Pénurie de main-d’oeuvre : Les jeunes derrière le comptoir

Par Guillaume Marchal

Il vous est peut-être déjà arrivé d’entrer dans un McDonald’s, et qu’une troupe de travailleurs mineurs vous reçoit. Les commerces de la région ne font pas exception. Ils sont peuplés de jeunes employés. En cause : la pénurie de main-d’oeuvre. Le prix des logements, peu attractif pour les nouvelles générations, est l’un des facteurs aggravants de carence en apprentis. Pour pallier ce manque, les travailleurs actifs doivent augmenter toujours plus leur charge de travail.

En s’approchant des « fast food » de Saint-Sauveur, difficile de ne pas remarquer les affiches de recrutements placardées aux murs des commerces. « Nous embauchons. Horaires flexibles. Formation comprise », tout est bon pour attirer. Des organismes comme le Carrefour jeunesse-emploi, Laurentides Emploi, et Place aux Jeunes se mobilisent pour favoriser l’insertion professionnelle, mais la matière première manque. Encore trop de jeunes sont absents. L’exode rural et l’augmen-tation du prix des logements dans la région sont deux facteurs importants de cette crise.

Trop de postes à combler

Un matin, je m’en vais chercher un Américano au Tim Hortons de Saint-Sauveur. J’aperçois en cuisine un jeune employé haut comme trois pommes qui se tient sur la pointe des pieds pour attraper un gobelet. Loin des horaires de fermeture conventionnelle des grandes métropoles, la boutique clôt ses portes à 16 h tous les jours, sauf le samedi et le dimanche. Pour compenser, un service à l’auto de la compagnie est installé dans la station Esso en face de la boutique principale. « Il est régulièrement fermé lui aussi, faute d’employés », confesse une caissière du Esso.

Au Super C de la ville, les choses ne vont pas mieux. « Il nous manque 5 travailleurs, 3 occasionnelles, et deux permanents », déplore Cathia, co-gérante du commerce sauverois. « Ce matin j’ai une jeune qui m’a lâchée, j’ai dû rentrer au travail à 8 h. Ce soir je finis à 21 h. Y’a des jours où ce n’est pas tenable. », continue-t-elle. Lorsque je demande à une salariée du Provigo de la municipalité combien de postes sont vacants, elle souffle et laisse apparaître un visage las. Par la suite, on me demande gentiment de partir, m’expliquant qu’il est interdit pour les salariés de parler de ce genre de chose.

Conciliation école-travail

Les petits lutins du McDonald’s Bien souvent, au McDonald’s de Saint-Sauveur, la majeure partie des travailleurs sont mineurs. Un jeune de 13 ans est vêtu des couleurs de la firme. « Ça fait 3 mois que j’ai commencé à travailler ici. Je savais qu’à cause de la pénurie d’emplois, il serait facile pour moi de trouver un travail », affirme l’adolescent. Sa collègue de 14 ans, poursuit : « Je finis l’école à 16 h 20 et je travaille à 17 h. J’organise ma semaine de travail en fonction de mes horaires. Je finis souvent à 21 h », poursuit-elle.

« Mon frère travaillait déjà au McDo. Une grande partie des élèves de ma classe occupe un emploi. Mon père est fier de ce que je fais, c’est lui qui m’a poussé à postuler pour me faire un peu d’argent pour l’été », affirme le jeune. « Je gère bien ma vie professionnelle et mon travail scolaire. Mais c’est sûr que parfois c’est un peu difficile », conclut sa collègue.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *