Du 25 juillet au 5 août : Place au Festival des arts de Saint-Sauveur
Par Martine Laval
28 ans de danse en plein cœur des montagnes
Le Festival des Arts de Saint-Sauveur existe depuis 28 ans et l’édition de l’an dernier a battu tous les records d’assistance.
Serait-ce que la danse se démocratise et attire de plus en plus les amateurs, les néophytes et les curieux de tous âges ? À la bonne heure, car la danse a en effet grandement évolué. Pas qu’elle ne soit plus ce qu’elle était. Au contraire. Elle est tout ce qu’elle a toujours été, et tellement plus!
De nos jours, la danse demande tant de prouesses techniques, athlétiques et créatives qu’elle en est époustouflante. Accessible à tous, elle n’est plus le spectacle élitiste que l’on supposait, mais bel et bien l’expression personnalisée, inventive et unique de chaque âme artiste désirant s’exprimer par son corps.
Cette année, le Festival des Arts de Saint-Sauveur, dirigé artistiquement depuis cinq ans par Guillaume Côté, danseur, chorégraphe et compositeur à l’esprit ouvert à toutes les formes d’expression sera encore une fois une aventure emplie de découvertes impressionnantes et inspirantes qui saura agrandir les horizons de tous et chacun.
« Je recherche des produits raffinés, mais uniques. Il faut me proposer une couleur, quelque chose qui va m’allumer », exprime Guillaume Côté qui souhaite plus que jamais offrir aux spectateurs une diversité autant culturelle que stylistique.
Alors, place à la danse dans la Vallée de Saint-Sauveur, et bienvenue à celles et ceux qui vibrent à la vision du mouvement et au son de la musique!
Le Festival des Arts de Saint-Sauveur du 25 juillet au 5 août
Grand chapiteau et scène du Parc Georges-Filion
50% sur les billets pour les moins de 30 ans
Passeports :
20% pour les spectacles de danse
25% pour la série complète des sept spectacles
Billets disponible sur Ticketpro1 866 908-9090 ou festivaldesarts.ca
Pour info : www.festivaldesarts.ca
Les femmes chorégraphes à l’honneur
C’est dans un esprit tout en féminitude que la 28e édition du Festival s’amorcera avec l’énergie percutante de Dorrance Dance qui réinvente et révolutionne la danse à claquettes. Suivra la soirée Plamondon-Barbuto-Kiel, une Danse à trois temps par trois femmes chorégraphes d’ici. Viendra par la suite Trace de Red Sky Performance.
Sandra Laronde : La directrice artistique de Red Sky Performance – chef de file de la danse autochtone contemporaine au Canada et dans le monde – se donne pour mission de témoigner de la force, de la beauté et de la résilience des peuples autochtones et présentera Trace.
Michelle Dorrance : Fondatrice et directrice artistique de Dorrance Dance, c’est l’une des danseuses à claquettes les plus recherchées de sa génération et l’une des chorégraphes les plus imaginatives d’aujourd’hui selon The New Yorker. Ses chorégraphies sont interprétées dans le monde entier et ont été présentées dans de nombreux théâtres, clubs et festivals. Enseignante passionnée, elle a enseigné sur Broadway et partout dans le monde. Elle est récipiendaire de maints prix et honneurs.
Anne Plamondon : La danseuse-interprète au parcours impressionnant est devenue chorégraphe. Elle offrira le duo Counter Cantor, co-chorégraphié avec Emma Portner, véritable symbole de cette génération très habile à faire valoir son art à travers les réseaux sociaux. Anne Plamondon et la jeune chorégraphe de 20 ans sa cadette présenteront un duo de 18 minutes à propos de cette rencontre des générations.
Gioconda Barbuto : La danseuse-soliste polyvalente et magnétique est devenue chorégraphe de renommée internationale d’une cinquantaine d’œuvres parmi lesquelles des solos, des duos, des pièces de groupe et des films. Elle est régulièrement invitée pour enseigner aux acteurs et artistes de cirque, aux chanteurs et danseurs un peu partout dans le monde. En première mondiale à Saint-Sauveur, elle réserve au FASS la primeur de sa nouvelle création, Theatre III.
Hanna Kiel : Originaire de la Corée du Sud établie à Toronto depuis 2008, elle présentera un extrait de Resonance, inspiré d’un mouvement politique sans précédent en Corée du Sud en 2016. Mise à part sa collaboration avec Yoko Ono en tant que danseuse et chorégraphe au Centre A de Vancouver, elle est la directrice artistique de Human Body Expression et l’une des fondatrices du collectif The Garage.
À la rencontre de
Anne Plamondon
M.L. – Alors qu’elle revient d’une tournée en Europe au début des années 2000, Anne Plamondon cherche un sens à sa danse et désire s’impliquer dans une démarche de création pour construire quelque chose avec un chorégraphe.
Elle découvre la compagnie RubberbandDance. Ébahie par l’ingéniosité, l’inventivité, la démarche et la vision de la danse de son créateur Victor Quijada, le coup de cœur créatif est instantané. Elle qui vient d’un milieu classique et a dansé avec des compagnies de danse contemporaine, elle découvre un style libre (freestyle), une fraîcheur, des idées nouvelles et un langage corporel inconnu.
