Une bulle en dehors du temps : Stéfani Meunier explore l’ambiguïté de l’adolescence
Une bulle en dehors du temps, le plus récent livre de l’auteure installée à Saint-Adolphe-d’Howard, Stéfani Meunier, est lauréat aux Prix littéraires du Gouverneur général dans la catégorie Littérature jeunesse. Le livre, qui s’adresse aux adolescents, raconte l’improbable amitié entre deux élèves de la même école, qui semblent pourtant aux antipodes.
Océane, 13 ans, est une première de classe. Elle a un trouble d’anxiété généralisé, craint et fuit le regard des autres, et possède une faible estime d’elle-même et de son corps. Roch, 15 ans, vit à toute allure, sans réfléchir aux conséquences de ses actions. Il consomme de l’alcool et des drogues, et passe quelque temps en centre jeunesse.
En forêt, près d’un ruisseau, les deux adolescents se réfugient loin des technologies, de la vitesse du quotidien, des normes et du regard des autres. « J’ai toujours aimé parler des lieux dans mes romans. Le lieu est vraiment important. C’est leur espace commun », explique Stéfani Meunier. Et c’est dans cette bulle qu’Océane et Roch partagent leurs réflexions, leurs peurs et leurs rêves, sans jugement et avec ouverture. Des discussions qui démantèlent les étiquettes et les préjugés qu’on impose aux autres.
Naviguer entre le « très négatif » et le « très positif »
D’un point de vue narratif, l’adolescence est une période extrêmement riche pour les écrivains. « L’adolescence, c’est un moment où tu es intellectuellement curieux. Tu es complètement là, tout ouvert. Tu veux tout savoir, tout voir et tout faire. Et tu crois encore que c’est possible. C’est une période à la fois très négative et très positive, tout est mêlé. Les moments charnières, ce sont vraiment les moments les plus intéressants à écrire », souligne l’auteure.
Une bulle en dehors du temps est d’ailleurs le premier livre jeunesse de Stéfani Meunier. « Dans mes romans, je parlais de plus en plus souvent des enfants, probablement parce qu’il y en a aussi dans ma vie. » L’auteure en a deux, un maintenant devenu adulte et une adolescente. « J’avais envie de parler d’eux, parce qu’ils font partie de mon quotidien », complète-t-elle. L’auteure dédie d’ailleurs son livre à la jeunesse et à l’adolescente qu’elle a été.
Pour écrire l’histoire et construire ses personnages, Stéfani Meunier s’est donc inspirée de son quotidien et des jeunes qu’elle côtoie, mais aussi de sa propre adolescence et de ses souvenirs. Le livre s’ouvre sur une phrase, « T’es pas si laide que ça », lancée à Océane par la mère d’une de ses amies. L’auteure raconte que ça lui est réellement arrivé, lorsqu’elle était jeune.
« Je ne pense pas que je sois laide ou que je l’aie jamais été, mais je le croyais profondément à cet âge-là. Ça arrive souvent quand on est adolescent. On n’a pas confiance en soi. Cette phrase-là m’avait vraiment marquée. Je me suis dit que ça ferait un bon point de départ pour un livre, puisque tous les adolescents, à un moment, se sentent mal dans leur peau, malheureux, ou laids. Ils ne veulent surtout pas être différents des autres », croit Stéfani Meunier.
La culture qui marque l’enfance
L’auteure raconte qu’adolescente, elle n’était pas « tout à fait normale ». « D’un point de vue culturel, je n’aimais pas nécessairement ce qui était populaire », dit-elle. Bien qu’elle lisait des romans pour enfants ou pour adolescents, elle lisait aussi, déjà, des romans pour adultes.
Elle se souvient également d’avoir été une « grande fan » de la chanteuse Monique Leyrac, qui n’était pourtant pas du tout de son époque. Vers 12 ans, elle a été particulièrement marquée par son album Monique Leyrac chante Nelligan, où l’artiste chantait les poèmes d’Émile Nelligan.
Les suggestions littéraires de l’auteure
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