(Photo : Courtoisie)
Sandrine Charbonneau a collaboré à plusieurs recherches du Centre d’études sur le stress humain.

Et si on voyait le stress de manière plus positive?

Par Ève Ménard - Initiative de journalisme local

Le stress n’est pas handicapant. Il est non seulement normal, mais également nécessaire. Le Centre d’études sur le stress humain propage une vision positive du stress et nuance le négatif, par le biais de la recherche et de la vulgarisation.

Sandrine Charbonneau a complété sa maîtrise sur l’effet des collègues de classe sur l’anxiété, sous la supervision de Sonia Lupien, en plus de collaborer à plusieurs recherches du Centre d’études. Avec elle, on déconstruit les mythes sur le stress et l’anxiété.

Le stress : la réponse du corps devant une menace

Il n’existe pas de bon ou de mauvais stress, affirme d’entrée de jeu Sandrine Charbonneau. Le stress est simplement une réponse du corps face à une menace. Du moment où le cerveau détecte cette menace, une réponse biologique s’enclenche. Des hormones sont libérées pour mobiliser l’énergie nécessaire afin d’y faire face. Pour qu’une situation soit menaçante, et génère du stress, elle doit comporter un ou plusieurs de ces ingrédients : l’impression de ne pas avoir le contrôle sur la situation, la situation est imprévue ou imprévisible, la situation est nouvelle ou l’égo se sent menacé. Pour se souvenir de ces caractéristiques, on peut les regrouper sous l’acronyme « CINÉ », pour Contrôle, Imprévisibilité, Nouveauté et Égo menacé.

Maintenant, le stress a-t-il un effet négatif ou positif sur la situation à laquelle l’individu fait face? S’il est stressé pour son examen, l’élève performera-t-il mieux ou moins bien? En fait, il faut atteindre un juste milieu. « Il faut avoir juste assez de stress pour bénéficier des bons effets », nous dit Sandrine Charbonneau. « Si tu n’es pas assez stressé, ce n’est pas bon, puisque tu n’auras pas assez d’énergie pour faire face au stresseur », ajoute-t-elle. Atteindre un bon équilibre comporte plusieurs bénéfices. Les hormones du stress augmentent par exemple la vigilance, l’attention et même la force physique.

L’anxiété : anticiper une menace

Le stress consiste donc en une réaction du corps qui se produit dans le moment présent. « Tu es à ta compétition, ça va commencer et ta réponse de stress s’active », illustre Sandrine Charbonneau. L’anxiété se produit plutôt en amont. C’est l’anticipation d’une menace future, d’une situation stressante. Le moment où survient l’anxiété n’est peut-être pas le même, mais la réponse du corps, si : « biologiquement, ce sont les mêmes hormones de stress qui sont produites. Ton cerveau ne distingue pas la différence entre une menace réelle ou anticipée », explique la chercheuse.

L’anxiété comporte aussi des effets positifs. « L’anxiété démontre qu’il y a quelque chose d’important pour toi, que tu y tiens. Un jeune qui fait de l’anxiété pour un examen, ça démontre qu’il veut réussir et qu’il trouve ça important. Le fait de voir ça comme une menace peut te pousser à donner ton 110%. » Il n’y a pas non plus de bonne ou de mauvaise anxiété. Ça se situe sur un continuum, indique Sandrine Charbonneau. Il existe des manifestations légères à modérées, considérées comme normales.

C’est à l’autre extrémité, lorsque les manifestations de l’anxiété deviennent tellement sévères que ça empêche l’individu de fonctionner au quotidien, qu’on pourrait parler d’une anxiété pathologique.

Surmonter la conception négative 

Le Centre d’études sur le stress humain a mené des recherches dans les écoles. Des professeurs inquiets leur ont parlé d’une « épidémie d’anxiété ». Pourtant, sur le terrain, on ne remarque pas plus de stress ou d’anxiété qu’avant. En majorité, les jeunes « vivent de l’anxiété normale », affirme Sandrine. Et si les croyances populaires avaient un impact sur la manière d’approcher le stress chez les jeunes?

La notion de préconception, introduite par Sandrine Charbonneau, devient particulièrement intéressante. Les préconceptions sont un ensemble de croyances et de perceptions qui permettent aux individus de regrouper et de résumer une multitude d’informations. Posséder certaines croyances par rapport au stress et à l’anxiété pourrait avoir des répercussions sur la manière dont une personne appréhende une situation stressante. Selon Sandrine Charbonneau, les médias tendent à alimenter une préconception négative du stress, en le définissant comme mauvais et nuisible au bon fonctionnement de l’individu. « Le fait de penser que le stress a des effets négatifs sur la santé, qu’il est mauvais, ça fait en sorte que les jeunes ne se sentent pas mieux. Avoir ce genre de pensées augmente les hormones de stress », dit la chercheuse. D’où l’importance de propager l’apport positif du stress, et de nuancer le négatif.

Quoi faire pour réduire son stress ou son anxiété?

Il existe des stratégies de gestion rapide du stress. Du moment où tu es stressé, que peux-tu faire? Faire du sport mobilise de l’énergie et réduit le stress. Les respirations permettent également de calmer le corps. Même chanter ou faire le bien autour de soi peut être bénéfique. « Ça déjoue ton cerveau et ça envoie le message qu’il n’y a pas de danger », explique Sandrine Charbonneau.

Il existe aussi des stratégies « cognitives » qui demandent plus de réflexion. Il s’agit de déconstruire la situation. La personne doit alors réfléchir à ce qui cause son stress ou son anxiété. On en revient à l’acronyme CINÉ : est-ce que je suis stressé parce que je n’ai pas le contrôle de la situation, ou parce que c’est nouveau ou imprévisible, ou est-ce que je sens que mon égo est menacé? Du moment où la nature de la menace est identifiée, il est plus facile d’agir. Sandrine donne l’exemple d’un jeune qui est stressé d’entrer au cégep, l’automne prochain. « Si ce qu’il l’inquiète c’est la nouveauté, alors l’été précédent, il peut faire la route avec sa voiture, se promener autour du cégep. Lorsqu’il arrivera à sa première journée, il saura déjà où se stationner et par où entrer. Il diminue la nouveauté. »

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