Joan Goodwin-Wilson Stein : Transmettre la passion du ski
Première femme au Canada à être directrice d’une école de ski, et deuxième dans l’histoire du ski, Joan Goodwin-Wilson Stein est décédée le 20 janvier dernier, à l’âge de 87 ans. Intronisée au Temple de la Renommée du ski des Laurentides en 2006, elle laisse dans le deuil ses cinq enfants et quinze petits-enfants.
« Le personnel et la direction du Mont Habitant est triste d’annoncer le décès de sa matriarche de longue date, Joan Stein. […] Malgré son décès, la mémoire de Joan et de ses accomplissements vivront toujours avec nous au Mont Habitant », écrit la station de ski, où Mme Stein a passé sa vie, sur sa page Facebook.
Professionnaliser l’enseignement du ski
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À l’âge de 16 ans, Joan Stein quitte son Ontario natale pour le Québec, afin d’obtenir la certification niveau 1 de l’Alliance des moniteurs de ski du Canada (AMSC). Elle obtient son brevet CSI, et elle se classe alors première parmi les femmes. Elle enseigne ensuite trois ans au Mont-Tremblant, où elle est l’une des quatre premières monitrices de ski embauchées par Ernie McCullough.
La station de ski Mont Habitant, à Saint-Sauveur, ouvre ses portes à l’hiver 1958-1959. Dès 1960, à l’âge de 25 ans, Joan Stein devient la directrice de l’école de ski. Elle s’occupe aussi de la boutique de ski et de la location d’équipement.
« À l’époque, j’avais 50 instructeurs », me racontait Mme Stein lors d’une entrevue en février 2024, pour les 65 ans de Mont Habitant. Il pouvait y avoir jusqu’à 400 enfants le samedi et 200 le dimanche venus pour les cours de ski.
Joan Stein met sur pied le programme « Ski Camp » de 12 fins de semaine que les familles suivent durant tout l’hiver : le premier du genre. Elle contribue ainsi à la professionnalisation de l’instruction du ski. Par exemple, elle utilise des tests standardisés pour les enfants : une approche ensuite adoptée par l’AMSC. Elle élabore également des séances d’évaluation et de formation continue pour ses instructeurs. « J’engageais des skieurs de niveau 4, le plus haut niveau [de l’AMSC], pour qu’ils donnent une leçon à mes instructeurs », me racontait-elle en 2024.
Pour Mme Stein, il était aussi important que l’enseignement se fasse dans le plaisir. Son programme inspirera ceux d’autres stations de ski des Laurentides et même d’ailleurs au pays. Joan Stein prendra sa retraite en 1995.
Une affaire de famille
Joan Stein et ses instructeurs ont ainsi formé des milliers de familles au ski. « J’ai eu des instructeurs qui ont appris à skier à l’école ici ! », avait-elle souligné lors de notre entrevue. Sa passion pour le ski s’est même transmise dans sa famille. Parmi ses cinq enfants, quatre ont été instructeurs de ski. Et aujourd’hui, deux de ses petits-enfants enseignent à la montagne.
D’ailleurs, pour Mme Stein, Mont Habitant est d’abord et avant tout une histoire de famille. « Mon mari, Marvin “Mickey” Stein, est mort en 1985. À l’époque, la station de ski était un “one-man show”. Quelques années plus tard, Dean Booth a repris l’entreprise. Et maintenant, c’est Shane, son fils », me racontait-elle.
Elle me parlait avec fierté de sa station de ski. Mont Habitant était la première station de ski à éclairer ses pentes et à permettre le ski de soirée, et parmi les premières à fabriquer sa neige. Malgré cela, elle croyait à l’époque qu’il s’agissait d’un risque, me confiait-elle. « Je m’occupais déjà de l’école et du magasin. Et c’était difficile d’avoir du personnel le soir aussi. […] Ç’a été un défi ! » Elle gardait aussi des souvenirs impérissables des soirées passées au bar Le Trappeur. « C’était le meilleur. Il y avait des spectacles et du divertissement. Et dans ce temps-là, les gens buvaient un peu plus ! », racontait-elle en riant.
Avec des informations du Musée du ski des Laurentides.