Ski de fond : James Jackson, le coureur des bois
Par Luc Robert
Rien n’arrête le Daniel Boone sur deux planches ! À 74 ans bien sonnés, le fondeur James Jackson s’affaire cette fois à préparer une exposition spéciale du Musée du ski des Laurentides : l’évolution de la discipline à travers la technologie, depuis les années 1900.
Détenteur du plus haut statut de « coureur des bois », l’adepte du plein air a ralenti ses activités, mais il cogite toujours une idée pour faire connaître et progresser sa discipline de prédilection.
« Je prépare une douzaine de paires de ski à exposer. Le concept touche la longueur, le noyau, la mousse en bois laminé des bottes et les fixations. Ce sera un voyage dans le temps pour comprendre d’où sont partis les skis et leur progression de confection contemporaine jusqu’à nos jours », a-t-il laissé savoir d’entrée de jeu.
Sa carrière
Comme plusieurs adeptes sur deux planches, James Jackson a tout d’abord fait du ski alpin, avant de se laisser séduire par les randonnées classiques en forêt.
« Vers 1967, je m’adonnais au ski alpin dans différents centres. Et puis, en 1976, j’ai découvert le ski de fond. J’ai adopté la discipline et j’ai décidé d’en faire plus. À 25 ans, je venais loger chez ma sœur à Val-David, quand j’étais un ski bum. Le ski de fond m’a permis d’explorer les racoins des Laurentides en 76-77. J’ai tellement apprécié la région que je suis déménagé à Morin-Heights en 1978, où j’habite depuis », s’est-il remémoré tout haut.
Le coureur des bois
Son titre de « coureur des bois émérite », il le doit à son entreprise personnelle de partir vers des vastes espaces, à la recherche de nouveaux paysages à contempler.
« Ça me fait un petit velours de voir ce titre accroché à mon nom. J’ai toujours apprécié skier dans les tracés des Laurentides, qui représentent un défi en ayant des sentiers plus étroits à naviguer entre les arbres. Le berceau du ski de fond se trouve ici, chez nous. Apprécions-le. »
Devant ses plans de recherche des grandeurs et de découvertes, M. Jackson s’est attaqué au Marathon canadien du ski, qui prend son départ chaque année d’Argenteuil, pour se diriger vers Outaouais.
« Le Marathon canadien de ski remonte à sa fondation en 1961. J’ai commencé à y prendre part en 1968. On parle d’une épreuve de 160 km, de Lachute jusqu’à Gatineau-Ottawa, en 10 étapes de 9,5 à 25 km. Il y a moyen de la parcourir par sections longues ou courtes. Les « randonneurs » franchissent le marathon par sections. Les skieurs « argent » le franchissent avec un sac à dos de 5 kilos. Et les fondeurs « or » sont plus rapides. J’ai été parmi les premiers à compléter la distance avec distinction. On dormait en forêt dans des sacs de couchage. Mon numéro de coureur, le 15, a été retiré. Il y a des gens encore meilleurs, qui ont réussi le parcours 35 fois. Mais je suis très content de mon palmarès. »
James Jackson a disputé son dernier Marathon canadien du ski en 2023. « De nos jours, je skie pour le simple plaisir, dans des distances raisonnables. J’essaie de traiter mon corps plus gentiment. Sinon, la récupération prend des jours. Je pratique le ski de fond pour conserver la santé, pas pour pousser au maximum comme avant. Ça me permet d’apprécier encore plus l’entourage et les paysages immédiats. Maintenant, je m’occupe plus de l’aspect administratif, en tant que président de la SOPAIR [Société de plein air des Pays-d’en-Haut]. Je veux faire admirer nos parcours et notre neige blanche aux résidents et aux visiteurs. J’ai troqué la scie mécanique et les pelles pour les stylos, les ordis et la planification. Mais j’adore toujours le bois ! », a-t-il achevé.
Exposition
M. Jackson a hâte que les gens puissent en apprendre plus long sur le ski de fond et ses conditions de pratique.
« On poursuit la tradition sur les sentiers. On s’adapte aux époques. De nos jours, c’est garanti que ça va marcher, tenir des épreuves, grâce à la neige artificielle. Dans le temps, on avait vite un fond de base de deux pieds d’épaisseur en janvier, malgré les redoux. Maintenant, c’est en mars qu’on connait les meilleures périodes pour s’élancer sur les tracés, avec un mètre de fond. Comme historien, je dirais que c’est la période d’enneigement qui a été repoussée plus tard en saison. On peut maintenant s’adonner au ski de fond jusqu’à tard en avril. Les périodes hivernales sont variables, mais elles sont toujours là, juste un peu décalées », a constaté le fondeur de longue date.
Si les canons à neige ont réglé une partie du problème d’accumulations naturelles par séquence, M. Jackson estime que la neige a besoin de plus de soins.
« Pour avoir une surface plate, avant on travaillait ça au minimum, avant de faire du traçage, dans le temps. Maintenant, il faut transformer la neige de la base, à l’aide de machines, la traitée pour qu’elle soit de qualité idéale. Encore ici, il faut s’adapter aux nouvelles réalités, mais tout est fait pour que le fondeurs soient traités aux petits oignons. Je fais encore occasionnellement du traçage, mais à mon âge, j’en laisse aux autres [rires]. Mes épopées aux marathons m’ont inculqué des notions que je peux utiliser à mieux planifier les saisons à partir du bureau », a-t-il conclu.