COVID-19 : Comment faire face à l’anxiété
Par daniel-calve
Marie-Ève Paquette est sexologue et éducatrice spécialisée. Aujourd’hui, elle partage avec nous quelques outils pour apaiser l’anxiété provoquée par la situation de crise de la Covid-19.
« C’est une perte de repère pour tout le monde, souligne-t-elle. En ce moment avec les patients, ce thème-là est abordé. On prend le temps de regarder comment ils vivent ça, ils vivent leur regain d’anxiété. On va normaliser, aller dans l’optique que l’anxiété est une messagère. Quel est le message? Qu’est-ce que tu peux faire pour apaiser? Qu’est-ce qui est dans ton pouvoir personnel? Parce qu’on n’a aucun contrôle sur ce qui se passe présentement. Il est important d’aller puiser dans ses ressources, dans les forces de son pouvoir personnel. »
Éviter la contamination
Marie-Ève Paquette va normaliser l’anxiété, aider la personne à décoder. « En ce moment, on est dans une distanciation physique avec les autres pour éviter la contamination. On peut faire le même processus, mais dans l’entrainement de l’esprit : comment tu peux en venir à décisioner tes pensées pour éviter la contamination. Par exemple au lieu de dire je suis anxieuse, s’observer vivre un sentiment d’anxiété. Déjà une distance va s’installer. J’aime aussi que les gens donnent un nom à cette anxiété, nommer la boule, cette énergie angoissante; est-ce que c’est moi ou la boule qui est aux commandes ? Ce qui crée une dissociation entre l’anxiété et soi. Regarder ce qui t’empêche d’être dans ton pouvoir personnel, qui te domine dans tes pensées, pour revenir dans son pouvoir ».
Marie-Ève Paquette évoque aussi toute l’approche de Sonia Lupien, la fondatrice et directrice scientifique du Centre d’Études sur le stress humain.
« Je demande à mes patients s’ils ont l’impression d’avoir le contrôle sur ce qui se passe. Oui cette crise est imprévisible, oui personne n’était préparé, c’est nouveau. Oui il y a une menace à l’ego, on est en liberté restreinte, nous vivons une réduction au niveau des mouvements, une atteinte à la santé, notre sentiment de sécurité est atteint. L’anxiété est présente et elle est normale. Je demande aux personnes de nommer où est sa source, de parler de ce qui se passe et ça permet la distanciation, ça créé un espace. C’est un entrainement de l’esprit ».
La relation avec les autres
« L’important est de garder des moments à soi, des espaces, une communication franche et ouverte à partir du «je». Il faut faire la différence entre des demandes et des exigences : quand je te fais une demande, que tu me dises oui ou non, la réponse est correcte. Au lieu des attentes et reproches, revenir à la communication non violente en exprimant à partir de ses besoins, non pas : je suis écœuré, tout est l’envers, mais j’ai besoin que tout le monde participe au ménage de la maison. En ce moment, il y beaucoup de crises au niveau du ménage. Il est important de se créer des espaces où tout le monde est confortable, et se respecter dans ses besoins, faire preuve de flexibilité psychologique, de tolérance, d’être dans la bienveillance, la coopération. C’est le moment où le partage des tâches, la charge mentale et ménagère devraient être répartis entre les membres du couple et ne pas reposer sur une personne ».
D’autres trucs
Il est importent selon elle de limiter son action média pour éviter d’être parasité à longueur de journée. « Trouver des moments pour être informé et choisir des sources d’information crédible, comme le rendez-vous avec le premier ministre Legault, les médias nationaux et locaux, ne pas se laisser polluer, contaminer, par tout ce qui passe sur internet, choisir ses sources d’information. La distanciation doit réellement être à tous les niveaux pour éviter le contamination de l’esprit et physique ».
Nourrir le bon en soi
Selon Marie-Ève, les choses ne vont pas revenir comme avant. « Il y a des choses qui ne fonctionnaient pas du tout. On espère que ça va ouvrir plus vers la coopération, la solidarité, l’altruisme, qui ont fait qu’on a la civilisation actuelle. On le voit justement avec ce qui se passe au Québec. Les vents de solidarité qui se sont manifestés pour que tout le monde puisse s’en sortir. On voit la vraie nature de l’humain et elle est beaucoup plus dans la bienveillance que du chacun pour soi ».
Surtout, c’est le temps de méditer sur la compassion, la bienveillance, la sécurité, se stabiliser à l’intérieur, trouver sa paix, son calme, accueillir les émotions, respirer, faire de l’espace et poser une action utile pour nous permettre d’avancer, « on sera beaucoup plus solide pour poursuivre. J’encourage les gens de nourrir le bon en eux ».