Palliacco : Marcher sous les étoiles pour célébrer la vie
Ce samedi 22 février, l’artiste France Castel et son voisin et ami Yves Galarneau, membre du conseil d’administration de Palliacco, participeront à la Randonnée sous les étoiles, à Morin-Heights. Ils marcheront en mémoire de Myrianne Mailhot, emportée par le cancer, mais aussi pour célébrer sa vie, sensibiliser les gens et amasser des fonds pour Palliacco.
L’objectif est d’amasser 300 000 $. Les fonds permettent à Palliacco d’offrir gratuitement de l’accompagnement, du soutien et du répit aux personnes atteintes de cancer, aux malades en fin de vie, à leurs proches et aux familles endeuillées.
« Apprécier quand ça va bien »
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Yves m’accueille dans sa résidence au mont Habitant. France Castel, qui habite à quelques pas, est déjà assise au coin du feu. Je suis venu parler avec eux de soins palliatifs, de cancer et de deuil. Mais tout le long de l’entrevue, ils me parleront avec le sourire et une joie contagieuse.
Yves me montre le grand tableau accroché au-dessus du foyer en pierre. « Dans ce tableau-là, on a tous les éléments qu’elle aimait : le ciel de Kamouraska, le saule pleureur, mon arrosoir rouge qui a été devant la maison pendant des années, et les fleurs. » Il parle de sa conjointe, Myrianne Mailhot, décédée il y a un peu plus de 2 ans.
« C’était une amie », ajoute France. « Je me souviens : je la voyais prendre son petit soleil sur le balcon. Elle prenait soin d’elle. On a souvent des fêtes de voisins et elle était toujours positive. On avait un lien très spirituel. »
Tout a commencé par un cancer du poumon, raconte Yves. « En 2012, elle a eu une lobectomie : ils lui ont enlevé le poumon gauche au complet. » La convalescence a pris à peu près un an. « Donc en 2013, ç’a été le bonheur total. On est partis pour Hawaï. On avait une « bucket list », et tu commences à cocher vite ! [Rires] Ça change. J’ai pris ma retraite. J’aimais beaucoup ce que je faisais et j’aurais pu continuer quelques années. Mais la vie nous envoie des messages. »
En 2014, cependant, un nouveau cancer fait son apparition, cette fois dans le poumon droit. « Mais ce n’était pas le même cancer. Ça, c’était surprenant », confie Yves. Que faire, lorsque le malheur s’abat encore sur nous ? Yves me répond avec le sourire, comme si c’était une évidence. « Tu profites du moment. Ça te fait juste apprécier quand ça va bien. »
« Avoir du courage »
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Malgré presque 10 ans de rémission, Myrianne est décédée il y a un peu plus de 2 ans. Elle a fait appel à l’aide médicale à mourir. C’est d’ailleurs France et son conjoint qui ont célébré ses funérailles, puisque Myrianne leur a demandé. « C’est quelque chose, de recevoir ça. Mais tu reçois le courage et la détermination d’une femme qui a fait ça toute sa vie, avoir du courage. Donc je n’avais pas le choix d’écouter et de faire ce qu’elle souhaitait », se souvient-elle.
« Quand Myrianne est décédée, moi, des bijoux de femmes, j’en porte pas beaucoup », lance Yves en riant. « Donc j’avais mis une table pour France, pour la remercier. Et elle a choisi la pierre. » « Je l’ai encore, et je pense à elle », me dit France en me montrant un petit bijou serti d’une améthyste. « On appelle ça la pierre de l’âme. »
« C’est toujours elle qui me donne de la force », ajoute France. Yves approuve. « Quand je pense à elle, ça me donne du gaz. »
« Un service essentiel »
Pourquoi Yves et France donnent-ils de leur temps pour Palliacco et participeront-ils à la Randonnée sous les étoiles ? « C’est un service essentiel ! », répond France. « Et nous sommes tous concernés, un jour ou l’autre. Qui sait si nous, ou un membre de notre famille, ou un proche de nos amis, aura besoin de ces services ? Myrianne et Yves, ce sont du monde débrouillard. Mais un moment donné, c’était trop. »
Yves admet qu’il n’aurait jamais pensé avoir besoin de ce soutien. « Ils m’ont beaucoup aidé. […] Durant le deuil, j’ai eu six rencontres individuelles. Il y en a en groupe aussi. J’étais même prêt à payer. Je voulais seulement savoir si ce que je vivais était normal », confie-t-il.
Palliacco aurait aussi pu lui offrir du répit, souligne-t-il. « Myrianne ne voulait plus rester seule. Elle avait peur de mourir seule. Donc ça prenait toujours quelqu’un, même quand j’allais faire l’épicerie. Heureusement, j’avais un entourage et des bons voisins. Mais il y a des gens qui sont seuls. Tout le temps de la maladie, Myrianne me disait : « Mais les gens qui sont seuls, ils font quoi ? » », illustre-t-il.
En sa mémoire
Ainsi, Yves a décidé de s’impliquer. « Je peux donner de l’argent, mais je peux aussi donner du temps. J’en ai donné l’an passé comme bénévole. Maintenant j’en donne comme membre du conseil d’administration. Et je donne un coup de main aux Randonnées sous les étoiles. Je sollicite des gens et on ramasse de l’argent. Palliacco fonctionne avec les dons et les subventions », souligne-t-il.
Pour France aussi, participer à la marche allait de soi. « Et ça sensibilise le public ! On est tous concernés. Qu’on le veuille ou non, on va tous mourir. [Rires] Si on n’est pas capables de le dire, on ne vivra pas comme il faut. Ce qu’elle nous a laissé, Myrianne, c’est : « vivons jusqu’au bout ». Et quand elle a eu à lâcher prise, elle l’a fait. C’est une grande leçon. »
La marche du 22 février à Morin-Heights sera d’environ 1 km. Du vin chaud et du chocolat chaud seront servis en haut de la montagne. Ensuite, les participants se retrouveront au chalet Bellevue pour un vins et fromages. Pour Yves, c’est aussi l’occasion de faire des rencontres, d’échanger et de tisser des liens. « C’est vraiment beau. Le sentier est éclairé par un jeu de lumières. L’an passé, il y avait une lune gigantesque. »
« Et c’est plus large que Palliacco », rappelle France. « On parle de la vie, de l’accompagnement, de l’amitié, de la mort, des soins à recevoir. C’est en mémoire de Myrianne et de plein d’autres personnes qui sont décédées depuis 3-4 ans. Et peut-être pour moi, un jour ! On va célébrer la vie », conclut France Castel.