L’appel du jardin
Mettre les mains dans la terre. Avoir des légumes et des herbes fraîches à portée de main. Se détendre dans un jardin magnifique et vivant.
Avec un peu d’effort, c’est possible de créer une forêt nourricière dans sa cour. Par la suite, avec un peu de patience, elle offrira ses fruits généreusement, sans trop de travail. Comment ? Grâce aux fruits et aux légumes perpétuels, nous explique Christelle Fournier, co-autrice de Forêt nourricière boréale et fondatrice de l’organisme Fertiles.
Où il fait bon pousser
D’abord, il faut se poser quelques questions sur l’endroit où on installera notre jardin, comme le type de sol et son pH, la durée de l’ensoleillement et la zone de rusticité, c’est-à-dire une cote de 0 à 9 par rapport au climat. (Pour les Laurentides, c’est entre 4 et 5.)
Ces informations nous diront quels végétaux pourront s’épanouir chez nous. « Les végétaux sont comme les animaux : chacun préfère un certain milieu de vie. Certains vont aimer le sable, d’autres l’argile. Certains ont besoin de beaucoup de soleil, ou d’humidité, etc. »
« Ç’a l’air complexe, mais il existe des listes. Et les pépiniéristes peuvent vous guider », assure Christelle.
Le fruit de nos efforts
Pour les fruits, Christelle propose d’essayer les bleuetiers ou les amélanchiers, qui sont indigènes au Québec et qui poussent donc plus facilement. Le camérisier, originaire du Japon, peut donner de bons résultats.
Certaines plantes ne sont pas perpétuelles, mais vont se ressemer toutes seules. « Les cerises de terre, c’est extrêmement facile. Il en tombe une ou deux par terre, et elles repoussent l’année suivante. Mais ça prend beaucoup d’ensoleillement. »
Si l’on a un petit sous-bois, on peut mettre des champignons, comme des pleurotes, qui aiment les milieux humides et viendront coloniser le milieu.
Sortir de nos habitudes
La plupart des légumes que l’on consomme, comme la tomate ou le poivron, sont annuels. Avec les légumes perpétuels, il faut donc sortir un peu de nos habitudes, pour redécouvrir notre terroir.
Le topinambour, par exemple, « n’est pas trop aimé » parce qu’il peut être invasif. Mais il est indigène au Québec et a « des fleurs magnifiques en plus », si on arrive à gérer son espace.
Le choux gras est également facile à cultiver. « On peut en mettre dans notre forêt et le récolter régulièrement. C’est plein de protéines à l’intérieur. »
Christelle nomme aussi les oignons égyptiens qui se ressèment tous seuls, les fougères qui donnent des têtes de violon, la rhubarbe qui « ne meure jamais » et, pourquoi pas, les asperges au printemps.
Prendre racine
Cependant, les fruits et légumes perpétuels doivent d’abord s’enraciner dans le sol, durant une « période adolescente ». « C’est seulement après qu’ils vont produire un surplus pour nous. » Il faut donc planifier notre forêt nourricière à moyen terme. Entretemps, on peut cultiver des annuels avec l’espace restant, propose Christelle.
Elle conseille d’essayer quelques nouveaux végétaux par année, pour apprendre à les connaître et voir s’ils prennent racine. On essaie de varier les tailles et les rythmes de croissance, pour une forêt diversifiée. « Quand on a de 7 à 10 espèces, on est bien. »
Décorer notre jardin
Une autre option : délimiter son jardin avec des haies fruitières. En plus d’être esthétiques, elles sont comestibles ! L’argousier, par exemple, peut garder les chevreuils à l’extérieur grâce à ses épines, tout en donnant des petits fruits riches en vitamine C.
On peut ajouter des plantes rampantes, comme de l’origan ou de la menthe, pour compléter notre décor.
Notre forêt nourricière peut aussi stimuler la biodiversité. Le sureau, par exemple, donnent des petits fruits excellents en confitures, et des fleurs desquelles on peut tirer « un sirop incroyable ». Mais l’arbuste accueille aussi « énormément d’insectes », qui aideront à polliniser le reste de notre jardin.