Une première en Amérique contre la pollution sonore
Récemment, Morin-Heights a installé des sonomètres sur les routes provinciales qui la traversent. Ceux-ci s’allument si un véhicule qui passe est trop bruyant. « Le but principal est de sensibiliser les automobilistes. On veut que les gens qui font trop de bruit le voient et comprennent que ça dérange », explique Martin Robert. Celui-ci est président de l’entreprise Espacenet, à Morin-Heigths. Et ses sonomètres, uniques en Amérique, pourraient changer le bruit qu’on fait, et l’impact que ce bruit a sur nous.
« C’est la Municipalité de Morin-Heights qui nous a approchés, l’année passée. Ils cherchaient une solution à leur problème de bruit. On a fait des recherches, et il n’y avait rien qui existait en Amérique », raconte M. Robert. Mais il a trouvé en France, à Paris, deux entreprises qui avaient développé des sonomètres : des appareils qui mesurent le bruit. Espacenet s’est associée à l’une d’elles pour produire cette technologie ici.
Sur nos routes
Les routes 364 et 329 traversent Morin-Heights. Les voitures, les camions et, l’été, les motos qui y passent sont de plus en plus nombreux. Et le bruit qu’ils font dérangent la quiétude des résidents. « On ne s’en rend pas compte. C’est sournois. Parce que ce n’est pas quelque chose qu’on peut quantifié facilement », explique M. Robert à propos des impacts de ce bruit.
C’est pourquoi le but des sonomètres est d’abord pédagogique : sensibiliser les gens à faire attention. Ces appareils ont deux seuils programmables : un premier à 85 dB, et un second à 88 dB. C’est autour de ces décibels, équivalent à une tondeuse, un klaxon ou des aboiements, que le son devient dangereux. Sur la route, ce sont l’accélération ou la décélération brusques des motos, des voitures vieilles, mal entretenues ou modifiées, et des camions qui dépasseront ces seuils.
Pour les humains, une exposition à long terme peut avoir des impacts sur la santé physique et mentale, affecter l’ouïe, générer du stress, de la fatigue et un manque de sommeil, etc. Mais ce bruit peut aussi affecter la faune environnante. En plus de créer du stress, il peut perturber les communications entre les animaux, comme les oiseaux et les amphibiens, rapportait Radio-Canada dans un reportage. « On le faisait pour les humains. Mais j’étais content de voir qu’on peut aussi apporter du positif pour l’environnement », se réjouit M. Robert.
Un impact mesurable
Depuis l’installation des sonomètres, des résidents ont déjà vu une différence dans le niveau de bruit. Même M. Robert voit un impact. « On en a installé un à notre bureau. C’était pour faire des tests : la rue n’est pas très passante. Mais il y a l’autobus scolaire. Quand le chauffeur redémarrait, pour aller vers le haut de la montagne, le sonomètre s’allumait. Maintenant, il n’allume plus ! Je ne sais pas si le chauffeur s’est donné le défi de ne plus le déclencher », partage-t-il en riant.
M. Robert croit que cette nouvelle technologie pourrait avoir un impact positif partout au Québec. Il en a déjà vendus pour d’autres villes, qui seront installés quand la neige aura fondu. « On regarde aussi dans le secteur de Charlevoix. Il y a beaucoup de côtes et une route qui longe tous les petits villages. » Des sonomètres sensibiliseraient les camionneurs à l’utilisation de freins moteurs, par exemple, surtout la nuit.
L’entrepreneur parle aussi des quartiers résidentiels développés près des dépôts à neige, des chantiers de construction, etc. Bref, les applications et le potentiel des sonomètres semblent immenses.
Écouter notre environnement
En France, les recherches et le développement des sonomètres sont financés par des subventions gouvernementales. Un de ces appareils sera même bientôt homologué pour donner des contraventions aux automobilistes trop bruyants, un peu comme les radars photos sur l’autoroute 15, explique M. Robert. « Ici, on n’est pas encore rendu là », précise-t-il.
Cependant, son entreprise développe des sonomètres intérieurs, pour certains espaces publics. Ceux-ci pourraient être installés dans les cafétérias d’école, les couloirs d’hôpitaux, les bibliothèques ou les spas, par exemple. « Combien de fois on essaie de relaxer dans le sauna, et un groupe d’amis entre et se met à discuter ? Ça permettrait d’améliorer la qualité de l’expérience », illustre M. Robert.
Peut-être qu’avec plus de sonomètres dans nos lieux publics, on sera plus conscients du bruit qu’on produit, mais aussi de l’impact que le bruit ambiant a sur nous.