(Photo : Courtoisie)
Laurent Theillet.

Les ados et le goût de la poésie

Par Simon Cordeau (initiative de journalisme local)

Pour les adolescents, la poésie semble souvent difficile et ennuyeuse, hermétique et passéiste, convient Laurent Theillet. « Et pourtant, la poésie est synonyme de sensibilité, de liberté et d’enfance, d’expression personnelle. Que demander de mieux quand on est adolescent?», continue l’auteur de Les poèmes ne me font pas peur.

Louvrage de Laurent Theillet, d’abord paru en 2015, vient d’être réédité dans la collection Brise-glace des Éditions du Boréal. Destinée à un public d’adolescents et de jeunes adultes, elle veut rendre accessible la poésie, son intensité, son authenticité et sa liberté. Et c’est grâce au succès d’œuvres comme Les poèmes ne me font pas peur que les adolescents découvrent ce genre littéraire trop souvent négligé.

« C’est une histoire d’amour entre les libraires, les enseignants, les lecteurs et ce livre. C’est à eux que je dois la chance de voir cet ouvrage connaître plusieurs vies », se réjouit Laurent.

La « puissance évocatrice »

Dans Les poèmes ne me font pas peur, une adolescente de 15 ans raconte par bribes poétiques son histoire : son quotidien, son deuil, sa solitude, ses impressions. Selon Laurent, la poésie était idéale pour explorer ces thèmes liés à l’adolescence.

« La poésie est une grande liberté. Elle permet très souvent d’aller à l’essentiel. Quand on arrive à exprimer en quelques mots, parfois à travers une métaphore ou une parabole, un épisode fondamental d’une existence, ou une transformation intérieure, alors on peut s’estimer heureux », illustre le poète.

L’ouvrage est d’ailleurs écrit en vers libres : sans contrainte de rimes ou de pieds. Grâce à cette liberté, chaque poème dicte son propre rythme, insiste sur la répétition ou explore les déclinaisons d’une image ou d’une réflexion. Le tout donne une impression de spontanéité et de clarté.

« Le pouvoir de la poésie réside et résidera toujours dans sa puissance évocatrice, sa résonance avec nos âmes, son rythme et ses sonorités. Et ceux-ci peuvent épouser une tonalité plus contemporaine », explique Laurent.

« Une respiration salvatrice »

Selon le poète, cette force apporte quelque chose de primordial aux adolescents.

« À l’ère où tout est trop rapide, trop impalpable, s’arrêter ne serait-ce qu’un moment pour lire, réfléchir, et surtout se projeter dans un personnage, résonner avec une émotion commune, s’accorder avec une pensée qu’on reconnaît : tout cela est une nécessité de l’esprit humain et une respiration salvatrice pour les jeunes. »

Aussi, la poésie aborde des thèmes universels, soutient Laurent. « La poésie parle de vie et de mort, d’amour et de haine, de naissance et de devenir. Ne serait-ce pas là les questions contemporaines qui hantent chaque adolescent et chaque adulte, finalement? »

« Ces choses indispensables »

Laurent répond à mes questions alors qu’il est à Lac-Supérieur, dans les Laurentides.

« Je passe une bonne moitié de l’année au milieu des arbres, dans mon minuscule chalet, ce qui m’inspire beaucoup. La plupart de mes livres sont nés au profond des arbres et de la terre, accompagné par les geais, les parulines, les huards et les cerfs », raconte-il.

Au milieu de la forêt laurentienne, il retrouve « ces choses indispensables à nos vies et auxquelles nous n’avons pas toujours accès dans nos vies de citadins : la paix, la nature, les animaux, l’eau, l’air, le souffle, la lumière, tout simplement ».

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