Histoire : Les drapeaux du Québec
Adopté le 21 janvier 1948, le drapeau du Québec fête cette année ses 75 ans. Pour l’occasion, voici une courte histoire des drapeaux qui ont représenté notre belle province.
Nouvelle-France
La Nouvelle-France n’a pas vraiment de drapeau qui la représente. En fait, le pavillon blanc du Royaume de France et les armoiries du Roi représentent le pouvoir royal dans la colonie. Mais à leurs côtés flottent les étendards des gouverneurs, des compagnies commerciales, des régiments militaires et des différentes marines.
Toutefois, on y retrouve déjà les symboles du drapeau actuel : la croix du christianisme, le blanc de la France, et la fleur de lys et le bleu de la royauté.
La Conquête
Après la Conquête britannique en 1763, c’est l’Union Jack qui flotte dans la Province of Quebec. Symbole du Royaume-Uni encore aujourd’hui, ce drapeau est l’assemblage de trois croix qui représentent chacune l’Angleterre, l’Écosse et l’Irlande.
En 1868, peu après la formation de la Confédération canadienne, la reine Victoria accorde des armoiries au Québec. Celles-ci sont formées de feuilles d’érable, d’un lion et de fleurs de lys. On forme ainsi le Blue Ensign du Québec : premier drapeau officiel de la province.
Avec un fond bleu ou rouge, l’Union Jack en haut à gauche et un symbole à droite, ce genre d’étendard colonial se voit encore aujourd’hui. On peut penser au drapeau de l’Ontario, du Manitoba, de l’Australie ou de la Nouvelle-Zélande, par exemple.
Cependant, ce drapeau est peu ou pas utilisé, et l’Union Jack flotte au-dessus du parlement québécois jusqu’en 1948.
Les Patriotes
Dans les années 1830, les Canadiens français revendiquent plus d’autonomie et une identité propre. Cela mènera à la rébellion des Patriotes, en 1837-1838. En 1832 apparaît le drapeau des Patriotes : trois bandes horizontales verte, blanche et rouge.
Son symbolisme fait toutefois débat. Il pourrait représenter les Irlandais (vert), les Canadiens français (blanc) et les Anglais et Écossais (rouge). Il pourrait aussi s’inspirer du tricolore français (bleu, blanc, rouge), adopté durant la Révolution française.
On y ajoute parfois un emblème : un castor, des feuilles d’érable, un maskinongé ou, dans sa version contemporaine, une étoile jaune et Le Vieux de ’37, une illustration d’Henri Julien représentant un patriote armé, pipe au bec.
Le Carillon
La bannière de Carillon aurait été utilisée en 1758. Avec 4 000 hommes, Montcalm remporte à Fort Carillon une victoire contre 16 000 soldats britanniques. On retrouve des fleurs de lys aux quatre coins du drapeau, avec au centre les armoiries royales d’un côté et la Vierge Marie de l’autre.
La bannière est redécouverte en 1848, grâce aux recherches de l’avocat Louis de Gonzague Baillargé. En 1902, elle inspire l’abbé Elphège Filiatrault qui crée le Carillon moderne : sur fond d’azur, quatre fleurs de lys blanches pointent vers le centre, avec une croix blanche. L’année suivante, on y ajoute un Sacré-Cœur au centre.
Le fleurdelisé
Après la Seconde Guerre mondiale, les Québécois veulent un emblème qui leur est propre. En 1946, le député indépendant René Chaloult inscrit une motion pour adopter un drapeau. On évalue alors plusieurs propositions.
Mais Maurice Duplessis, alors premier ministre, veut la paternité de ce nouveau symbole. Par décret ministériel, il adopte le fleurdelisé, une version légèrement modifiée du populaire Carillon, comme emblème officiel du Québec. Le 21 janvier 1948, alors que les parlementaires doivent débattre la motion du député Chaloult, Duplessis fait hisser ce drapeau au-dessus de l’hôtel du Parlement, et place le Québec devant le fait accompli.
Il déclare : « Nous voulons qu’il affirme notre désir de vivre et de survivre, et qu’il soit le présage de l’avenir glorieux qui attend le Québec. » Quelques semaines plus tard, il profite de la popularité du nouveau drapeau pour déclencher des élections. Son parti, l’Union nationale, y doublera son nombre de sièges.
Le Québec devient ainsi la première province a adopté un drapeau distinctif. Le drapeau du Canada, l’Unifolié, n’est quant à lui adopté qu’en 1965.
Source : Wikipédia, Gouvernement du Québec, Radio-Canada