(Photo : Courtoisie )
Roman Zavada improvise de la musique sur des images en noir et blanc du cinéma muet.

Roman Zavada démocratise le cinéma muet grâce au piano

Par Ève Ménard - Initiative de journalisme local

Piano et cinéma en plein air : c’est le combo que propose Roman Zavada, qui sera de passage dans les Laurentides prochainement. Le pianiste viendra y présenter Ciné-piano, une proposition unique dans laquelle il improvise de la musique sur des classiques en noir et blanc du cinéma muet.

À contre-courant du contre-courant

Jeune, Roman Zavada plonge rapidement dans la musique. Sa mère est pianiste et enseigne le piano à l’université. « Elle m’a initié ou du moins, elle a essayé », raconte l’artiste en riant. C’est qu’il ne s’est jamais contenté de suivre les trajectoires habituelles. Roman Zavada navigue plutôt à contre-courant et même parfois, à contre-courant du contre-courant, dit-il.

À 4 ans, il réalise sa première composition. À 12 ans, il est admis au Conservatoire du musique à Montréal. Mais son passage est bref et l’approche, « très rigide », ne lui convient pas. « Là-bas, on ne t’apprenait pas la composition, mais l’interprétation des œuvres déjà connues. Mais moi, à cet âge-là, je savais déjà que je voulais jouer mes compositions en public. Et c’est ce que je fais aujourd’hui, de manière très indépendante et sans grande équipe derrière moi. » Grâce à une formation principalement autodidacte et beaucoup de liberté, Roman Zavada mène donc les projets qu’il souhaite et redéfinit les limites de son art.

Un dialogue entre l’image et la musique

Depuis 20 ans, Roman Zavada accompagne, en tant que pianiste, les films muets à la Cinémathèque québécoise. Au moment où il débute ce travail, un déclic s’opère en lui : pourquoi ne pas concilier la musique à l’image et au mouvement ? C’est justement ce qu’il fait, par l’entremise du Ciné-piano. Et pour le public, l’expérience est magique. « On ne va pas juste voir un film, on assiste à une performance aussi. On oublie rapidement que quelqu’un joue. Mon rôle, c’est d’embarquer les gens dans l’histoire. Une trame enregistrée, ça ne serait pas la même chose. Ce côté live impressionne les gens », constate l’artiste et créateur.

Cet intérêt pour le jumelage de l’image au son l’a même mené jusqu’au Grand Nord canadien, il y a près de 10 ans. Il y installe alors un piano, sur lequel il compose, en s’inspirant du mouvement des aurores boréales. De cette initiative a résulté, en 2016, l’album Résonances boréales.

Hiver comme été, Roman Zavada joue et enregistre à l’extérieur.

Aujourd’hui, Roman Zavada travaille sur un autre projet, Forêt pour deux pianos, où la musique s’inspire de la nature. « On dirait que ça devient un peu ma signature », remarque-t-il. Depuis un an, le pianiste compose sur un piano à queue et un piano droit, installés directement en forêt, et sur un autre situé à l’intérieur. « Je combine les deux sonorités et j’enregistre selon ce que les pianos me donnent comme son. Le silence et le respire de la forêt, on l’entend beaucoup. Il y a une beauté là-dedans. C’est difficile à décrire, mais quand on joue entouré d’arbres, il y a quelque chose qui se passe et ça se reflète dans le son et dans l’interprétation », explique le pianiste.

Il joue, peu importe la saison ou la température. Son piano à queue a résisté aux changements de saisons, lui qui a même passé l’hiver à l’extérieur. « Je l’ai laissé dehors exprès pour qu’il se dénature un peu. Il y a une beauté dans l’imperfection aussi, dans le fait de ne pas accorder le piano au diapason. » Roman Zavada entame maintenant la finalisation de ce projet. L’album devrait sortir en mars 2024.


Roman Zavada dans les Laurentides

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