Angèle Dubeau : La magie de partager la musique
Pour une 23e édition, la Fête de la Musique de Tremblant se tiendra durant la longue fin de semaine de la fête du Travail, du 1er au 4 septembre. Au coeur du village piétonnier de Tremblant, petits et grands pourront assister à 25 concerts gratuits donnés par des artistes québécois de tous les horizons. Entrevue avec la violoniste virtuose Angèle Dubeau, fondatrice et directrice artistique de l’évènement.
« C’est un beau weekend pour donner un dernier coup de chapeau à l’été. C’est devenu un rendez-vous. Nous sommes fidèles, mais le public et les artistes aussi », se réjouit-elle. « Le plein air, le site enchanteur de la montagne de Tremblant, être au pied de ce décor majestueux, et surtout la grande qualité de nos artistes : c’est une grande fierté de faire de ce podium un endroit où on peut connaître et reconnaître nos artistes », continue Mme Dubeau.
La musique sans barrière
Au fil de l’entrevue, on sent la violoniste habitée d’une passion contagieuse pour la musique et son désir de la partager. « C’est moi, personnellement, qui fait le choix de chacun des artistes et la programmation. Je le fais avec une oreille de musicienne, mais aussi avec un coeur ouvert. »
La directrice se fait un point d’honneur d’avoir une sélection variée de styles et de traditions, où le métissage des cultures est à l’honneur. Elle donne l’exemple de Kelztory, qui puise dans le répertoire traditionnel du klezmer, une musique de danse juive d’Europe de l’Est. « C’est tellement authentique ce qu’ils font. Mais ils revisitent aussi cette musique pour la mettre au goût du jour. »
Langaïa Salsa Brava, qui s’inspire de la salsa new-yorkaise des années 1970, promet aussi de faire danser. « Il y a 13 musiciens sur la scène. Ce sont des gens qui ont adopté notre pays, mais qui viennent avec leur bagage de Colombie, du Pérou, du Vénézuela. Ils ont une couleur qui les démarque, avec une grosse section de cuivres. »
Mme Dubeau parle avec admiration des nombreux artistes qui se produiront à Tremblant. « Je vais chercher l’excellence et la diversité, et sans barrière aucune. Il n’y a aucun préjugé en moi. Si vous prenez mon téléphone, oui il y a beaucoup de classique, mais il y a de tout, depuis toujours. Quand on voit la musique comme ça, ça ouvre nos horizons. »
D’ailleurs, le classique occupera aussi une place de choix, ajoute-t-elle. Des Étoiles du Conservatoire, qui présente sept étudiants et finissants de la relève, au pianiste de renommée internationale Charles Richard-Hamelin, qui offrira une prestation intimiste au piano public, tous y trouveront leur compte, assure-t-elle.
La magie d’être là
La Fête de la Musique est aussi faite pour toutes les générations, souligne Mme Dubeau. « Il y a beaucoup de familles qui viennent. Et quelle plus belle façon pour un enfant de se faire initier à la musique ! »
Aujourd’hui, la musique est plus accessible que jamais sur nos appareils. Mais l’effet est tout autre lorsqu’on assiste à la musique en personne. « La magie passe aussi par les yeux. On peut voir les instruments. Il y a une proximité : les gens sont tout près des artistes. Ils les voient respirer, transpirer. L’émotion est palpable. Et chaque instrument a une technique qui lui est propre. Cette magie-là, elle ne s’invente pas. » La violoniste donne l’exemple, parmi d’autres, du harpiste Antoine Malette-Chénier. « C’est imposant et impressionnant, la harpe avec toutes ses cordes, et de voir les doigts qui tricotent là-dedans. »
Selon elle, la participation du public est aussi importante que celle des artistes. « La raison d’être d’un musicien, c’est d’abord et avant tout son public. Quand on sent que le public est là, fidèle, qu’il vient nous entendre et qu’il nous accompagne, ça vaut tout. Pour un musicien, ce sont beaucoup d’heures de travail en solitaire. Et un moment donné, la magie se fait, et il y a un échange sur scène. »
Prochain album
Depuis près de 40 ans, Angèle Dubeau aime venir dans les Laurentides pour se ressourcer. « Quand j’arrive dans ma campagne, les épaules me descendent d’à peu près deux pouces. Être en contact avec la nature, c’est important pour moi. Il y a la richesse de ses montagnes, mais aussi les lacs. Quand je vois l’eau, c’est tellement apaisant ! Je me sens privilégiée. »
D’ailleurs, son plaisir coupable de l’été est de manger « trop de crème glacée », confie-t-elle en riant. « Parce que je la fais moi-même ! Dans nos forêts, on a de la vanille qui pousse, de la fleur de mélilot. J’en mets dans ma crème glacée. J’ai aussi commencé à en faire au sapin, et c’est bon ! », raconte-t-elle, un sourire dans la voix.
La violoniste peaufine présentement les derniers détails de son prochain album, son 48e en carrière, qui devrait paraître cet automne. Nommé Signature, il sera entièrement consacré à l’oeuvre de Philip Glass. « Je l’ai rencontré il y a 2 ans à New York. […] Il m’a dit que je pouvais faire ce que je veux avec sa musique. J’en ai profité. C’est un cadeau vraiment exceptionnel que j’ai eu ! »
La Fête de la Musique de Tremblant
Où : Dans le village piétonnier de Tremblant.
Combien : Gratuit
Quand : Du 1er au 4 septembre.
Vendredi à 19 h 30 : Jean-Michel Blais présentera des compositions de son album aubades, en formule quatuor.
Samedi à 19 h 30 : Yves Lambert, « icône de la musique folklorique au Québec », fera danser le village avec un grand orchestre.
Dimanche à 19 h 30 : Angèle Dubeau, entourée de La Pietà, mènera une soirée empreinte de nostalgie et d’émotion. « J’invite des artistes que j’aime et que je respecte. Je veux créer un moment unique. Cette année, la grande dame de la chanson Diane Juster a accepté mon invitation. On va enrober ses paroles et sa musique avec quatre ou cinq pièces. Ça va être un beau moment. »
Pour la programmation complète, visitez le site web de l’évènement.