La Montagnarde, à Saint-Adolphe-d'Howard, offre une résidence artistique en nature. Courtoisie

La Montagnarde : Lier l’art et la communauté

Par Simon Cordeau (initiative de journalisme local)

Pour une deuxième année, La Montagnarde accueille trois artistes en résidence à Saint-Adolphe-d’Howard cet automne et cet hiver. « Cette année, on a misé davantage sur des artistes de la relève et une artiste autochtone accomplie », explique Annie Roy, artiste et co-fondatrice de l’ATSA – Quand l’Art passe à l’Action.

Avec cette résidence artistique, Annie souhaite offrir un espace de ressourcement et de création, mais aussi tisser des liens avec la communauté et rendre l’art plus accessible pour tous.

La relève et l’expérience

Dans Anatomie d’un produit commercial, DADA s’intéresse à son identité racialisée. (Photo : Courtoisie)

L’artiste DADA était à La Montagnarde du 16 au 26 octobre et y retournera du 28 janvier au 7 février. Née en Haïti, elle est arrivée au Québec très jeune et vit dans le quartier Ahuntsic de Montréal. « À 25 ans, elle est déjà avocate et elle a passé son barreau. L’éducation est extrêmement important dans sa famille. On insistait beaucoup pour qu’elle fasse un métier sérieux. Donc elle a écouté sa famille, mais elle a toujours voulu tenter l’écriture théâtrale. Maintenant, elle a décidé qu’elle se donnait le droit de se lancer en art », raconte Annie.

Son projet porte le titre de travail Anatomie d’un produit commercial. « C’est beaucoup sur son identité racialisée : comment vivre avec ça, qu’est-ce qui lui appartient ou pas, etc. Elle a vraiment un regard très critique là-dessus, qui n’est ni victimisant, ni culpabilisant. Et sa poésie est très incisive. »

Du 12 au 18 décembre, ce sera au tour de Barbara Diabo d’être à La Montagnarde. Éminente danseuse et chorégraphe autochtone, elle sera en résidence pour son projet de danse Our medicines, honorant les médecines du monde naturel. « Elle sera beaucoup en confection des costumes pour sa nouvelle pièce », explique Annie.

Barbara Diabo initiera les jeunes du primaire aux danses autochtones contemporaines. (Photo : Sylvie-Ann Paré)

Enfin, Laura Doyle Péan sera en résidence du 19 février au 11 mars. Poète et activiste queer, iel s’intéresse au rôle de l’art dans les mouvements sociaux. « Iel travaille beaucoup avec les femmes en milieu carcéral », souligne Annie. Son recueil de poésie Toujours nous nous retrouvons se penchera sur les violences genrées dans les différentes sphères de la société.

Se ressourcer

Au coeur de la forêt laurentienne, La Montagnarde offre d’abord aux artistes en résidence un lieu unique pour créer en toute sérénité. DADA, par exemple, « n’est jamais vraiment sortie de Montréal, c’est vraiment une urbaine. Pour elle, c’est très différent de venir dans les Laurentides, à l’orée des bois. Même l’odeur est différente. » Aussi, elle vit chez ses parents, avec ses frères et ses soeurs, raconte Annie. « Il y a beaucoup de bruit ! Donc c’est lui offrir un temps de silence, de recueillement. »

La résidence permet aussi de donner leur chance à des artistes de la relève. « Parce que c’est difficile quand on est jeune. On travaille toujours les choses de façon morcelée. On doit trouver le temps. Je veux offrir un temps privilégié. Et je les accompagne. Je trouve ça fascinant d’être proche d’un cerveau qui est en train de déployer son art », confie Annie.

« L’art, c’est accepter d’être curieux, accepter la page blanche et le vertige de l’inconnu. »

-Annie Roy

Partager

Cela dit, Annie ne veut pas que la résidence artistique se limite à isoler les artistes. Au contraire, elle souhaite que les artistes redonnent à la communauté et y tissent des liens. « Comment peut-on faire résonner dans le milieu ce que tu as à dire ? », illustre-t-elle. Grâce au financement donné par la MRC des Pays-d’en-Haut, cela permet donc d’organiser des ateliers et des conférences.

Pour la deuxième partie de la résidence de DADA, cet hiver, Annie veut organiser une rencontre/présentation à la bibliothèque de Saint-Sauveur. « Bientôt, je vais publier une entrevue avec elle sur Facebook. » Barbara Diabo, quant à elle, passera par la Maison des arts de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, et donnera aussi des cours à l’école primaire de Saint-Adolphe-d’Howard. « Elle va initier les jeunes aux danses autochtones contemporaines », s’enthousiasme Annie.

Laura Doyle Péan est un.e poète et activiste queer qui s’intéresse aux violences genrées. Crédit : Capine Boily

Présenter différents artistes à différents moments de leur carrière offre également différents modèles inspirants, croit Annie. « Il y a peut-être des jeunes qui se demandent : «est-ce que je peux être artiste aussi ?» », illustre-t-elle. Avec Laura Doyle Péan, Annie souhaite organiser un atelier d’écriture dans une maison de jeunes femmes enceintes. « Ce sont des femmes qui ont besoin d’outils pour exprimer ce qu’elles vivent. L’art sert à ça aussi. Souvent, on devient artiste parce que nous-mêmes, on a besoin de ces outils-là. »

L’art peut ainsi servir à « se délivrer, se libérer », soutient Annie. « Quand tu crées, c’est pour aller vers l’autre. C’est de partir de l’intime pour aller vers l’universel. »


Pour toutes les dates des événements de La Montagnarde, suivez la page Facebook ou le site web de l’ATSA – Quand l’Art passe à l’Action.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *