Pauline Filiatrault, au service des gens et de la société
Pendant 37 ans, Pauline Filiatrault a mené une carrière de travailleuse sociale. Aujourd’hui âgée de 80 ans, elle s’implique dans ce qu’elle appelle dorénavant sa « carrière d’aînée ».
« On est tellement longtemps à la retraite qu’on peut la considérer comme une deuxième carrière », lance-t-elle. « Retraité, ça veut dire se mettre en retrait de. Mais moi, je n’ai jamais eu l’impression de me mettre en retrait. J’ai toujours été active et engagée comme citoyenne. » Avec une énergie contagieuse, Pauline Filiatrault nous invite à repenser la retraite et le vieillissement.
La carrière professionnelle: un éventail de connaissances
Au début de ses études, le domaine du travail social est peu développé. L’assistance sociale, comme on l’appelle à cette époque, est gérée par les diocèses et reliée aux églises. Pauline complète d’abord des études en assistance sociale à Trois-Rivières. Puis, elle commence à travailler en tant qu’assistante sociale dans les années 60. Au fil de ses 37 années de carrière, elle a vu évoluer le travail social et s’est spécialisée au gré de cette évolution. Avant tout généraliste, Pauline a touché à un grand éventail de services sociaux.
Elle travaille en cliniques de traitement de désintoxication pour l’alcool et la toxicomanie. Elle oeuvre également auprès de la DPJ et au tribunal de la jeunesse à Montréal. À l’époque, les enfants et les parents ne sont pas représentés par des avocats, mais accompagnés par des travailleurs sociaux. Plus tard, alors que se développent les services sociaux dans les hôpitaux, Pauline travaillera aux urgences pour aider au triage et assister les infirmières. À la fin de sa carrière, elle étudie en gérontologie et travaille auprès des aînés dans les CHSLD.
En parallèle, Pauline continue d’étudier et d’acquérir de nouvelles compétences. Notamment, dans les années 80, elle obtient son baccalauréat en travail social. Dans les années 90, elle complète son dernier certificat, en études interdisciplinaires sur la mort. Pauline se retire du milieu professionnel en 2002. Une nouvelle carrière, qui la fait revenir dans sa région natale des Laurentides, débute alors.
La carrière d’aînée: citoyenne engagée
Madame Filiatrault prend quelques années pour s’ajuster à sa réalité en dehors du milieu du travail et pour s’intégrer dans la société. Rapidement, elle s’intéresse au domaine du logement, pour lequel elle s’implique encore aujourd’hui. En 2006, elle commence à travailler sur le projet de la Coopérative d’Habitation Le Bourg Saint-Antoine, dont elle est l’initiatrice. Il s’agit d’un projet de 41 unités de logement pour personnes âgées de 50 ans et plus, bâti en 2011, puis habité depuis 2012.
Depuis 2019, Pauline travaille également sur des comités de logement pour la CDC de la Rivière-du-Nord. Elle participe au développement d’un projet de studios communautaires. L’idée est d’utiliser des immeubles de petite taille pour offrir des logements communautaires. Ça vise aussi l’amélioration de l’accès au logement pour une clientèle variée, que ce soit les étudiants, les aînés ou les personnes vulnérable et aux prises avec des enjeux de santé mentale. La travailleuse sociale retraitée croit que le droit au logement devrait être inscrit dans la Charte des droits et libertés. « L’État se doit d’offrir du logement à toute personne dans la société. Et les municipalités doivent s’assurer que les logements soient propres et sécuritaires », ajoute-t-elle.
Pauline Filiatrault s’investit aussi auprès des aînés et travaille sur leur engagement, leur implication et sur le vieillissement. « Le constat social est qu’on ne peut pas se mettre à la retraite pendant 40 ans et faire uniquement des loisirs. Le retraite, ce n’est pas une récréation permanente. Les gens sentent, à un moment donné, le besoin d’être utiles », explique-t-elle.
Apprendre à être à la retraite?
Pauline souhaite que les personnes aînées soient davantage intégrées socialement, et qu’on ne les relie plus uniquement à la culture de la consommation. Les aînés doivent faire partie de la vie active et productive, croit-elle, et on doit valoriser leur apport au bien-être de la société. « On ne veut pas que les aînés soient mis dans un coin pour dépenser leur argent et faire vivre la société. Et on a raison de s’attendre à plus, parce qu’ils ont du potentiel qui doit être valorisé. »
Madame Filiatrault croit toutefois que ce potentiel doit être développé et stimulé. Dans notre société, il existe de l’enseignement supérieur pour rendre les gens plus qualifiés. Alors pourquoi ne pas favoriser une approche semblable, mais pour les personnes aînées? C’est ce que propose Pauline : des qualifications au vieillissement. « Il pourrait y avoir de l’enseignement aux aînés retraités pour qu’ils se qualifient et s’informent sur la manière de vivre. Ils apprendraient sur l’alimentation, sur la vie intellectuelle ou sur la condition physique. De la formation continue pour le bien-être du vieillissement! »
Pour défendre cette idée, Pauline Filiatrault souligne qu’on peut aujourd’hui passer jusqu’à 40 ans à la retraite. Et pour bien vivre, il faut continuer à s’instruire et à évoluer.