La petite musique de l’humour
Par claude-andre
Le sens de l’humour
Après l’immense succès du film De père en flic, le tandem Michel Côté et Louis-José Houde revient faire rire le Québec appuyé cette fois par Benoît Brière.
Près de deux ans jour pour jour après la sortie en salle de ce qui devait devenir l’un des grands succès du cinéma d’ici avec plus de 10 M$ engrangés au box-office, Le sens de l’humour, dernière réalisation d’Émile Gaudreault, sort cette semaine.
Une paire de comiques, unis par la seule raison qu’ils ont un impresario commun, écume les salles de la province à la rencontre d’un public clairsemé. L’un donne dans l’humour «intellectuel» et second degré (Louis-José Houde) tandis que l’autre (Benoît Brière), un têteux fini, incarne à lui seul le festival du cliché.
Or, parmi les trucs de base du métier, il y a celui qui consiste, la nature humaine étant ce qu’elle est, a dégoter un zigoto dans chacun des endroits où le duo se produit pour en faire la tête de Turc de la soirée.
Si les victimes réagissent habituellement plutôt bien, les choses se corsent lorsque la paire de jokers se rend dans le magnifique village d’Anse-au-Pic au Lac Saint-Jean où ils ont la mauvaise idée d’humilier Roger Gendron (Michel Côté). Un cuisinier introverti et tueur en série qui déteste les Montréalais et n’est pas sans évoquer, de prime abord, le personnage «le ver» que Côté avait créé pour Cruising Bar.
Partant du postulat bien connu attribué à Boris Vian selon lequel «l’humour est la politesse du désespoir», le scénario écrit par le réalisateur Émile Gaudreault et son complice Benoit Pelletier repose, en grande partie, sur les ruptures de ton permanentes entre humour noir, sarcasme venimeux et violence présumée.
Aussi bon que De père en flic?
La comparaison est inévitable et la réponse est non: Le sens de l’humour n’est pas aussi convainquant que pouvait l’être son prédécesseur notamment en raison d’une trame scénaristique plutôt mince qui aurait peut-être eu intérêt à développer davantage les personnages secondaires fort attachants.
Qu’à cela ne tienne, nous demeurons éblouis devant le jeu convaincant et la métamorphose du personnage de Michel Côté. Fils tétanisé de petit dictateur (superbe Pierre Collin) qui après avoir kidnappé les deux humoristes suivra leurs conseils et se transformera en rigolo attachant.
Ce qui lui qui permettra de prendre sa revanche sur ses propres bourreaux du quotidien: les patrons du snack où il travaille incarnés par Pierrette Robitaille et Luc Senay et, surtout, son collègue Carl un ancien hockeyeur prometteur défendu par Alexandre Goyette (hélas moins convaincant que d’habitude).
Fidèle à lui-même, Benoît Brière pour sa part nous en met plein la vue tandis que Louis-José Houde défend honnêtement son personnage.
Là où il aurait pu littéralement se planter notamment en raison du mélange des genres, Le sens de l’humour, grâce à la justesse de la petite musique de l’humour dont causent d’ailleurs les personnages, demeure un divertissement honnête destiné à un large public qui nous fera rigoler de bon cœur à quelques reprises mais que nous ne revisionnerons sans doute pas à sa sortie en DVD. Moyen.