(Photo : Jessy Brown)
Daniel Lemire sera à Saint-Jérôme le 16 mars.

De retour sur scène : Entrevue avec Daniel Lemire

Par France Poirier

Daniel Lemire souligne ses 40 ans de carrière en présentant un nouveau spectacle. Il sera de passage à Saint-Jérôme le 16 mars prochain au Théâtre Gilles-Vigneault. Il s’agit d’une première pour ce spectacle à Saint-Jérôme.

À quand remonte votre dernier spectacle ?

J’avais fait un spectacle avec Pierre Verville avant la COVID. Ça fait un bout de temps. Mon dernier spectacle en solo date de 2015 environ.

Au cours de votre carrière, vous en avez fait combien ?

J’ai fait une dizaine de spectacles solo au cours de ma carrière.

Qu’est-ce que vous avez fait durant ces années ?

J’ai fait autre chose. J’ai écrit la série télé Smash et une pièce de théâtre, Clash. Ça m’a occupé pendant 5-6 ans. J’étais au début de la cinquantaine et j’avais le goût de ralentir. À l’époque, on faisait beaucoup de scène. On tournait beaucoup. On se rend compte que le stress est toujours là et ça use. J’ai suivi ma blonde dans son travail. Elle allait au Mexique, je me rendais avec elle et, là-bas, j’écrivais. C’est un retour d’ascenseur : quand moi, je roulais beaucoup, elle s’occupait de la famille.

L’actualité fait partie de vos spectacles, mais la façon de la consommer a changé. Comment rejoignez-vous les nouvelles générations ?

Je parle des choses qui me préoccupent, des choses qui touchent moins les générations plus jeunes. Mes salles ont plutôt un public de plus de 40 ans. Il y a tellement d’humoristes, les jeunes suivent ceux qui parlent des sujets qui les intéressent. Je ne cherche pas à aller chercher un public plus jeune.

Quels sont les sujets que vous abordez en 2024 ?

Honnêtement, ce qui est difficile, c’est que l’actualité est moins présente. Plusieurs personnes me disent qu’ils ne suivent pas l’actualité. C’est assez déprimant. Il faut trouver des angles comiques. La guerre n’a rien de comique. Chez les plus jeunes, il y a de l’éco-anxiété, c’est difficile de faire rire avec ça. Je relisais ce que j’avais écrit il y a 25 ans. À l’époque, les changements climatiques étaient une vision du futur et là, on est dedans. C’est une question de dosage. Je parle de pénurie de personnel. Aujourd’hui aussi, il y a moins de tolérance. Comme on dit : les fils se touchent rapidement. Je joue un gars qui est en thérapie à la suite de six cas de rage au volant.

Il y a beaucoup de sujets qu’on ne peut plus aborder en 2024 qu’on abordait dans les années 80. J’imagine que vos personnages ont changé ou vous avez passé à de nouveaux personnages ? De quoi parle Oncle Georges maintenant ?

Oncle George a trouvé une voie intéressante. Il fait un bilan de carrière. Il voulait faire des sous sans travailler. Il est devenu influenceur et ça, c’est dans l’air du temps. Ça permet d’aller ailleurs. Le travail était de renouveler les personnages au goût du jour. Il y a une grande partie de stand-up dans le spectacle.

Quels sont vos sujets d’actualité de prédilection ?

Les courants sociaux m’intéressent. Il y a un clivage. Avant, quelqu’un n’était pas de ton avis, c’était ça. Maintenant, si quelqu’un n’est pas de ton avis, il t’envoie des menaces. Tu es pour ou contre moi. Il y a de moins en moins de nuance. J’ai remarqué que les gens ne lisent plus entre les lignes et prennent beaucoup au pied de la lettre. Ce qui m’aide, c’est qu’avec des personnages, je peux plus m’en permettre et avoir des propositions qui ne passeraient pas si je les disait en moi-même. Mais encore là, pas trop. On ne peut plus rire de certaines choses, comme des défauts physiques, du racisme, du sexisme, ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi.

Est-ce votre dernier spectacle ?

Ça se pourrait, mais je ne veux pas jouer là-dessus, parce qu’on ne connaît pas l’avenir. Après la COVID, j’avais le goût de revenir parce que j’avais des choses à dire.

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