Anne Berberi peint son nord
L’exposition Ne pas perdre son nord est présentée à la Place des citoyens, à Sainte-Adèle, jusqu’au 25 février. L’artiste peintre Anne Berberi y expose 44 aquarelles, inspirées de la neige, de nos sports d’hiver, des grands espaces et des lieux communautaires de la région.
« Mon thème, c’est vraiment d’aller chercher toutes les petites beautés du nord. Parfois, ce sont des moments de la vie quotidienne, ou les grandes beautés de la nature. J’aime capter la joie de vivre qu’on a ici », explique l’artiste en entrevue.
Anne Berberi commence à peindre alors qu’elle a environ 10 ou 12 ans, raconte-t-elle. « Ma mère était artiste, elle sculptait. Elle m’a trainée dans plein d’ateliers. » Toutefois, elle arrête à 18 ans. « Je suis entrée à l’université, en administration. Au grand découragement de ma mère, qui trouvait que j’avais fait un très mauvais choix », confie-t-elle en riant. Mais il y a environ 3 ans, elle a repris ses pinceaux. Elle a même laissé son travail en pharmaceutique pour se consacrer à l’art. « Ça fait un peu plus d’un an que je suis à temps plein là-dessus. C’était tout un plongeon. Mais je ne le regrette pas deux minutes. »
Une fille du nord
« Je suis une fille de plein air. Ça revient souvent dans mes toiles », indique la peintre. Plusieurs de ses oeuvres mettent à l’honneur les sports d’hiver, comme le ski nordique, la raquette, le patin, le fatibke et même la marche sur lac gelé. Une autre partie de l’exposition est consacrée au Grand Nord et ses grands espaces. « Je suis demeurée à Kuujjuaq pendant 2 ans et demi. Ça fait plusieurs années, mais ça m’habite encore. Quand tu vis dans cette immensité, tu ne peux pas les oublier. C’est d’une beauté crue, brute. Tout est à perte de vue. »
Des toiles représentent un troupeau de caribous, comme elle en voyait passer par sa fenêtre. Sur une autre, on voit une meute de loups. « Il y a les boeufs musqués aussi. Ils sont très typiques du nord québécois. Leur comportement est fascinant. Ils se regroupent pour se réchauffer et protéger le troupeau. Les plus jeunes et vulnérables se mettent au centre », explique Berberi avec passion. On voit le vent dans leur fourrure épaisse et la neige.
L’artiste aime aussi peindre des scènes du quotidien : les bâtiments patrimoniaux de Sainte-Adèle, la vie sur la rue Valiquette, les nombreux cafés où les gens se réunissent. « J’avais à coeur d’avoir le plus de lieux de rencontre possible. Ce sont des lieux l’fun. » Une toile montre des joueurs de pétanque, alors que les gars d’Espresso Sports, derrière, réparent un vélo.
Une technique spontanée
Il est rare que des artistes produisent des aquarelles aussi grandes. C’est que ce type de peinture laisse peu de place à l’erreur, m’explique Berberi. « C’est une technique très spontanée. Il faut planifier, mais on ne peut pas se reprendre. » La peintre garde le blanc de la toile à certains endroits. Aussi, l’aquarelle est transparente, ce qui lui permet de superposer les couches et les couleurs pour créer des effets uniques. « C’est ce qui m’attire dans l’aquarelle. Il y a un côté ludique aussi. »
« J’adore travailler la neige », souligne l’artiste. Avec le jeu de la lumière et des ombres, les nuances de gris, de bleu et parfois même de mauve, la neige peut avoir mille nuances, qu’elle prend plaisir à reproduire. « Je veux que les gens, quand ils regardent ma toile, sentent un peu comment on est heureux dans le bois : de voir cette luminosité, toute cette neige, ce territoire qu’on a. […] C’est un peu leur raconter leur histoire. »