Kim Thúy : Raconter la guerre par l’amour
Em est le quatrième roman de l’auteure québécoise d’origine vietnamienne, Kim Thúy. Le livre raconte l’histoire de deux jeunes orphelins vietnamiens et de toutes les personnes qui les ont précédés. Malgré le destin tragique de leurs prédécesseurs, l’amour gagne toujours.
Celle qui a vu la guerre au Vietnam pendant son enfance, et qui a quitté le pays avec sa famille pour venir au Québec, raconte dans ce livre, cette triste période. À travers des parcelles d’histoires vraies et touchantes, Kim Thúy parvient encore une fois à trouver la beauté dans les pires atrocités. Comme elle le dit si bien : « C’est en temps de guerre qu’on aime le plus. »
Humaniser la guerre
L’auteure raconte que ce livre s’est forgé au fil des années, des rencontres et des témoignages qu’elle a entendus. Voulant humaniser ce conflit, le roman relie les grandes lignes de la guerre au Vietnam à des récits de personnes qui l’ont vécue. L’histoire commence dans les champs de caoutchouc et rejoint les femmes vietnamiennes des salons de manucure, en passant par l’opération américaine Babylift. Celle-ci avait pour but d’évacuer des enfants orphelins, nés de l’union entre des soldats américains et des femmes vietnamiennes. Au cours de la lecture, les fils se rattachent et tout se relie, comme ceux de la page couverture, réalisée par l’artiste Louis Boudreault.
Ainsi, un personnage nous amène à une rencontre, une histoire d’amour à une naissance. Une tragédie nous relie à des soldats qui ont été manipulés pour tuer – même des enfants dans les bras de leur mère. « Presque tous les personnages du livre ont existé. C’est ce qui est atroce. Ils ont eu des destins tellement difficiles. Les horreurs que je raconte dans mon livre sont réelles, elles ne sont pas de la fiction », confie l’auteure.
Des millions d’histoires
De cette guerre qui a duré plus de 20 ans, Kim Thúy raconte seulement une fraction du drame. « Les histoires microscopiques sont tellement nombreuses. Je pense qu’on ne pourrait jamais toutes les raconter. Chaque personne a vécu cette violence différemment, autant du côté des Américains que des Vietnamiens. » En une centaine de pages, l’auteure nous amène dans la réalité de ces personnes, une réalité qui varie selon la perspective, mais qui permet de mieux comprendre les évènements, au-delà des chiffres. « C’est comme si j’avais toujours connu cette guerre de façon globale, mais la recherche permet de prendre une loupe et de regarder de plus près. »
Kim Thúy sait comment trouver la beauté, même dans la haine. Son objectif à travers l’écriture est de montrer la grandeur des gens lorsqu’ils se retrouvent dans des situations extrêmes. « La plus grande beauté se révèle dans les moments les plus difficiles. »
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Em signifie « petite soeur », « petit frère », « le ou la plus jeune » en vietnamien ou encore le verbe aimer à l’impératif.