(Photo : Josée Pilotte)

Les portraits cachés de Julie Beauchemin

Par Marie-Catherine Goudreau

Julie Beauchemin est une artiste visuelle qui crée ses œuvres à partir de photographies souvent très simples, qu’elle transforme de manière surprenante et audacieuse. Elle réside dans les Laurentides depuis plus de 10 ans et était de passage dans notre studio cette semaine. Entrevue avec une personne singulière qui cherche la beauté autant chez les humains que dans les paysages.

Comment votre intérêt pour la photographie a commencé ?

Quand j’étais très jeune, mes parents m’ont acheté un appareil photo jetable. C’est ainsi que j’ai commencé et que j’ai découvert cet intérêt. Dans la vingtaine, je me suis de plus en plus intéressée à la photo et j’ai suivi quelques cours de débutant – c’était avec des personnes âgées, mais c’était vraiment cool ! En 2012, alors que je venais d’avoir un enfant, j’ai décidé de me lancer dans un projet de 366 photos, soit une photo par jour durant une année. Je me suis amusée à découvrir toutes sortes de techniques et c’est là que j’ai commencé à travailler davantage mes photos.

L’avant/après de chacune de vos œuvres est assez impressionnant et tellement différent : Chaque création part d’une photographie très simple, mais le résultat final est incroyable. Quel est le processus pour y arriver ?

Pour moi, la photographie est une étape de travail et non une finalité. Souvent, je vais me promener et il y a quelque chose qui va m’intéresser ou susciter mon intérêt, je vais donc prendre une photo, sans nécessaire-ment faire attention à la lumière. Ensuite, je retravaille cette photo à partir de l’élément qui m’a touchée et inspirée dans le paysage que j’ai vu.

Crédit : Julie Beauchemin

La maison semble être un élément qui vous intéresse particulièrement. Qu’est-ce qui vous inspire dans ce rapport entre l’être humain et le lieu qu’il habite ?

Souvent, je dis que je fais du portrait caché parce que pour moi la maison représente l’humain qui est à l’intérieur : c’est son inti-mité, sa solitude, sa force. Généralement, je cherche une maison autour de laquelle il y a beaucoup d’espace, qui semble petite face à un grand paysage, à l’immensité du ciel. J’aime ce rapport au plus grand que soi et c’est ce que j’essaye d’explorer à travers ces maisons. C’est un peu comme si je redessinais, recréais, tout cet espace autour de la maison à partir des éléments qui sont déjà présents,

L’être humain est au centre de vos œuvres, comment est-il représenté dans la série « Les oiseaux migrateurs » ?

Pour moi, ils représentent la quête dans la vie de chaque être humain, la direction qu’on décide de prendre, les objectifs qu’on se fixe, la foi ; les oiseaux sont un symbole de ces éléments. Contrairement à la maison qui signifie la stabilité, l’appartenance, les oiseaux migrateurs appellent aux changements et aux imprévus de la vie.

Qu’est-ce que vous souhaitez raconter à travers vos œuvres ?

J’ai beaucoup gravité dans le milieu du conte et du théâtre, qui me permettent de raconter des histoires. Je crois que la photographie me laisse faire la même chose, en plus de combler mon côté créatif. Lorsque les gens regardent mes œuvres, je veux qu’ils ressentent des émotions et se rattachent à l’histoire qui est véhiculée à travers la photo.  Souvent, les gens viennent me voir pour me dire ce qu’ils lisent sur mon œuvre, à quoi elle leur a fait penser : c’est exactement ce que je cherche à faire lorsque je crée.  Je veux que les gens me racontent l’histoire qui est sur mon œuvre, celle qui ne vient pas de mon imagination. C’est durant ces moments qu’il y a une transmission ; l’œuvre ne m’appartient plus.

Julie Beauchemin fera partie de l’exposition « Œuvres virales » dans le cadre des Journées de la culture à la bibliothèque municipale de Saint-Colomban jusqu’au 25 octobre prochain.

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