristiques fauniques et floristiques « suffisantes pour vouloir le protéger », indique M. Tousignant.

Entre autres, parmi les 27 espèces d’oiseaux de proie présentes au Québec, 22 habitent, nichent ou sont de passage sur ce territoire. La présence de ces oiseaux, et leur vulnérabilité, a été « le déclencheur » du projet, se souvient le président.

On y retrouve aussi des espèces en danger d’extinction, comme des chauve-souris, des grenouilles et des orchidées rares, ajoute M. Richard. « C’est un milieu assez riche. Il y a beaucoup de milieux humides qui sont propices à la diversité. Et comme c’est un massif assez grand et très peu développé, les espèces sont moins susceptibles d’être dérangées par l’action humaine. »

Les changements climatiques mettent déjà beaucoup de stress sur les espèces, rendant leur survie et leur reproduction plus difficiles. Si leur territoire était morcelé ou développé davantage, ce serait un stress de plus, explique M. Richard.

Il y a aussi l’importance d’avoir des corridors écologiques permettant aux espèces de migrer, que ce soit pour se nourrir ou se reproduire. Éco-corridors laurentiens, par exemple, travaille à protéger un corridor nord-sud entre Mont-Tremblant et Oka. Il y a aussi un projet de corridor entre le territoire du CRPF et la Station de biologie des Laurentides, à Saint-Hippolyte.

Enfin, ces milieux naturels peuvent mitiger les impacts des changements climatiques, en offrant un îlot de fraicheur, en stockant du carbone et en servant d’éponge lors de fortes précipitations.

Convaincre les propriétaires

Le CRPF concentre ses efforts uniquement sur le territoire de ce massif, insiste M. Tousignant. « Chaque année, on se dit qu’on va contacter tels propriétaires, pour faire évoluer les discussions, jusqu’à ce qu’on puisse protéger ce territoire. »

Ces propriétaires sont-ils réceptifs ? « C’est très variable. Je vais donner deux exemples. Il y a quelqu’un avec qui on a discuté 5 ou 6 ans avant qu’il daigne reconnaître que le terrain qu’on voulait n’aurait pas de valeur pour lui. Et donc qu’il pouvait nous le vendre à un prix raisonnable. »

« Dans un autre cas, en 2020, on a appelé un propriétaire qu’on ne connaissait pas. Il nous a répondu : “Justement, mes frères et moi parlions de vendre notre terrain.” Et dans l’année qui a suivi, ça s’est fait. Ça se passe entre ces deux extrêmes-là », illustre M. Tousignant.

Ces terrains sont protégés, en grande partie, grâce à des achats financés par des subventions gouvernementales. « Les gouvernements provincial et fédéral ont l’objectif de protéger 30 % de leur territoire. Et nous, on participe à ça. Et à coût bien moindre que si c’était eux qui le faisaient », explique le président.

En effet, mis à part un employé, le CRPF fonctionne uniquement grâce au travail de bénévoles. Il y a environ 35 bénévoles actifs, selon M. Tousignant. « Lorsqu’on a des corvées, on fait appel à plus de bénévoles.

Patience et persévérance

Certains terrains, cependant, ne sont pas à vendre, ni à court, ni à moyen terme, indique le président. Ainsi, le territoire protégé par le CRPF est morcelé et inaccessible au public en grande partie. Lorsque ce territoire sera connecté, l’organisme envisage d’y aménager des sentiers, mais pas avant. « Le but premier, c’est vraiment la conservation », résume M. Richard. Il y a aussi un souci de protéger des milieux naturels qui pourraient être plus sensibles, ajoute-t-il.

C’est pourquoi les démarches auprès des propriétaires demandent patience et persévérance. Mais l’effort en vaut la peine, croient MM. Tousignant et Richard. Après tout, protéger ces milieux naturels donne accès à la nature (dans la Réserve naturelle Alfred-Kelly), ce qui a des bénéfices pour la santé des citoyens. Ces milieux augmentent aussi la valeur des propriétés autour, en plus de combattre les changements climatiques, soutiennent-ils.

Le CRPF tient présentement une campagne de financement jusqu’à la fin décembre. Pour y contribuer, rendez-vous sur son site web : parcdesfalaises.ca. L’organisme reçoit aussi des dons d’entreprises à travers l’initiative 1 % pour la planète.

Une biodiversité à protéger

Au fil des années, les experts et bénévoles du CRPF ont recensé sur le territoire du massif :

  • 369 espèces de plantes
  • 78 espèces d’oiseaux
  • 27 espèces de mammifères
  • 13 espèces d’amphibiens
  • 7 espèces de reptiles

Parmi ces espèces, 27 d’entre elles ont un statut de protection. Il est probable qu’il y est encore plus d’espèces présentes, mais qui n’ont pas encore été observées.

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