Artiste multidisciplinaire : Une première exposition solo courue à Sainte-Adèle
Par Luc Robert
C’est sous le thème Réapprendre à voir que l’artiste Chantal Bellemare a présenté avec succès sa première exposition solo à la Place des citoyens de Sainte-Adèle, du 13 au 29 octobre derniers.
Mme Bellemarre a entre autres abordé plusieurs thématiques sur la Rolland, un patrimoine, parmi le total de 61 œuvres réunies sur place pour l’occasion.
« L’exposition a représenté un ensemble vécu au travers de mes expériences de vie, tant personnelles que professionnelles, dans les interventions humaines jumelées à ma passion pour les arts. Il s’agit d’une démarche artistique, qui va de concert avec mes valeurs intrinsèques et mon rôle comme animatrice pour l’organisme communautaire AVC Aphasie Laurentides », a-t-elle expliqué.
Artiste multidisciplinaire, elle varie les objets et peintures qu’elle réalise.
« Il est difficile de résumer tout ça, mais en bref, mes sculptures finissent souvent en toiles. À travers mes œuvres et mon processus de création, je déambule et recueille des morceaux de bois ou objets rouillés que les gens ont abandonné, brisé ou altéré, jugé imparfaits. J’en prends soin, je les répare – je les observe. Je mets en dialogue plusieurs fragments, en créant des assemblages, toiles, dessins, sculptures, en employant plusieurs langages, mediums (techniques mixtes). L’objectif est de créer un tout, teinté de ma sensibilité poétique, à l’écoute des matériaux recueillis, afin de les remettre en valeur et d’en dévoiler la beauté. Ça fait du bien d’arrêter, de regarder les objets et de les recréer », a-t-elle fait valoir.
L’entropie et la neguentropie
Dans sa démarche, Mme Bellemare éprouve du plaisir à jouer avec le désordre, pour reconstituer ensuite un facteur d’organisation à des systèmes physiques éparpillés et dissous avec le temps.
« Premièrement, sachez que je suis totalement indépendante des changements qui s’effectuent à la Rolland. Mes œuvres n’ont rien à voir avec le politique. Sur place, je récupère plusieurs fragments de la bâtisse de la Rolland, qui se retrouvent dans mes oeuvres. Je suis fascinée, inspirée par la richesse des matériaux provenant de la Rolland. Tout l’art du monde se trouve dans une simple tache, un simple morceau métallique rouillé. Il s’agit de matière brute qui décrit bien le passé et son évolution. J’aime bien revaloriser ces matières », a-t-elle évoqué.
Résidente de Sainte-Adèle depuis plus de 15 ans et amoureuse de la nature du secteur de Mont-Rolland, l’artiste accompagne sa démarche de plusieurs analyses et réflexions.
« Je prends soin des morceaux recueillis, j’effectue des recherches sur les fragments, procède au tri et je les recolle. Même la rouille devient poétique : ça dénote un changement continuel de la matière. »
Carrières alternées
Chantal Bellemare a débuté un baccalauréat en arts visuels et médiatiques à l’UQAM, à temps partiel, en 2018. Après une réorientation de carrière, elle a plongé à temps plein aux études pendant deux ans. Actuellement de retour à temps partiel sur les bancs d’écoles, elle entame sa dernière année du bac, tout en conciliant ses projets artistiques et son autre travail à temps partiel.
« Je viens d’une famille, d’un monde musical. Je jouais du violon dans ma jeunesse. J’essaie toujours de voir les bons côtés de la vie. Ça me choque quand j’entends dire qu’un objet est imparfait, à cause par exemple de la rouille. Quand les gens sont venus voir mes oeuvres, plusieurs ont compris ma démarche. Plusieurs m’ont dit vouloir ressortir leurs pinceaux et crayons. Une jeune fille a même reproduit la roche vue à mon exposition, à son école. Les gens sont curieux et sont intrigués par l’évolution des objets. Je reviens à la rouille : ce n’est pas juste dégoûtant, juste différent », a achevé la dame qui atteindra la 40e sous peu.
