La guerre, tout près de chez vous
La série documentaire 39-45, en sol canadien, sur la Seconde Guerre mondiale, aura une deuxième saison. L’équipe était d’ailleurs de passage à Saint-Sauveur au printemps dernier, pour tourner un des épisodes. « Il est consacré aux enfants britanniques envoyés au Canada durant la guerre », explique le réalisateur Mathieu Vachon qui signe 7 des 13 nouveaux épisodes.
Animée par Claude Legault, la série démontre que la guerre ne se déroulait pas seulement en Europe et dans l’océan Pacifique. Ici même, au Canada et au Québec, des jeunes hommes étaient conscrits, des prisonniers allemands étaient gardés, des espions étaient formés, des bombes étaient fabriquées, etc. On y apprend aussi que notre coin du monde n’était pas immunisé contre l’attrait du fascisme, ni de l’antisémitisme.
La première saison comportait déjà 13 épisodes d’une heure. Pourtant, il reste toujours une foule d’histoires à raconter, s’enthousiasme M. Vachon.
« Alexandre Normandin, l’idéateur, ne manque pas de sujets! Il en a encore beaucoup en banque. » Et l’une de ces histoires se déroule justement à Saint-Sauveur.
Protéger les enfants
À l’été 1940, la guerre se présente mal pour les Alliés. La France est tombée aux mains des Nazis. La nuit, Londres est bombardée par avion. Pour protéger les enfants, on les envoie en campagne ou même à l’étranger, comme au Canada. Certains d’entre eux, dont Douglas Mackintosh, se retrouvent à Saint-Sauveur.
« C’est une famille de Britanniques qui était ici et qui a décidé d’aider la famille et les amis », raconte M. Vachon. Après la guerre, Douglas retourne en Angleterre, où il devient champion de ski alpin. Il participera même aux Jeux olympiques avec l’équipe britannique, en 1956. Il vit maintenant en Ontario, indique le réalisateur.
Cependant, le programme ne dure pas longtemps. « Les Allemands ont coulé un navire qui transportait des enfants. Il y a eu beaucoup de morts. J’imagine la douleur des parents. Ça doit être atroce, surtout quand tu as pris la décision déchirante de laisser partir tes enfants, en espérant les sauver. »
L’histoire se répète?
Pour Mathieu Vachon, les histoires de la Seconde Guerre mondiale n’ont jamais été autant d’actualité.
« Quand la Russie a envahi l’Ukraine, le 24 février, j’ai capoté. J’étais en train d’écrire un épisode sur les soldats qui reviennent du front, leurs traumatismes de la guerre, comment ils réintègrent la société. Et je me disais : mon Dieu, on n’est pas si loin. »
Le réalisateur rappelle que la guerre de 39-45 est récente. Sa mémoire est toujours vivante. « J’ai rencontré des vétérans qui se sont battus, et qui ont 100 ans aujourd’hui. Une vie humaine, c’est court. Et l’être humain n’a pas changé depuis. Il n’y a rien de rassurant là-dedans. »
Ce qui le frappe le plus, c’est l’incertitude qui entoure la guerre. « Aujourd’hui, on le sait, la guerre dure de 1939 à 1945. On l’étudie à l’école. Mais six ans de guerre, c’est long! C’est six ans d’incertitude. Tu ne sais pas comment ça va tourner, qui va gagner. Il y a un brouillard. On dirait que je le comprends mieux, de manière différente, depuis l’invasion de l’Ukraine », confie-t-il.
La deuxième saison de 39-45, en sol canadien doit paraître au printemps 2023 sur les ondes de TV5.
Pour voir tous les épisodes de la première saison de 39-45, en sol canadien, rendez-vous au :