Rosemonde Landry à la tête du CISSS des Laurentides
Par France Poirier
En poste au CISSS depuis 2015 à titre de directrice générale adjointe des soins infirmiers, elle occupe le poste de présidente-directrice générale depuis le 30 septembre 2019. Sur ses deux ans et demi en poste, on compte deux ans de pandémie.
« Je connaissais déjà bien l’organisation comme DGA des soins infirmiers, ça m’a aidé beaucoup. J’ai une équipe de gestionnaires et un personnel extraordinaire. C’est tous ensemble qu’on passe au travers la pandémie et tous ses défis pour l’organisation. Toute seule, je n’aurais pas pu y arriver. Dès le début de la pandémie, on s’est mis en mode urgence sanitaire. Nous avions des rencontres quotidiennes. Nous nous sommes donné des moyens de communications grâce à une équipe dédiée que je sens derrière moi. »
D’infirmière à PDG
Infirmière de formation avec un baccalauréat en soins infirmiers, Rosemonde Landry a travaillé pendant 9 ans à l’hôpital Notre-Dame à Montréal, en plus d’enseigner à temps partiel dans les cégeps. Elle a cumulé les deux fonctions en même temps. En 1990, son mari et elle sont déménagés avec leur famille dans le nord de l’Ontario. « C’est là que j’ai eu un premier poste de gestion. Je ne me qualifie pas comme une personne carriériste. Je suis plutôt quelqu’un qui a gravit les échelons petit à petit avec l’expérience et les connaissances acquises. Quand j’avais atteint un poste et que j’avais l’opportunité, je postulais sur un poste plus élevé. J’aime apprendre, acquérir des nouvelles connaissances. C’est une motivation pour moi. »
Le défi de la pandémie
Malgré une période plus difficile à cause de la pandémie, elle souligne que l’organisation a reçu beaucoup de félicitations et de remerciements de gens qui ont eu besoin de soins ou qui ont été hospitalisés. « Malgré la tâche, le personnel était de bonne humeur. Nos équipes dans les centres de vaccination ont eu de très bons commentaires. Pour moi, comme infirmière, le patient est au cœur de mes décisions et je ne fais pas de compromis à ce sujet. Je suis une personne de terrain. Tous les matins et tous les soirs, je regarde combien de patients sont dans nos urgences. et combien de patients sont atteints de la COVID. Je connais tous les chiffres et c’est important pour moi d’être au courant de ce qui se passe dans nos établissements. Nos patients en attente de chirurgie, je me colle aux données et je veux savoir ce qui se passe dans nos urgences. C’est important d’avoir le feedback du terrain », ajoute-t-elle.
La famille, une priorité
« Je viens d’une grosse famille. Nous étions 13 chez nous. Mes parents croyaient beaucoup à l’éducation et nous sommes tous gradués universitaires. Ma mère était une femme de tête, j’ai surement hérité de sa personnalité. » Mère de 4 garçons, elle a 11 petits-enfants, et elle a assisté à la naissance de plusieurs d’entre eux. La famille est très importante pour elle. « Même si on ne pouvait pas se voir comme on voulait avec la pandémie, grâce aux technologies, on pouvait garder contact ».
Conciliation travail et famille
Pour elle, ce n’est évidemment plus une préoccupation de concilier travail-famille, ses enfants n’étant plus à la maison. « Je crois que j’ai trouvé l’équilibre entre le travail et la famille lorsque mes enfants étaient plus jeunes. Un jour, j’ai demandé à mes enfants : avez-vous trouvé que je n’étais pas présente? Et ils m’ont dit non pas du tout. On n’avait pas une grosse vie sociale, on suivait nos enfants dans leurs activités. Ce sont des choix de vie qu’on a fait, mon conjoint et moi. Il m’a toujours supporté dans mes choix professionnels. »
Elle se souvient d’une jeune gestionnaire qui pleurait dans son bureau et qui lui disait : « J’ai de la misère. Si je reste au bureau trop longtemps pour mon travail, je me sens coupable envers mes enfants. Et quand je quitte tôt le bureau, je me sens coupable envers mon travail ». Elle lui avait répondu: « C’est toi qui dois apprendre à doser. De l’ouvrage, il va y en avoir tout le temps. Mais personne ne va venir te taper sur l’épaule pour te dire d’aller te reposer, c’est toi qui dois le faire ».
Malgré les défis et les responsabilités, elle aime son travail et n’est pas prête pour la retraite. « Pour moi, lorsqu’on répond à la population, quand on améliore les soins, qu’on offre un nouveau service, ça me fait plaisir. C’est l’infirmière en moi qui est récompensée quand on peut donner plus de services aux patients. J’ai hâte de lâcher la COVID pour parler d’autre chose et de mettre en valeur nos projets et nos réussites au CISSS des Laurentides. »
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Questionnaire
Qu’est-ce qu’on retrouve sur votre table de nuit?
Un roman. Actuellement je lis Le manipulateur de John Grisham. Je ne lis pas beaucoup, mais je lis toujours au moins cinq, six pages avant de m’endormir, c’est mon somnifère.
Qu’est-ce qui vous fait pleurer ?
Des événements familiaux qui me rendent émotives. Quand mes garçons se sont mariés. Aussi, j’ai assisté à presque toutes les naissances de mes petits-enfants. Ce sont de beaux moments.
Qu’est-ce qui vous fâche ?
Le manque d’intégrité. Quand j’arrive dans des équipes de gestion, je veux savoir ce qu’ils pensent, pas ce qu’ils pensent que je veux entendre. C’est important pour moi. Je consulte beaucoup les gens qui m’entourent.
Qu’est-ce qui vous angoisse ?
(Hésitation) La prochaine vague…en espérant qu’il n’y en aura pas.
Avez-vous des regrets?
Je pense que lorsqu’on vieillit, on essaie de ne pas avoir de regret. Les décisions qu’on a prises, on les a prises du mieux qu’on pouvait avec les moyens qu’on avait.
Le mot qui vous décrit le mieux?
Intégrité
La plus belle chose qu’on m’a dite ?
Les gens qui m’entourent apprécient mon écoute et le fait que je donne la parole. Et aussi, l’amour de ma famille.
Quand avez-vous fait preuve de courage ?
Je pense qu’avoir accepté le poste de PDG en est une.
Où allez-vous pour vous relaxer ?
On a fait des voyages en couple, en famille. On fait du camping. On a déjà loué une auberge avec les enfants et petits-enfants et ç’a été une belle semaine.