Les savoir-faire de nos grands-parents
Eugénie Emond, journaliste indépendante, s’intéresse depuis plus de 10 ans à la question du vieillissement. Dans son prochain livre, Savoir-faire : Histoires, outils et sagesse de nos grands-parents, elle va à la rencontre de 20 personnes qui lui ont partagé, leur histoire, et leur savoir.
« On me demande souvent pourquoi je m’intéresse aux ainé·e·s », écrit-elle dans son introduction. « C’est une question étrange : on la pose rarement lorsqu’il s’agit des enfants. Signe que le lien est coupé depuis longtemps, si longtemps qu’il devient incongru lorsqu’on le raboute enfin. »
La richesse des rencontres
Eugénie a commencé à s’intéresser aux aînés lorsqu’elle travaillait à la télévision communautaire de Lachute. Elle souhaite faire un documentaire sur les résidences pour personnes âgées. « Je ne comprenais pas le principe. Alors j’ai voulu aller y vivre », explique-t-elle. C’est là qu’elle a fait la rencontre de Madame Clémence, 95 ans, avec qui elle s’est liée d’amitié.
« Ç’a été très riche dans mon parcours personnel d’avoir une personne aînée dans mon quotidien. Même quand j’ai déménagé à Toronto, je suis retournée la voir jusqu’à sa mort », dit-elle. « Ce n’est pas mauvais d’aller rencontrer des gens qui ont assisté à la transformation de notre monde pour être mieux outillés face aux défis qui se présentent devant nous. »
Retour au présent
La journaliste a donc passé la dernière année sur le terrain, à la rencontre de gens de partout, des Laurentides à l’Ontario, jusqu’en Nouvelle-Écosse. Chaque portrait est donc lié à un savoir-faire, qui peut être utile dans la vie des gens. Par exemple, Richard Sunerton, 83 ans et résident de Gore, nous apprend comment aiguiser des couteaux. Dans le livre, on propose donc on mini-guide pour bien entretenir un couteau en cinq étapes.
Aussi, Bozica Coholic nous apprend comment préparer du yogourt sans yogourtière. Elle a appris cette technique quand elle vivait en Croatie. La technique traditionnelle pour faire du yogourt là-bas est de vider l’estomac d’un veau abattu pour sa viande, le nettoyer, puis d’y mettre du lait durant trois à quatre mois. Le lait devenu sec peut ensuite être ajouté en petite quantité à du lait bouilli. « Je n’avais jamais entendu parler de ça ! », se surprend Eugénie.
Souvent, ces personnes ne sont même pas conscientes qu’elles possèdent ces savoir-faire, parce que ce sont des gestes et des actions qu’elles répètent depuis leur enfance, explique Eugénie.
Les savoir-faire, ce sont aussi des excuses pour raconter les histoires du passé de ces gens.
« De leur histoire, on apprend, on tire des réflexions pas seulement sur leur savoir-faire, mais sur notre réalité à nous », souligne-t-elle. Leurs conseils et leurs phrases l’accompagnent dans son quotidien. « On a fait ce livre en pleine pandémie, alors que les aînés se sont retrouvés isolés. Il n’y a pas de meilleure manière de contrer l’âgisme », soutient Eugénie.
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Le livre sera disponible au public dès le 4 octobre.