Le parcours unique du danseur qui a grandi dans les rues de Los Angeles avec le Hip-Hop et le B-boying pour devenir danseur classique aux Grands Ballets Canadiens l’impressionne, et son désir de créer un pont entre les deux univers à l’opposé l’un de l’autre, l’attire.
Elle s’investira alors pendant 12 ans avec Victor Quijada en tant que muse-interprète, pour devenir codirectrice artistique de RubberbandDance dont elle enseigne encore la méthode à ce jour.
Chorégraphe par nécessité
D’abord et avant tout interprète de la danse, Anne Plamondon ressent toutefois le besoin de créer. Par nécessité, elle crée donc sa propre compagnie A.P. Productions et montera un premier solo, Les mêmes yeux que toi (2012), puis un deuxième, Mécanique nocturne (2017), les deux de 60 minutes de danse seule sur scène!
« J’ai créé ma compagnie pour danser des rôles qu’on ne m’avait pas encore confiés et que j’avais envie d’interpréter. Je me suis donc mise à chorégraphier pour cette raison, dansant encore et toujours plus, me transformant dans des états que j’avais envie d’explorer. »
Une invitation au public
De l’avis d’Anne Plamondon, on ne peut laisser un seul spectacle de danse déterminer notre intérêt pour cet art si diversifié. « Il faut trouver la danse qui nous parle personnellement. C’est en explorant les différentes manifestations et propositions, et en prenant le temps de trouver son style d’expression, qu’on découvre ce qui nous touche et nous fait vibrer. »
Le FASS étant l’occasion rêvée pour ce faire, « laissez-vous transporter en laissant le rationnel et l’intellect de côté, poursuivra-t-elle. La danse est un langage abstrait puisque sans mots où seul le corps s’exprime. Laissez-vous alors éblouir. Accueillez l’expérience du mouvement et de la musique. Il est fort possible que vous ressortiez avec un certain questionnement, un mystère ou une surprise à digérer. Laissez-vous flotter sur ce que vous venez de voir et de vivre, et acceptez ce voyage. »
Nouveauté
Les Premières Nations laissent leur Trace
M.L. – À l’avant-garde de la performance autochtone contemporaine au Canada et dans le monde, Red Sky Performance fait ses débuts au Festival des Arts de Saint-Sauveur avec Trace, une œuvre de danse contemporaine inspirée de la cosmologie et du ciel étoilé.
En créant, produisant et diffusant des nouvelles créations et de nouveaux événements qui mettent en lumière des thèmes, des esthétiques et des valeurs importantes pour les peuples autochtones, Red Sky Performance influence considérablement l’évolution de l’art autochtone qui se fait ainsi connaître aux autres provinces et territoires du Canada et au reste du monde.
« La culture autochtone a toujours existé », exprime Sandra Laronde, fondatrice et directrice artistique de Red Sky Performance. Elle ajoute que ce ne sont pas les Autochtones qui ont évolué, mais plutôt l’intérêt des autres peuples envers cette culture. « C’est très récent, et ce n’est que depuis 10 ou 15 ans que l’intérêt se manifeste fortement envers les différentes formes d’art des Premières Nations au Canada », spécifie celle qui a également été la directrice des arts autochtones du centre des Arts de Banff pendant neuf ans.
Trace au FASS
« Nous sommes enchantés de venir danser dans le cadre naturel des Laurentides et de participer au FASS pour la première fois, souligne Sandra Laronde. Trace est à propos de tout ce qui est retraçable, de tout ce que les gens laissent derrière eux, des fossiles, des cicatrices, des langues… Il s’agit de regarder toute chose comme ayant une origine. C’est la recherche de la source dans sa version autochtone et selon des astronomes, des astrophysiciens et des astrobiologistes pour la plupart issus des Premières Nations. »
Avec sept danseurs, dont la moitié sont des Autochtones et trois musiciens live sur scène, Trace n’est pas de la danse traditionnelle autochtone, mais de la danse contemporaine d’inspiration autochtone.
« Si vous êtes intéressé à découvrir une danse exigeante physiquement, une nouvelle musique à vos oreilles, l’expérience de la danse et de la musique autochtone sera une merveilleuse surprise, invite Sandra Laronde qui croit que le FASS pourrait avoir une grande influence pour la diffusion de la culture autochtone dansée. « Une chose est sûre, confirme la créatrice, vous ne verrez plus la Voie lactée de la même façon. »
Chorégraphiée par Jera Wolfe sur une musique composée par Eliot Britton, Trace a été conçue et mise en scène par Sandra Laronde. Mettant en vedette sept danseurs et trois musiciens, la pièce est lauréate de deux prix DORA récemment remportés.
Trace remonte le fil du temps jusqu’au début de l’univers depuis nos origines ancestrales qui traversent la Voie lactée jusqu’aux atomes qui brûlent en nous, sur Terre. Depuis 2003, Red Sky Performance a donné plus de 2 253 représentations au Canada ainsi que dans 17 pays sur 4 continents et a reçu huit prix et nominations entre autres reconnaissances.