Marché 5 saveurs: Une épicerie de quartier unique en son genre
Par France Poirier
Cette semaine, je rencontre un épicier de quartier, un des rares qui existe encore dans un marché où les grandes surfaces prennent de plus en plus de place. Patrick Fortin du Marché 5 Saveurs a connu l’univers d’une grande épicerie, mais il voulait faire les choses à sa manière.
Lorsqu’on entre au marché, l’atmosphère y est conviviale et ce qu’on remarque c’est la beauté des étalages des fruits et légumes. De beaux produits frais et de qualité attirent notre regard. On a le goût de croquer dans une belle pomme rouge
Bien connaître sa clientèle
Pour Patrick Fortin, c’est essentiel de bien connaître sa clientèle et être à l’affût des nouveautés, de toujours évoluer. Quand on lui demande pourquoi les gens reviennent au Marché 5 Saveurs. « La notion de prix est importante. Si on n’est pas compétitifs face aux épiceries, ça ne fonctionnera pas. Le fait que nous n’ayons pas de bureau chef à subventionner, ça fait qu’on est capable d’avoir des prix compétitifs sur le marché », souligne le marchand. Dans un contexte où le coût de la vie est élevé, c’est important de pouvoir offrir de bons produits à bon prix.
Il y a aussi la qualité qui est un enjeu. « Notre qualité dépend beaucoup de notre exécution. Nos produits entrent dans notre glacière et le lendemain ils sont en vente. Dans les grandes épiceries, ils reçoivent leurs fruits et légumes, les mettent en entrepôt et les livrent aux marchands. L’exécution est moins rapide que nous. On travaille très fort sur l’exécution. Je pense qu’on travaille très fort sur la qualité et la diversité de l’offre. La clientèle apprécie.
« S’occuper de son monde »
Pour le propriétaire du Marché 5 Saveurs, Patrick Fortin, les employés sont au cœur de l’entreprise. « Ils sont en avant, ils connaissent les clients et ils sont à l’écoute. Ici, on a une soixantaine d’employés incluant notre partenaire la Boucherie Campbell. » Avec toute son humilité, il met de l’avant son équipe qui est sur le terrain, comme il le dit. « Moi, je suis un peu partout, mais il y a des spécialistes dans tous les départements », m’explique-t-il.
La main d’oeuvre a toujours été un défi, mais Patrick Fortin estime important de s’occuper de son monde. Travailler avec eux et avoir une bonne communication est essentiel. « Quand j’engage quelqu’un je dis toujours, “ qu’est-ce que je peux t’offrir et qu’est-ce ce que tu peux m’apporter ?”. Il n’y a pas de comparaison à faire entre les employés. Je fais une entente avec chacun des employés. J’essaie de créer des conditions gagnantes pour chacune des personnes et de créer un climat de travail agréable. On ne peut pas être parfait, c’est comme une famille », ajoute le marchand.
Le Marché 5 Saveurs compte plusieurs employés de longue date et la rétention du personnel est assez bonne, nous expliquait Patrick Fortin.
Bientôt 20 ans
Le Marché 5 Saveurs termine sa 19e année. « J’ai démarré l’entreprise avec mes beaux-parents de l’époque. J’avais entrepris mon métier d’épicier avec eux, il y a 35 ans, sous la bannière Provigo à Tremblant. J’ai pas mal tout fait dans l’épicerie », relate monsieur Fortin.
A un certain moment, ses beaux-parents ont décidé de vendre à Provigo. « Je suis allé travailler pour la corporation et je n’étais pas à l’aise. Après six mois, j’ai constaté que ce n’était pas pour moi. J’étais plutôt un libre penseur et quand tu ne peux pas utiliser le bon jugement face à des directives d’entreprises, je trouve ça difficile », souligne-t-il.
Il se souvient exactement du moment où il a décidé de partir. « J’étais avec un spécialiste à la charcuterie du respect des normes de l’entreprise. Il y avait de grands plats de salades et les plats étaient pratiquement vides. Le spécialiste félicite alors la gérante parce qu’elle respectait les normes de l’entreprise qu’il n’y avait aucune perte dans sa présentation. Je ne comprenais pas je lui ai dit: “sérieux tu es fier de ça ? Il n’y a pas de perte, mais tu ne feras pas de vente, il n’y a rien dans les plats. On est rendus là”? Le directeur du magasin était avec moi car j’étais un directeur en formation et je lui ai dit que je m’en allais, que ce n’était pas pour moi. Ce n’était pas dans mes valeurs », raconte-t-il.
C’est à ce moment qu’il a décidé de prendre une année sabbatique. « Un jour, alors que je sortais avec des amis sur la rue Mont-Royal, j’ai vu une fruiterie et j’ai réalisé que c’est ce que je souhaitais faire. J’ai mis environ deux ans à monter mon projet. On a trouvé le terrain et tout. Nous avons arrêté notre choix sur Saint-Jérôme, parce que je voyais le potentiel de développement ainsi qu’à Prévost qui est tout prêt », explique Patrick Fortin. Depuis l’ouverture, il a fait trois agrandissements.
« Aujourd’hui je suis fier de ce que j’ai réalisé. Une entreprise doit tout le temps grandir, le statu quo n’existe pas. On doit s’ajuster au marché. Il faut se questionner continuellement et regarder ce que le client recherche », soutient Patrick Fortin.