Le fabuleux destin de George Valentin

Par claude-andre

Pas d’explosions, pas de couleurs, ni même de dialogues et pourtant The Artist sera le film événement des prochaines semaines

Claude André

Il en fallait de l’audace pour, à partir d’une idée saugrenue lancée sur le plateau du succulent OSS 117: Le Caire, nid d’espions (2006), convaincre un producteur (Thomas Langmann), se rendre à Hollywood et tourner un film hommage au cinéma américain des années vingt.

Cette audace de réaliser son fantasme cinématographique le réalisateur Michel Hazanavicius l’a eue et Jean Dujardin, après une courte hésitation, a accepté de tenir le rôle principal.

En plein âge d’or du cinéma hollywoodien des années folles, le célèbre acteur George Valentin (étonnant Dujardin) voit son étoile pâlir et sombre dans la déliquescence avec l’arrivée du parlant. De son côté, Peppy Miller (énergique

Bérénice Béjo), la jeune figurante à laquelle il avait donné un coup de pouce, est propulsée au sommet de la gloire. Leur destin commun ne fait que commencer…

Si l’audace initiale de Hazanavicius, qui distille ici et là des clins d’œil à ses maîtres – dont Chaplin – pouvait sembler farfelue, elle s’avère fort heureuse puisque cette comédie romantique est non seulement promise à un bel avenir en salles nord-américaines mais pourrait bien concourir à la prochaine cérémonie des Oscars du 26 février prochain.

Et cela dans plusieurs catégories dont celle du meilleur film et du meilleur acteur. Notons que Jean Dujardin a déjà raflé la statuette du meilleur acteur au dernier Festival de Cannes alors que le film n’était pas destiné originellement à être présenté en compétition officielle.

Le charme

C’est que le charme opère dans cette histoire qui, malgré ses moments légers, porte aussi sur la résilience et l’adaptation au milieu dans un monde en perte de repères. Comme à l’époque où se déroule le film, la société d’aujourd’hui est en proie à l’instabilité économique, au chômage et à une certaine propension au jeunisme. Sans parler de l’orgueil, de l’ego et de l’arrogante vanité du succès.

Cela dit, la trame de fond du film, plutôt mince, demeure au premier degré: une histoire d’amour qui n’est pas sans évoquer les contes de fées sauf que, cette fois, c’est plutôt la belle qui vient à la rescousse du prince déchu. Bien que le tout contienne certaines longueurs, Hazanavicius est parvenu à transposer un maximum d’émotions grâce aux différents codes qu’il emploie et au jeu fortement appuyé des acteurs. La musique particulièrement efficace de Ludovic Bource (qui avait collaboré à L’impudence de Bashung) n’est pas étrangère à cette homogénéité.

Peut-être légèrement surévalué en raison de la paradoxale originalité de sa facture, L’Artiste et sa «réalité stylisée» demeurent un savoureux spectacle qui saura vous émouvoir tout en vous faisant sourire et pourra, de surcroit, plaire à toute la famille.

Bientôt à l’affiche au Pine à Ste-Adèle et au Beaubien à Montréal.

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